Le palais est rénové de 1487 à 1492 par un disciple de Pietro Lombardo pour le patricien Giovanni Dario, secrétaire du Sénat vénitien, diplomate et marchand[2], qui vient de négocier une paix honorable avec le sultan Bajazet II[3]. Après sa mort en 1494, il est transmis à sa fille, Marietta, qui est mariée à Vincenzo Barbaro, le fils de Giacomo Barbaro et propriétaire du palais Barbaro Wolkoff voisin[4],[5]. Les fils de Marietta prennent possession de la maison en 1522. Le Sénat le louait auparavant à l'occasion comme résidence pour des diplomates turcs[6].
Le côté terre du Palazzo Dario s'élève sur une petite place ombragée d'arbres, le Campiello Barbaro, nommé en l'honneur de la famille patricienne Barbaro qui y vivait[7]. Le critique d'art anglais John Ruskin a été particulièrement séduit par ce palais et a écrit sur les oculi gothiques incrustés de marbre du palais. Les traitements d'angle du palais ressemblent à ceux trouvés au Palazzo Priuli a San Severo. La façade arrière du palais sur le Campiello Barbaro présente des arcs gothiques du cinquième ordre[1].
Un grand projet de rénovation a été entrepris à la fin du XIXe siècle, lorsque le palais appartenait à la comtesse de La Baume-Pluvinel, une aristocrate française qui écrivait sous le nom de « Laurent Évrard ». Très liée à Augustine Bulteau[8], elle s'entoura de créateurs français et vénitiens, dont Yvonne Vernon ou Henri de Régnier qui est commémoré par une inscription sur le mur du jardin disant « In questa casa antica dei Dario, Henri de Regnier - poeta di Francia - venezianamente visse e scrisse — anni 1899 e 1901 »[9]. La comtesse est à l'origine de l'escalier, des cheminées extérieures, des poêles en majolique et des fines sculptures (qui rappellent vaguement la Scuola Grande de San Rocco) dans la salle à manger du deuxième étage noble, donnant sur le jardin, ainsi que du remplacement du marbre de la façade.
L'écrivain Gabriele D'Annunzio décrivait la Ca'Dario « inclinée comme une courtisane décrépite sous la pompe de ses bijoux »[9].
Le bâtiment est aujourd'hui privé et n'est normalement pas ouvert au public. Cependant, un accord entre le propriétaire actuel et la collection Peggy-Guggenheim le rend accessible pour des expositions d'art temporaires[12].
↑Tiepolo, MF. 2002. "I Greci nella Cancelleria veneziana: Giovanni Dario", I Greci à Venezia: Atti del convegno internazionale di studio, 5–7 November 1998. Venice. p. 257-314.
↑Jean-Michel Brèque, Venise, Paris, Presses universitaires de France, , 435 p. (ISBN978-2-13-059061-3)
↑Mehmed the Conqueror and His Time, p. 370, Franz Babinger, Translated by Ralph Manheim, 1978, Princeton University Press
↑Marino Sanudo, in Diarii, XX:543, 540, for August 1515; XXII: 455, for August 1516; and XXIII:361 for December 1515.
↑Boulton, Susie & Catling, Christopher, "Campiello Barbaro" in Venice & the Veneto, (Dorling Kindersley, London 2001) p. 135 (ISBN1-56458-861-0)
↑Bruno Neveu, « Mgr Duchesne et Madame Bulteau : une amitié (1902-1922) », in: Publications de École française de Rome, no 23, Rome, École française de Rome, 1975, pp. 271-303 – en ligne sur Persée.
Maria Francesca Tiepolo, "I Greci nella Cancelleria veneziana: Giovanni Dario", I Greci a Venezia: Atti del convegno internazionale di studio, 5-. Venise. 257-314, 2002.