L'histoire a lieu peu de temps après la mort d'Alexandre le Grand, ce dernier laissant derrière lui un empire immense s'étendant de la Macédoine à la Perse, jusqu'à l'océan Indien. Parmi ses anciens généraux, Antigone le Borgne et Cassandre se battent avidement pour contrôler cet empire sans chef et désormais morcelé.
La vie d'Alexandre le Grand a été très vite glorifiée et transformée en récit quasi-mythologique sous forme d'hagiographies romancées. S'est ainsi répandue la croyance populaire qu'il était un humain choisi des dieux afin de briller par ses exploits héroïques.
Bien qu'il soit presque certain qu'Alexandre soit mort de fièvres, probablement due au paludisme[2],[3], ou à un train de vie trop excessif[4], la théorie selon laquelle il aurait été assassiné par poison fut longtemps et largement répandue[5]. A ce sujet le Roman d'Alexandre évoque la possibilité de l'empoisonnement par l'un de ses valets, ce qui a probablement conforté Voltaire puis Dieulafoy et Brifaut dans la thèse de l’assassinat. Antipater, le père de Cassandre, a longtemps été le principal suspect du possible assassinat, de même que son fils s'est montré hostile envers la mémoire d'Alexandre
Un livret inspiré par Voltaire
Le livret de Dieulafoy et Brifaut, comme la pièce de Voltaire s'inspire de personnages historiques : Alexandre, ses deux épouses Roxane et Stateira, ses généraux (Antigone et Cassandre ayant réellement existé). La trame de la pièce originelle est également respectée : la seconde femme et désormais veuve d'Alexandre Stateira est supposée morte, assassinée par Roxane (première femme de l'empereur). Elle survit pourtant incognito en se faisant passer pour une prêtresse de Diane à Ephèse.
Seul le personnage d'Olympie, fille d'Alexandre et Stateira est supposé n'avoir jamais réellement existé, bien qu'il soit repris aussi bien par Voltaire que par Dieulafoy et Brifaut.
Composition et révisions
Spontini débute la composition en 1812. C'est sa troisième œuvre conséquente en trois actes pour l'Opéra de Paris. Il y mélange un sens de l'exactitude dans la psychologie des personnages, que l'on retrouve dans son précédent opéra La Vestale, à une certaine massivité vocale, elle présente dans son Fernand Cortez, ou La conquête du Mexique[6]. Dans sa conception grandiose, Olympie se pose comme pendant musical à l’architecture néo-classique[6].
La première à Paris en 1819 suscita des réactions mitigées, ce qui mena Spontini à retirer son opéra des programmations après sa septième représentation (le ). En effet la première représentation rapporta 7,836 francs, mais les recettes chutèrent continuellement au fil des représentations. Ainsi la septième représentation ne rapporta elle que 2,135 francs[7]. Ce succès en demi-teinte amena Spontini à une première révision, notamment de la fin de l'opéra, le compositeur préférant finalement une fin moins tragique[6].
Ce séjour berlinois fut porteur de succès et donna un second souffle à l'œuvre[6] : 78 représentations dans la ville, mais également à Dresde (avec des ajouts de Carl Maria von Weber), Cassel, Cologne et Darmstadt[8].
La production d'Olympie requiert un très grand orchestre comprenant des ophicléides, alors utilisées pour la première fois[9]. Le final de la version berlinoise comprend une mise en scène et des effets spectaculaires, incluant notamment une scène où Cassandre est à dos d'éléphant[10].
Spontini fit une seconde révision d'Olympie, tout en conservant le dénouement heureux de la première, pour une représentation à l'Opéra Le Peletier le [11]. Le ténorAdolphe Nourrit remplace son père Louis pour le rôle de Cassandre[12] dans une seconde version comportant également une aria composée par Weber. Malgré ces modifications et ajouts, l'opéra peina encore a attirer l'intérêt du public français, ce dernier jugeant que le livret, désuet, ne pouvait rivaliser avec les opéras de Rossini[6].
L'opéra continua tout de même d'être joué, sous forme de concert à Rome le , et plus récemment à Florence en 1930, à La Scala de Milan en 1966 (représentation qui a bénéficié d'un enregistrement audio) et au festival de Pérouse en 1979.
Antigone, roi d'Asie; et Cassandre, roi de Macédoine, ont été impliqués dans l'assassinat d'Alexandre. Ils se sont également fait la guerre, mais sont désormais prêts à se réconcilier. Apparaît cependant une nouvelle menace à la paix. Il s'agit d'une esclave, Aménais, dont les deux rois sont amoureux. Aménais est en réalité Olympie, la fille d'Alexandre le Grand, déguisée.
Stateira, la veuve d'Alexandre et mère d'Olympie, s'est elle déguisée pour prendre l'apparence d'une prêtresse. Elle perce à jour le projet de mariage entre Olympie et Cassandre, et accuse ce dernier de l’assassinat de son défunt époux Alexandre.
Acte II
Stateira et Olympie révèlent leurs véritables identités l'une à l'autre, ainsi qu'à Cassandre. Olympie défend Cassandre contre les accusations de Stateira, affirmant qu'il lui a déjà sauvé la vie. Stateira en doute et a toujours l’intention de se venger avec l'aide d'Antigone et son armée.
Acte III et différences entre les versions
Olympie est partagée entre son amour pour Cassandre et sa loyauté envers sa mère. Pendant ce temps les troupes de Cassandre et d'Antigone s'affrontent, et Antigone reçoit un coup mortel au cours de la bataille. Il confesse avant de mourir qu'il est le seul responsable de la mort d'Alexandre. Cassandre n'y est donc pour rien, est désormais libre de se marier avec Olympie.
Dans la version originale donnée à Paris en 1919, Cassandre est l'assassin d'Alexandre. Après sa victoire, Stateira et Olympie se suicident, et sont appelées vers l'au-delà par l'esprit d'Alexandre.
Dans le drame de Voltaire, Olympie est mariée à Antigone et se jette dans un feu en confessant son amour envers Cassandre.
↑Ralph Thomas Dudgeon, The keyed bugle (second edition), Lanham MD, Scarecrow Press, 2004, page (not numbered): Keyed Brass Chronology; Adam Carse, The History of Orchestration, New York, Dover, 1964, p. 239