Péniche

Péniche sur la Sambre à Namur, Belgique.

Une péniche est un type de bateau de transport fluvial, adapté au gabarit Freycinet, pour le transport de marchandises, sèches ou humides, stockées dans une cale non spécialisée, accessible et couverte par des panneaux coulissants ou amovibles (les panneaux d'écoutilles). À l'origine la coque construite en bois et halée ou tractée, a évolué vers la construction métallique d'abord rivetée puis soudée avec la motorisation embarquée.

Dans le petit monde de la batellerie et du transport fluvial, on préfère au terme « péniche » le mot plus générique : bateau. La distinction se fait ensuite entre pousseur, barge et automoteur selon la motorisation et le rôle du bateau. Le terme péniche, apparu à l'origine (1804) pour désigner une petite barge[1] ou l'annexe d'un bateau militaire, et répandu dans la batellerie à l'époque des bateaux halés, ne s'applique dans le grand public aux automoteurs que par un contresens.

Le terme péniche ne désigne pas spécifiquement un bateau à fond plat : tous les bateaux automoteurs modernes en acier sont à fond plat, si l'on considère leur fond au sens strict. Le fait d'avoir des bouchains ronds n'est pas non plus une distinction entre bateaux fluviaux et bateaux de mer : les péniches du XIXe et début du XXe siècle avaient souvent des bouchains ronds. Sur tout bateau en acier, la présence d'une quille ne s'impose plus pour des nécessités de construction (alors qu'elle était un élément essentiel de la structure des bateaux en bois) pas plus que celle d'une étrave ou d'un étambot, qui n'ont longtemps demeuré que par habitude ou tradition (l'étrave ou l'étambot d'un bateau moderne sont des "zones" mal délimitées tandis que celles d'un bateau en bois étaient des pièces bien précises). Quant au rôle de stabilisateur de la quille, il n'existe que sur les bateaux à voile. Pour compenser l'effort latéral du vent sur la voilure, une importante surface immergée est nécessaire. Sur un automoteur, qui n'est pas soumis à cette force, un fond plat tient aussi bien la gîte qu'un fond rond, ce qu'il est facile de vérifier dans une baignoire avec un bol et une gamelle à fond plat.

Historique

Depuis le Moyen Âge

Depuis la fin du Moyen Âge, des bateaux de différents types selon les rivières, ancêtres des péniches, furent construits pour exploiter les chemins d'eau qu'étaient les rivières « calmes » et les canaux construits en premier lieu pour assécher les marais et joindre deux rivières entre elles (canal de Briare, 1642). De formes simples, portant des tonnages déjà intéressants (en comparaison avec la voie terrestre) en dépit de leur faible enfoncement, grâce à la poussée d'Archimède, ces bateaux permirent l'expansion économique de certaines zones grâce à la possibilité de faire voyager sans heurt et à moindre coût diverses denrées que l'absence de routes carrossables contraignait à ne satisfaire qu'un marché local. Ils pouvaient être de construction assez sommaire, ne devant faire qu'un voyage pour être détruits à l'arrivée et leur bois revendu comme bois de chauffe ou d'œuvre. Ces bateaux se nommaient, suivant leur origine et leur architecture, « marnois » (haute Seine, Marne, Yonne…), « gabare » (Charente, Dordogne, Sèvre), « chaland » (Loire) et son évolution le « gabarot » (Mayenne), « sisselande » (Saône et Rhône), « courpet » (Dordogne), « chalibardon » (Adour), « sapine » (Loire et Allier), etc. (La liste complète est quasiment impossible à dresser, même sur la France seule).

L'appellation « péniche » est impropre pour désigner ces bateaux. Le mot viendrait de « pinasse » (bateau fabriqué en pin) qui aurait transité par l'Angleterre en devenant alors « pinace » dont la prononciation aurait donné « péniche ». Le conditionnel est de rigueur.

Gabarits Becquey et Freycinet

Divers gabarits furent expérimentés en fonction des écluses équipant les canaux construits jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les plus standardisés furent alors le gabarit « Becquey » (1822. Écluses de 30,40 × 5,20 m, mouillage 1,60 m, hauteur libre 3 m), supplanté en 1879 par le gabarit Freycinet déterminé par les dimensions de la péniche dite « flamande » ou « spits » : écluses de 39,50 × 5,20 m, mouillage 2,20 m, hauteur libre 3,70 m adoptées et imposées par la réforme Freycinet de 1879

La péniche traditionnelle la plus courante, en bois et dite ainsi gabarit Freycinet, mesure 38,50 m de long sur 5,05 m de large. Selon son origine et sa morphologie, elle peut être une « bélandre », un « alsacien », un « spits » ou une « flamande ».

Il existait et il existe toujours des ports fluviaux adaptés, voir Port Longuet.

Terme galvaudé

Pour les puristes, seul mérite le nom de « péniche » ce dernier type de bateau au gabarit Freycinet. On remarquera d'ailleurs que le mot « péniche » n'est pas employé par les mariniers qui disent « un bateau », « un trente-huit mètres » ou « un automoteur. » Autrefois, du temps où tous les bateaux n'étaient pas motorisés, on distinguait les « tractés » ou « tractions », qui étaient encore halés, et les « moteurs ».

Si l'emploi du mot péniche peut être toléré pour des bateaux de type tjalk, luxmotor, aak (qui furent et sont encore pour certains des bateaux de transport hollandais) ou automoteur de rivière, il ne saurait être question de l'appliquer aux petits bateaux de plaisance, dont l'appellation officielle est « coche de plaisance » : les différences entre ces deux types d'embarcations sont comparables à celle existant entre, par exemple, un semi-remorque et un camping-car. Dans le doute, le terme « bateau » reste celui qui est le plus approprié. Le terme « péniche » est impropre pour désigner par défaut un bateau de transport fluvial.

Durant les guerres

Lors de la Première Guerre mondiale, l'armée française a fait construire des canonnières fluviales et aménager des « péniches-canons » armées d'un canon de marine de 138 ou 165 mm[2],[3] ; elle a aussi procédé à l'aménagement de péniches hôpitaux.

Modes de traction

Traction animale et humaine

Avant d'être motorisées, les péniches étaient tractées le long des chemins dits de halage par des hommes qui tiraient à deux ou trois à l'aide d'un harnais appelé « bricole », avant que, le gabarit et par conséquent le tonnage augmentant, il fut nécessaire de confier ce travail à des animaux (chevaux, ânes ou mulets), et dans certaines régions du sud de la France, des bœufs. Sur les petits canaux, comme celui de Berry, par exemple, il n'était pas rare que le marinier tire son « berrichon » (60 tonnes de fret) en même temps que l'âne ou le mulet alors que sa femme était au(x) timon(s).

Par comparaison, un homme seul peut déplacer une péniche avec un chargement, soit 300 tonnes à la vitesse de 700 à 800 mètres à l’heure, un attelage de deux chevaux peut déplacer une péniche du même poids à 2 kilomètres à l’heure.

Motorisation

Toueur à Charenton-le-Pont, carte postale de 1908.

Des remorqueurs à roues à aubes ou à hélice font leur apparition fin XIXe. Mais à cause de l’encombrement de la machine à vapeur, ce type de bateau restera d’un usage limité aux services de messageries et ne peut lutter contre la concurrence de la batellerie halée.

Juste avant la 1re guerre mondiale des péniches sont motorisées. Certaines sont propulsées par des machines à vapeur ou électriques, et aussi au gazogène et gazole. Plusieurs ingénieurs se mettent en quête de fabriquer des dispositifs pour accélérer la vitesse des bateaux et les rendre plus maniables et autonomes.

Un ingénieur français, Francois Clément Béletre qui hérita comme son aïeul du ‘Chantier Béletre’, un atelier de fabrication de péniches établi au Veurdre (Allier) met au point le ‘gouvernail propulseur Béletre’ motorisé, dont le brevet est déposé le 17/7/1914 et testé en 1920. En juin 1919, il explique dans le journal "la machine moderne" qu'en prenant l'hypothèse que s'il reste en France 10 000 bateaux susceptibles de recevoir son système, on obtiendrait un tonnage fluvial de 3 millions de tonnes, et que son dispositif permettrait une vitesse commerciale trois fois plus grande que celle obtenue avec la traction animale. Son remarquable gouvernail propulseur est exposé au musée de la batellerie et des voies navigables de Conflans-Sainte-Honorine.

Dans le nord de la France, au début du XXe siècle, des halages furent faits par des locotracteurs électriques, circulant sur pneus puis sur rails, dans les zones à fort trafic pour augmenter le rendement de la voie d'eau. Dans le centre de la France, des tracteurs sur pneus de marque Latil travaillèrent à haler les bateaux des années 1930 jusqu'à la fin des années 1960, remplaçant les chevaux. Leur usage restera cependant limité.

Dans les passages délicats (tunnels) ou la navigation sur la Seine et le Rhône, les péniches assemblées en convois étaient remorquées par des bateaux motorisés (vapeur puis électrique) d'un type spécial, les toueurs, qui se halaient eux-mêmes, au moyen de deux cabestans horizontaux qui enroulaient la chaîne à bord, elle-même immergée dont les extrémités sont fixées à terre. Il existe encore deux toueurs en activité à Riqueval sur le canal de Saint-Quentin et l'autre à Mauvages sur le canal de la Marne au Rhin. Sur le canal de l'Aisne à l'Oise, le souterrain de Braye-en-Laonois était équipé de rails aériens. Un engin dénommé « Zinzin » tractait les bateaux pour la traversée. Le souterrain est aujourd'hui aménagé de puissants extracteurs pour les fumées ce qui permet la traversée libre pour les Automoteurs.

De bateaux remorqueurs à vapeur, puis à moteur diesel font leur apparition sur les grandes voies navigables. Les plus puissants peuvent tirer un « train » de 2 à 10 péniches. Des compagnies spécialisées voient le jour dans ce domaine : Société Générale de Navigation Fluviale, Compagnie Fluviale des Transports et Remorquages, Compagnie de Navigation Le Havre-Paris-Lyon-Marseille, Union Normande, Compagnie pour la Navigation du Rhin, etc.

Dès les années 1930, les péniches motorisées se généralisent et sont souvent mues par un moteur diesel.

1950 voit l’émergence de la technique du poussage qui va se substituer au remorquage. Le bateau « pousseur » propulse devant lui une, voire plusieurs barges longues et plates, assemblées de manière rigide, constituant un unique bateau.

Plus tardivement (fin du XXe siècle) en Seine, sur le Rhône et l'Oise de puissants pousseurs peuvent déplacer des convois de barges, remplaçant les remorqueurs qui avaient succédé aux toueurs. La technique fut importée des États-Unis. Le premier pousseur en France appartenait aux établissements Lambert pour alimenter la cimenterie de Cormeilles-en-Parisis : son « Poussah » est utilisé en 1955.

En 1960, on motorise les bateaux neufs et on remplace ou on installe un ou des moteurs puissants sur des péniches plus anciennes : les marins « boostent » leurs embarcation pour diminuer leur délais de livraison et augmenter leur productivité. C'est à cette époque que la société Berliet se positionne parmi les principaux fournisseurs de moteurs diesel spécifiquement dédié aux bateaux.

Types

« Freycinet » en bois ou en fer

Selon l'enfoncement possible dans l'eau (canal ou fleuve), une péniche « Freycinet » peut porter de 250 à 350 tonnes de fret (elle-même pèse aux alentours de 50 tonnes). Compte tenu de la longueur des voyages et de l'habitabilité du bateau, l'équipage vit en général à bord, souvent en famille dans le logement du batelier.

Bateaux automoteurs en fer

Les dernières péniches en bois ou en fer ont disparu après la Seconde Guerre mondiale, remplacées par des bateaux automoteurs en fer, de mêmes dimensions. Ces derniers sont parfois appelés eux aussi « péniches », mais de manière abusive dès qu'elles sont motorisées.

La motorisation a d'abord été peu puissante. Les premiers moteurs (souvent de marque Bolinder, monocylindres, puis plus tard Baudouin) ne développaient que 20 à 90 ch. Les plus récents bateaux sont équipés de moteurs développant une puissance de 200 à 450 ch, leur permettant de pousser une barge devant eux. À l'enfoncement maximum du gabarit actuel, un ensemble Automoteur + Barge peut alors emporter près de 700 tonnes.

Le contrôle du fret se fait en mesurant six points d'enfoncement autour du bateau (les échelles), d'abord à charge, puis à vide ainsi que, en même temps, le niveau de l'eau résiduelle dans les pics (locaux à l'avant et à l'arrière, pouvant servir de réservoir à ballast) et en reportant les mesures sur un diagramme de jauge (le certificat de jaugeage) qui donne le tonnage avec une précision satisfaisante.

À noter que, pour ne pas pénaliser le tirant d'eau, l'hélice se situe au-dessus du niveau du fond du bateau. Pour avancer lège (à vide), il est donc nécessaire, pour éviter la cavitation ou la ventilation de l'hélice, de ballaster partiellement sur l'arrière afin que l'hélice soit dans l'eau. Des dispositifs anti-cavitation ont bien été inventés, mais la manœuvrabilité (surtout en marche arrière) est alors diminuée.

Bateaux de grand gabarit

Les grands bateaux naviguant sur les voies navigables principalement d'Europe centrale, du nord, de l'est et du sud-est (les fleuves ou rivières Rhin, Main, Danube etc. et les nombreux canaux à grand gabarit) mesurent actuellement entre 60 et 135 mètres de long pour une largeur de 8 à 15 mètres et un enfoncement de 3,50 mètres. Pourvus d'un moteur d'environ 1 000 à 2 000 ch, ils peuvent emmener 1 350 à 4 000 tonnes de fret. Équipés de radars, d'équipements de navigation de nuit, ils peuvent évoluer sans arrêt, en fonction de leur équipage, et couvrir ainsi des distances importantes dans des délais relativement courts. Le rapport carburant/fret/distances est alors imbattable. Le terme automoteur de rivière est le plus usité pour désigner ce type de bateau.

Usages spéciaux

Galerie

Notes et références

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Michel-Paul Simon, Habiter une péniche, Editions de l'Ecluse, 2006.
  • Bernard Le Sueur, Mariniers histoire et mémoire de la batellerie artisanale T1, Douarnenez, Chasse Marée, , 224 p. (ISBN 9782914208512)
  • Bernard Le Sueur, Mariniers histoire et mémoire de la batellerie artisanale T2, Douarnenez, Chasse Marée, , 191 p. (ISBN 9782914208550)
  • Michel-Paul Simon, Les péniches de chez nous, Éd. MDM, 1998.

Articles connexes

Liens externes

Read other articles:

Angkatan Udara Kerajaan Norwegia ( bahasa Inggris: Royal Norwegian Air Force, RNoAF), (Norwegian: Luftforsvaret) adalah Angkatan Udara dari Kerajaan Norwegia . Angkatan Udara Kerajaan Norwegia ini didirikan sebagai cabang terpisah dari angkatan bersenjata Norwegia pada tanggal 10 November 1944. Pasukan penjaga perdamaian RNoAF terdiri dari sekitar 1.430 karyawan (manajer, staf yang terlibat dan warga sipil). 600 anggota juga berfungsi sebagai cadangan. Dalam kasus mobilisasi, RNoAF adalah kem...

 

artikel ini perlu dirapikan agar memenuhi standar Wikipedia. Tidak ada alasan yang diberikan. Silakan kembangkan artikel ini semampu Anda. Merapikan artikel dapat dilakukan dengan wikifikasi atau membagi artikel ke paragraf-paragraf. Jika sudah dirapikan, silakan hapus templat ini. (Pelajari cara dan kapan saatnya untuk menghapus pesan templat ini) Bikeru merupakan kawasan yang meliputi Kelurahan Sangiasseri dan pemekarannya, yakni Desa Alenangka, Gereccing dan sekitarnya di Kecamatan Sinjai ...

 

Stasiun Komagane駒ヶ根駅Sttasiun Komagane Station, 2011Lokasi1-1 Higashimachi, Komagane-shi, Nagano-ken 399-4106 JepangKoordinat35°44′10″N 137°56′13″E / 35.7361°N 137.9370°E / 35.7361; 137.9370Koordinat: 35°44′10″N 137°56′13″E / 35.7361°N 137.9370°E / 35.7361; 137.9370Ketinggian674 meters[1]Operator JR CentralJalur Jalur IidaLetak165.6 km dari ToyohashiJumlah peron1 sisi + 1 peron pulauInformasi lainStatu...

1994 studio album by Juan Luis GuerraFogaraté!Studio album by Juan Luis GuerraReleasedJuly 19, 1994Recorded 1993–94 440 Studio (New York, New York) GenreMerengue, bachataLength46:06LabelKAREN RecordsJuan Luis Guerra chronology Areito(1992) Fogaraté!(1994) Grandes Éxitos Juan Luis Guerra y 440(1995) Singles from Fogaraté! La CosquillitaReleased: June 21, 1994 ViviréReleased: May 30, 1994 El Beso de la CiguateraReleased: January 23, 1995 Fogaraté! is the seventh album of the fam...

 

Marne (51) Informasi Region: Champagne-Ardenne Prefektur: Châlons-en-Champagne Subprefektur: ÉpernayReimsSainte-MenehouldVitry-le-François Penduduk - Jumlah (1999) - Kepadatan 565 229 jiwa69 jiwa/km² Wilayah 8 162 km² Arondissement5 Kanton 44 Kotamadya 619 PresidenDewan Jenderal René-Paul Savary Lokasi Marne adalah salah satu departemen di region Champagne Ardenne, Prancis. Luasnya 8 162 km² dan penduduknya 565 229 jiwa. Ibu kotanya Châlons-en-...

 

This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Bishop McNamara High School Kankakee, Illinois – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2021) (Learn how and when to remove this template message)Private, parochial, coeducational school in Kankakee, Illinois, United StatesBishop McNamaraCath...

Tank Tipe 3 Chi-Nu Negara asal Kekaisaran Jepang Sejarah produksi Tahun 1943 Diproduksi 1944–1945 Jumlah produksi 144 hingga 166[1][2] Spesifikasi Berat 19 ton[3] Panjang 5,64 m (18 ft 6 in) Lebar 2,41 m (7 ft 11 in) Tinggi 2,68 m (8 ft 10 in) Awak 5 Perisai 20–50 mm[4] Senjatautama Meriam tank 75 mm Tipe 3 (L/38)[4](Penetrasi perisai: 90 mm pada 100 m, 65 mm pada 1,000 m) Senjatapelengkap 1 x ...

 

† Человек прямоходящий Научная классификация Домен:ЭукариотыЦарство:ЖивотныеПодцарство:ЭуметазоиБез ранга:Двусторонне-симметричныеБез ранга:ВторичноротыеТип:ХордовыеПодтип:ПозвоночныеИнфратип:ЧелюстноротыеНадкласс:ЧетвероногиеКлада:АмниотыКлада:Синапсиды�...

 

Native American tribe in North Carolina This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Lumbee – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (December 2013...

У этого термина существуют и другие значения, см. Чайки (значения). Чайки Доминиканская чайкаЗападная чайкаКалифорнийская чайкаМорская чайка Научная классификация Домен:ЭукариотыЦарство:ЖивотныеПодцарство:ЭуметазоиБез ранга:Двусторонне-симметричныеБез ранга:Вторич...

 

この項目には、一部のコンピュータや閲覧ソフトで表示できない文字が含まれています(詳細)。 数字の大字(だいじ)は、漢数字の一種。通常用いる単純な字形の漢数字(小字)の代わりに同じ音の別の漢字を用いるものである。 概要 壱万円日本銀行券(「壱」が大字) 弐千円日本銀行券(「弐」が大字) 漢数字には「一」「二」「三」と続く小字と、「壱」「�...

 

مجتمع الشعراء الأمواتDead Poets Society (بالإنجليزية) معلومات عامةالصنف الفني قصة تقدم في العمر — فيلم دراما[1][2][3] — فيلم مراهقة[4][5] تاريخ الصدور 1989مدة العرض 128 دقيقةاللغة الأصلية الإنجليزيةالبلد  الولايات المتحدةموقع التصوير ديلاوير الجوائز  القائمة .....

Emil Theodor KocherEmil Theodor Kocher (diatas) dan Tanda Tangan (dibawah)Lahir25 Agustus 1841Bern, SwissMeninggal27 Juli 1917(1917-07-27) (umur 75)Dikenal atasPengembang bedah TiroidProfesiahli bedahInstitusiUniversitas BernPenghargaanPenghargaan Nobel dalam Fisiologi atau Kedokteran (1909) Emil Theodor Kocher ialah dokter bedah Swiss yang memenangkan Penghargaan Nobel Fisiologi atau Kedokteran 1909 untuk pekerjaannya pada kelenjar tiroid. Setelah memenuhi syarat dalam obat-obatan di U...

 

This article is about the discipline within the field of international relations. For the study of security management, see security management studies. For the journal, see Security Studies (journal). See also: National security and International security The United Nations Security Council Chamber in New York, also known as the Norwegian Room Security studies, also known as international security studies, is an academic sub-field within the wider discipline of international relations that s...

 

Sporting event delegationGermany at the1936 Summer OlympicsIOC codeGERNOCGerman Olympic Sports ConfederationWebsitewww.dosb.de (in German, English, and French)in Berlin1–16 August 1936Competitors433 (389 men and 44 women) in 22 sportsFlag bearerHans FritschMedalsRanked 1st Gold 38 Silver 31 Bronze 32 Total 101 Summer Olympics appearances (overview)189619001904190819121920–1924192819321936194819521956–1988199219962000200420082012201620202024Other related appearances1906 Interc...

القديسغريغوريوس المستنير (بالأرمنية: Գրիգոր Լուսավորիչ)‏  لوحة فسيفسائية للقديس غريغوريوس في كنيسة باماكاريستوس (جامع الفاتحية حاليًا)، إسطنبول معلومات شخصية الميلاد سنة 252   أرمينيا  تاريخ الوفاة سنة 329 (76–77 سنة)[1]  [2]   تولى المنصب302  الحياة العم...

 

جون بيريمان (بالإنجليزية: John Berryman)‏  معلومات شخصية اسم الولادة (بالإنجليزية: John Allyn Smith, Jr.)‏[1]  الميلاد 25 أكتوبر 1914 [2][3][4][5]  ماكالستر[1]  الوفاة 7 يناير 1972 (57 سنة) [2][3][4][5]  مينيابوليس  سبب الوفاة غرق  مواطنة الولايات ال...

 

Golfing at Tramore in County Waterford (c.1907) Golf in Ireland dates to at least the mid-19th century, with the Royal Curragh Golf Club (the first golf club in Ireland) being founded in 1858.[1] The two oldest governing bodies in world golf, the Golfing Union of Ireland (GUI) and the Irish Ladies Golf Union (ILGU), were formed in 1891 and 1893 respectively.[2][3] By 2008, the GUI had 166,419 members and the ILGU had 49,822 members, making them the third and seventh l...

American politician This article includes a list of references, related reading, or external links, but its sources remain unclear because it lacks inline citations. Please help improve this article by introducing more precise citations. (March 2013) (Learn how and when to remove this message) Stanley H. KunzMember of the U.S. House of Representativesfrom Illinois's 8th districtIn officeApril 5, 1932 – March 3, 1933Preceded byPeter C. GranataSucceeded byLeo Kocialkowski...

 

Concept describing a widespread, interconnected digital technology For other uses, see Cyberspace (disambiguation). Not to be confused with Cyberchase. Part of a series onCyborgs Cyborgology Bionics Biomimicry Biomedical engineering Brain–computer interface Cybernetics Distributed cognition Genetic engineering Human ecosystem Human enhancement Intelligence amplification Whole brain emulation Theory Cyborg anthropology Centers Cyberpunk Cyberspace Politics Cognitive liberty Extropianism Morp...