L'idée d'un palais de la Paix vient d'une discussion en 1900 entre deux diplomates, le russe Frédédric Fromhold de Martens et l'américain Andrew Dickson White, sur la nécessité d'avoir des locaux pour la Cour permanente d'arbitrage instituée par la première conférence de La Haye de 1899. White contacte à ce sujet son ami et bienfaiteur Andrew Carnegie. Carnegie n'est pas enthousiaste tout de suite, et veut se limiter à financer une bibliothèque de droit international. White le connaît bien et en 1903, Carnegie donne son accord pour une donation de 1,5 million de dollars pour la construction d'un temple de la paix hébergeant la cour d'arbitrage et la bibliothèque.
Carnegie souhaite remettre l'argent directement à la reine Wilhelmine des Pays-Bas mais la loi néerlandaise ne le permettait pas. Il est alors créé en , la fondation Carnegie dédiée « à la construction, la gestion et l'entretien d'un tribunal et d'une bibliothèque à l'attention de la cour permanente d'arbitrage ». Cette fondation est toujours responsable de la gestion et l'entretien du palais de la paix.
Le site choisi appartient au XIXe siècle en partie à des familles d’aristocrates, ainsi qu'à la Maison royale. Deux siècles auparavant, il est la propriété du poète et politicien Jacob Cats, qui est grand-pensionnaire de Hollande et y fait bâtir la Catshuis, actuelle résidence officielle du Premier ministre qui se trouve à environ 750 mètres du palais. Les souverains néerlandais y disposaient également d'un petit palais d’été, le palais de Rustenburg, qui fut la dernière demeure de la grande-duchesse Anna Paulowna (1795-1865), veuve du roi Guillaume II qui s'y retira après la mort de son époux en 1849. Lors de la construction du palais de la Paix, le palais de Rustenburg servit de bureau de construction avant d'être démoli lors de l’aménagement des jardins[1].
Construction
Le bâtiment fait l'objet d'un concours international, gagné par l'architecte français Louis Marie Cordonnier avec un projet de style néo-Renaissance. Pour ne pas dépasser le budget, quelques modifications sont nécessaires et sont faites par Cordonnier et son associé néerlandais, Ad van der Steur. Le palais, prévu avec deux grands clochers et deux plus petites tours derrière, n'aura qu'un seul clocher et une petite tour sur la façade du palais ; et la bibliothèque, au lieu d'être un bâtiment annexe, sera intégrée au palais.
Les jardins du palais sont l'œuvre de l'architecte paysagiste Thomas Hayton Mawson(en), qui, pour les mêmes raisons budgétaires, doit réaménager son projet et retirer quelques fontaines. La première pierre est posée en 1907, à l'occasion de la seconde conférence de La Haye. La construction commence quelque temps plus tard et est achevée le . Le palais est inauguré officiellement par la reine Wilhelmine des Pays-Bas et, entre autres, Andrew Carnegie. En 1914, le peintre français Albert Besnard réalise un décor intitulé La Paix par l'arbitrage.
Au palais, se trouvent les cadeaux faits par les partenaires de la conférence de La Haye en gage de soutien. Parmi ces présents, on trouve un vase en jaspe de 3 200 kilos, offert par la Russie, des portes en fer et cuivre de Belgique, du marbre d'Italie, une fontaine du Danemark, des tapisseries du Japon, la pendule du clocher de Suisse et du bois d'Indonésie et des États-Unis.
Galerie non exhaustive des œuvres d'art, dans le palais de la Paix
Sur la place, devant le palais se déroulent régulièrement des manifestations liées à des conflits territoriaux ou de droit international. En 1999, une flamme éternelle, la « flamme de La Haye », est installée à proximité de l'entrée.
La Cour permanente internationale de justice, 1922 à 1946, en 1922, cette organisation de la Société des Nations prend son siège dans le bâtiment. La bibliothèque doit déménager vers une dépendance. Cette cour sera remplacée par la suivante.