Le téléfilm, à travers le destin croisé de plusieurs personnes, retrace les évènements qui ont mené au massacre du 17 octobre 1961 à Paris, où plusieurs dizaines de Nord-Africains furent tués par la police lors d'une manifestation pacifique en faveur de l'indépendance de l'Algérie et contre le couvre-feu auquel ils étaient astreints.
Le , 30 000 Algériens gagnent le centre de Paris pour une manifestation pacifique, à l'appel du FLN, en opposition au couvre-feu imposé par le gouvernement. Dans la soirée, 11 000 personnes sont arrêtées. Dans les jours qui suivent, on repêche des cadavres dans la Seine, et jamais on ne saura combien d'Algériens ont disparu cette nuit-là.
Il croise les destins de personnages qui ont, chacun, une vue partiale et partielle de la situation : Sabine, journaliste, qui dira à son amie Nathalie « ce n'est pas ma guerre » ; Nathalie, porteuse de valises pour le FLN ; Martin, jeune flic sans engagement politique ; Tierce, policier syndicaliste ; Tarek, ouvrier de nuit non militant ; son neveu, Abde, qui suit des cours du soir ; Ali Saïd, cadre du FLN ; Maurice, coordinateur de la Fédération de France du FLN. À ces personnages s'ajoute une figure historique : le préfet de police de Paris, Maurice Papon.
Fiche technique
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En 2003[7],[8], lorsque Fabrice de La Patellière, directeur de la fiction de Canal+, avec ses collaborateurs, a l'idée de créer des fictions historiques ou politiques « qui abordent certaines pages sombres de notre passé » et d'en « faire un peu comme HBO aux États-Unis », il propose, au téléphone[9], une fiction sur le 17 octobre 1961 à Thomas Anargyros, producteur de Cipango Films — ancienne société renommée Storia Télévision — qui donne son accord pour en développer[10]. Cette proposition est un des « trois sujets — dont la Gestapo française pour 93, rue Lauriston de Denys Granier-Deferre et la tuerie d'Auriol, S.A.C., des hommes dans l'ombre de Thomas Vincent — étaient, pour les producteurs et les scénaristes, impensables à imaginer en film, et, d'ailleurs, personne n'y croyait », raconte le directeur, en 2006[7],[8]. Et ce sujet revient à l'époque de la sortie du livre La Bataille de Paris : 17 octobre 1961 de Jean-Luc Einaudi, en 1991, alors qu'il était encore libraire[9].
Thomas Anargyros appelle Patrick Rotman et lui demande s'il voulait bien écrire l'histoire[11]« parce qu’il est l’un des grands spécialistes de la guerre d’Algérie et ensuite parce qu’il est l’un des seuls historiens de cette époque à avoir une expérience de la fiction »[10] : ce dernier accepte, avec une condition d'en faire un film-puzzle, c'est-à-dire plusieurs personnages qui partageraient chacun cette histoire[11].
Le Centre national de la cinématographie (CNC)[12] et la Région Île-de-France financent ce projet s'élevant à 4,2 millions d’euros, dont 2,4 millions de la part de Canal+ et 1,2 million de France 3[13], ayant « une fois de plus le courage d’être rentrée dans ce projet sans y apporter la moindre restriction », souligne Alain Tasma[11].
Le téléfilm est diffusé, sous le titre Nuit noire, pour la première fois le en première partie de soirée sur Canal+[3] devant 800 000 téléspectateurs[20], avant qu'il ne projette en salle, quelques mois plus tard, le de la même année.
Le Nouvel Observateur souligne, en ce , que le téléfilm « exhume cette page d'histoire contemporaine, arrachée de nos mémoires, et recréée par un remarquable travail d'équipe. (…) Une récompense grandement méritée, vu la justesse du film qui ne cède jamais à la tentation du manichéisme »[3]. Le Monde précise, en ce de la même année, que « longtemps étouffés, voire ignorés, les événements qui se sont produits à Paris, le , sont, grâce à cette fiction, montrés à la télévision. Plus de quarante ans après les faits, le scénariste Patrick Rotman et le réalisateur Alain Tasma réussissent à transmettre, au plus près de la vérité, ce qui s'est réellement passé lors de cette nuit noire »[2].
Les Inrockuptibles, le , applaudit, parce que « grâce à une irréprochable direction d’acteurs tous impeccables dans la manière d’exprimer leur complexité intérieure , grâce à un filmage sobre et posé, sans effets apparents, grâce à un travail précis sur la lumière (tout le film baigne dans des demi-teintes presque fades, comme à la tombée de la nuit, où les détails, encore visibles, s’effacent devant l’obscurité qui gagne), grâce encore à la fluidité d’un récit composite et cohérent à la fois, Alain Tasma et Patrick Rotman donnent un souffle inédit à la fiction télévisée, enfin concernée par ce que l’Etat a intérêt à occulter : la manifestation la plus acharnée de son système répressif »[21].