Nicolaus Bruhns naît dans une famille de musiciens (luthistes, organistes, gambistes, violonistes) installée dans la région de Husum, au nord de Hambourg. Il apprend la musique avec son père, Paul Bruhns (1640–1689)[2], organiste à Schwabstedt et peut-être élève de Franz Tunder. Puis il étudie le violon et la viole avec son oncle ; l'orgue et la composition avec Dietrich Buxtehude[3]. Il acquiert une grande virtuosité sur tous ces instruments et Buxtehude, espérant le voir lui succéder, le recommande auprès de la cour royale de Copenhague au Danemark. Il y passe quelque temps, en contact avec de nombreux musiciens étrangers et revient vers 1689 à Husum en tant qu'organiste[3]. Il y meurt très jeune, à 31 ans. Son frère Georg lui succède au poste d'organiste. Son fils unique, Johan Paul, embrassera une carrière en théologie.
Bruhns laisse une œuvre réduite, plusieurs des sources étant perdues, mais de qualité exceptionnelle. Sous de nombreux rapports, elle annonce celle de Jean-Sébastien Bach. Selon Forkel, le premier biographe de Bach, on sait que ce dernier admirait beaucoup les œuvres de Bruhns.
Ce destin rappelle beaucoup celui de son contemporain françaisNicolas de Grigny, mort au même âge. Une anecdote rapporte qu'il aurait été capable de jouer du violon tout en chantant et en s'accompagnant au pédalier de l'orgue.
Œuvres
Un certain nombre d'œuvres attestées par les documents d'époque (surtout pour instruments à cordes), sont perdues. Seules subsistent :
Ich liege und schlafe (chœur à quatre voix, quatre solistes, cordes et basse continue - texte : Psaume 4, 9 ; mouvement central : Ich hab Gott Lob das Mein vollbracht, Georg Werner)
Muss nicht der Mensch (chœur à quatre voix, quatre solistes, 2 trompettes, cordes et basse continue - texte : Job 7, 1:1)
O werter heil’ger Geist (chœur à quatre voix, quatre solistes, 2 trompettes, cordes et basse continue - texte : paraphrase du choral de LutherKomm heiliger Geist)
Hemmt eure Tränenflut (chœur à quatre voix - texte : auteur inconnu)
Erstanden ist der heilige Christ, cantate de chorals (2 ténors, 2 violons et basse continue)
Les quatre Praeludia pour orgue marquent une étape entre Buxtehude et Bach : trois d'entre eux sont, comme chez le premier, une succession d'épisodes de toccatas dans le « stylus phantasticus » si prisé en Allemagne du Nord, et d'épisodes fugués ; le dernier tend vers la structure en deux parties qui caractérisera souvent l'art de Bach.
Praeludium en sol majeur
Praeludium en mi mineur (grand)
Praeludium en mi mineur (petit)
Praeludium en sol mineur (découvert en 1968)
La monumentale fantaisie pour orgue sur le choral Nun Komm der Heiden Heiland
Fragment d'un Prélude en ré majeur (section Adagio)
Discographie
Cantates
Deutsche Barock Kantaten (IV) - Ricercar Consort, Greta de Reyghere et Jill Feldman, sopranos ; James Bowman, contreténor ; Guy de Mey et Ian Honeyman, ténors; Max van Egmond, basse (/janvier-, 2CD Ricercar 245722) (OCLC81004228)
Nicolaus Bruhns, L'Œuvre d'orgue - Cantates - Jan Willem Jansen, orgue Delaunay St Pierre-des-Chartreux, orgue Ahrend Musée des Augustins, Toulouse ; Le Parlement de Musique, dir. Martin Gester (16- et 12-, Tempéraments / Radio France) (OCLC799681677)
Intégrale des œuvres pour orgue de Bruhns, Hanff et Kneller - Olivier Vernet, orgue Aubertin (1991) de Saint-Louis de Vichy (7-, REM 311173) (OCLC219492574)
Böhm, Bruhns, Lübeck, Musique d'orgue de l'Allemagne du Nord - Marie-Claire Alain, orgue Kern de l'Église Saint-Martin de Masevaux (1990, Erato 2292-45665-2) (OCLC465378128)
Martial Leroux, Nicolaus Bruhns, dans : Edmond Lemaître (dir.), Guide de la musique sacrée et chorale, l'âge baroque 1600–1750, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 828 p. (ISBN2-213-02606-8, OCLC25790005)
Michel Roubinet, Nicolaus Bruhns, dans : Gilles Cantagrel : Guide de la musique d’orgue. Éditions Fayard, Paris 1991, (ISBN2-213-02772-2)
Heinz Kölsch, Nicolaus Bruhns. Schriften des Landesinstituts für Musikforschung. Bärenreiter, Kassel 1958 (Wiederveröffentlichung einer Dissertation von 1938, Kiel).
Martin Geck, Nicolaus Bruhns : Leben und Werk. Cologne, Musikverlag H. Gerig, 1968. 90 pages - Collection TB ; 261
Michel Fructus, L'œuvre d'orgue de Nicolaus Bruhns (1665-1697), Essai sur la persuasion musicale dans l'Allemagne baroque du XVIIe siècle, DEA de Musicologie, Lyon, 1999, 2 volumes.
Michel Fructus, Les cantates de Nicolaus Bruhns (1665-1697), Thèse de Doctorat de Musicologie, Lyon, 2009, 3 volumes.
Notes et références
↑La graphie est parfois différente : Nikolaus pour le prénom, Bruns pour le nom