« Monté » très jeune à Paris pour travailler dans la librairie de son beau-frère, Pierre-Jean Ferra, il demeura 12, rue Hautefeuille. En 1815, il entra dans une grande librairie du Palais-Royal, chez Arthus-Bertrand, où il devint premier commis.
Il édita, de plus, quelques grands auteurs mais surtout, il entreprit de lancer en 1825 une « collection de manuels formant une encyclopédie des sciences et des arts », regroupant des petits ouvrages qui se voulaient pratiques et destinés à la vulgarisation des sciences, des bonnes manières, des arts et métiers, etc. Cette collection fut bien plus tard, après la mort de Nicolas Roret, appelée Encyclopédie-Roret et Manuels-Roret : elle comptait plus de 300 volumes environ, un par sujet, traitant de l'histoire et de la pratique des métiers les plus divers. Chaque volume était orné sur la couverture d'une petite gravure sur bois en rapport avec le sujet traité.
Pour cela, il fit appel à de nombreux professionnels de son époque. S'agissant des Manuels-Roret, au format in 16° et in 18° (15 × 9,5 cm), le succès, qui répondait aux besoins du public, fut immédiat, il y eut de multiples rééditions et de nombreuses traductions. Chaque ouvrage regroupait le savoir jugé utile sur le sujet avec nombre d'illustrations et de détails techniques, et souvent un atlas ou des planches dépliantes illustrées.
Le succès populaire de cette encyclopédie dont personne n’avait encore eu l’idée (acheter sans souscription, au catalogue, un par un les volumes qui vous intéressaient le plus), fut indiscutable et se prolongea jusque vers 1900.
Il habitait à Savigny-sur-Orge, chez son beau-père, le fondeur Jean-Baptiste Launay (1768-1827), dans les anciennes dépendances du domaine de Courterente connues depuis sous le nom de « Maison Roret ». Il édita le Manuel du fondeur sur tous métaux en deux volumes, œuvre de son beau-père, en 1827, quelque temps après le décès de celui-ci.
Il est inhumé au cimetière de La Martinière comme son beau-père.
À son décès, le , il fut remplacé par son fils, Edme Roret, breveté libraire le (no 2674), et également taille-doucier. Il baptisa la maison « Librairie encyclopédique de Roret » et fit imprimer la signature de son père sur chaque manuel afin de se prémunir des imitations concurrentes.
Exemples de Manuels-Roret
Les manuels sont publiés de 1825 au début des années 1860. Ils sont maintenant disponibles sur Gallica[2]. Quelques exemples de titres :
Jean-Sébastien-Eugène Julia de Fontenelle, Nouveau manuel complet du verrier et du fabricant de glaces, cristaux, pierres précieuses factices, verres colorés, yeux artificiels, Paris, Librairie encyclopédique Roret, 1853, in-12, 2 vol. (302 et 264 p.), 10 planches[3].
F. Accum et S. Parkes, Manuel complet de chimie amusante, ou nouvelles récréations chimiques, contenant une suite d'expériences curieuses et instructives en chimie d'une exécution facile et ne présentant aucun danger, Paris, librairie de Roret, 1825, in 12°, 268 p. Première édition française de cet ouvrage traduit par Jean Riffault, ex-régisseur des poudres et salpêtres, membre de la Légion d'honneur.
* Lebrun[4], Manuel du cartonnier, du cartier et du fabricant de cartonnages, Paris, Librairie encyclopédique de Roret, 1830, in-12, 264 p., 2 pl. ; rééd. (augmentée) 1845. Ce manuel a été traduit en allemand par Carl Friedrich Leischner, dans la collection « Neuer Schauplatz der Künste und Handwerke » du libraire Bernhard Friedrich Voigt[5].
Armand-Denis Vergnaud, Manuel du peintre en bâtimens, du fabricant de couleurs, du vitrier, du doreur, du vernisseur et de l’argenteur, Paris, Roret, 1834, 243 p.
M.-E.-F. Reboulleau, Nouveau manuel complet de la peinture sur verre, sur porcelaine et sur émail, Paris, Roret, 1843, 288 p., VIII fig. et planches.
A. Barthélemy, Nouveau manuel complet de numismatique du Moyen Âge et moderne, Paris, Librairie encyclopédique Roret, 1859. Un volume in 18° broché de 4, XXXII, 464 et 90 pages de catalogue, atlas de 12 planches.
Devenus les Manuels-Roret, ils paraissent ensuite sous la marque de la librairie encyclopédique Roret. Vers 1900, la marque est rachetée par l'éditeur parisien L. Mulo, ce dernier fut ensuite racheté, après 1918, par Edgar Malfère, éditeur à Paris, fondateur de la Société française d'éditions littéraires et techniques (SFELT). Ils continuèrent tous deux à publier les manuels sous la forme d'éditions refondues. On trouve des ouvrages sous l'appellation Encyclopédie-Roret imprimés jusque dans les années 1950, certains titres sont même repris par Dunod. Dans les années 1980, certains manuels sont de nouveau édités mais dans un nouveau format.
La dynastie Roret
Les Roret
Nicolas-Edme Roret, le père fondateur de la dynastie d'éditeurs, est le fils de Pierre Roret et d'Anne Charigaut.
Edme Roret était né à Paris le . Sa mère, Marie Augustine Launay, était la fille d'un ingénieur originaire d'Avranches dans la Manche. Edme Roret mourut à Paris le . Il avait eu 6 enfants.
Outre Nicolas-Edme (ou Nicolas-Edmé) et Edme (ou Edmé), son fils, la dynastie Roret comprend également un Pierre Roret. Celui-ci, né le et domicilié 17 bis, quai des Augustins à Paris, est déclaré libraire breveté le . En 1862, ce brevet est annulé pour cause d'inexploitation et transféré à son successeur en titre : madame Goetschy, veuve Sartorius (Joséphine, Charlotte) le .
Pierre Jean Ferra, connu sous le nom de Ferra jeune, successeur du précédent et beau-frère de Nicolas Roret. Il est breveté libraire le (no 1041) et domicilié alors 14, rue des Postes, à Paris. Son successeur est François Auguste Morant, le ; son brevet est accordé par le ministre de la Police générale et « rénové » le , sous le même numéro.
Les Deterville
Les Deterville sont cousins de Nicolas Roret.
Jean Jacques Pierre Deterville, domicilié à Paris, 8, rue Hautefeuille (en 1812), breveté libraire le [sans numéro].
Jean François Pierre Deterville, domicilié à Paris, breveté libraire le [no 854].
↑Joost Mertens, « Éclairer les arts : Eugène Julia de Fontenelle (1780-1842), ses Manuels-Roret et la pénétration des sciences appliquées dans les arts et manufactures », Documents pour l’histoire des techniques, no 18, 2e semestre 2009. Lire en ligne.
↑Il s’agit d’Isidore Le Brun (Caen 1786-Paris 1860), « de plusieurs académies », « de plusieurs sociétés savantes », littérateur et polygraphe normand, auteur de plusieurs manuels Roret (Jeux de calcul et de hasard, 1827 ; Voyageur dans Paris, 1828 ; Le mouleur, ou l’art de mouler en plâtre, 1829 ; Ferblantier et lampiste, 1830 ; Bourrelier et sellier, 1833 ; Charron et carrossier, 1833).
↑Vollständige theoretisch-praktische Anleitung zur geschmackvollen und eleganten Verfertigung aller Arten Papparbeiten (…) Nach den neuesten Pariser Methoden und Modellen, ingleichen zur Pappen- und Spielkarten-Fabrikation, Ilmenau, 1832, vol. 59 de la collection.
Sources
Articles et revues :
Bulletin des Bibliothèques de France, Paris, 1997, t. 42, no 02.
Alfred Fierro, « Les Manuels-Roret », dans Roger Chartier et Henri-Jean Martin (dir.), L'Histoire de l'édition française, tome III : Le Temps des éditeurs. Du romantisme à la Belle Époque (1830-1900), Paris, Cercle de la librairie, 1985, p. 394-395.
Bruno Fieux, Bibliographie des « Manuels-Roret » ou Essai bibliographique contenant l'art de faire découvrir les différents métiers, d'enrichir son savoir technique et scientifique, Paris, Éditions Émotions primitives, 2008.
Joost Mertens, « Éclairer les arts : Eugène Julia de Fontenelle (1780-1842), ses Manuels-Roret et les sciences appliquées », dans Documents pour l'Histoire des techniques, CNAM/CDHTE, 2009, no 18, p. 95-112.