Naïssam Jalal (نيسم جلال), née en 1984 à Paris, est une flûtiste, chanteuse et compositricefrançaise d'origine syrienne. Elle fonde et dirige plusieurs ensembles : Rhythms of Resistance, Quest of the Invisible, Al Akhareen, Healing Rituals et Landscapes of Eternity.
Elle nourrit son expression dans les musiques afro-américaines, la musique arabe classique, la musique hindoustanie et la musique mandingue.
Au fil de ses 9 albums, Naïssam Jalal a reçu des récompenses dont le Grand Prix de l’Académie Charles Cros 2017, les Victoires du Jazz 2019, le Prix des Musiques d’ICI 2020 et le premier prix Jazz de l’International Songwriting Competition 2022. En 2023, elle est nommée Chevalière des Arts et des Lettres, et Femmes de Culture. Naïssam Jalal est aussi désignée parmi les meilleures flûtistes de l’année par Jazz Magazine et Jazz News en 2021, 2023 et 2024.
À 19 ans, la musicienne quitte de nouveau la Seine-et-Marne et la commune de Torcy afin de partir étudier le ney, flûte traditionnelle orientale, au Grand Institut de musique arabe de Damas[2]. Bien qu'elle ne maîtrise pas encore la langue arabe, sa formation se poursuit lors de trois années au Caire avec le maître violoniste Abdu Dagher, puis six ans supplémentaires entre Paris et Beyrouth, où elle rencontre le groupe de rap Katibe 5 et multiplie les contacts avec la scène musicale underground[3].
En Égypte, elle accompagne le pianiste égyptien Fathy Salama lors de ses nombreux spectacles à l’Opéra du Caire et dans les plus prestigieux théâtres du pays[1]. Ses influences multiples oscillent du jazz au hip-hop en passant par l'improvisation[4].
Carrière professionnelle
Années 2000
En 2006 de retour en France, Naïssam Jalal s'associe au rappeur libanaisRayess Bek qu'elle accompagne lors de nombreuses tournées à travers la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne, le Maroc ou encore le Liban[5].
Dès 2008, la musicienne se produit régulièrement aux côtés d'Hazem Shaheen, joueur de oudégyptien puis signe en 2009, un premier album nommé Aux Résistances, en collaboration avec Yann Pittard et le duo Noun Ya[6]. Par ailleurs, Naïssam multiplie les rencontres sur scène avec des artistes du monde entier tels Tony Allen, Cheick Tidiane Seck, Hilaire Penda, Fatoumata Diawara[5], Napoleon Maddox ou Nelson Veras[7].
Années 2010
En 2011, à l'aube des révolutions arabes, elle fonde le quintetRhythms of Resistance accompagnée par Mehdi Chaib (saxophone), Karsten Hochapfel (guitare, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse) et Francesco Pastacaldi (batterie), plus tard remplacés par Damien Varaillon (contrebasse) et Arnaud Dolmen (batterie). Le premier album du groupe Osloob Hayati est édité en 2015[6] et mêle les esthétiques, les traditions extra occidentales et l’art de l’improvisation[8].
En 2013, Naïssam intègre le quintet d’Hubert Dupont pour son album Jasmim[10].
Pour son deuxième album, Almot Wala Almazala[11] («la mort plutôt que l’humiliation») publié en 2016, Naïssam Jalal et l'ensemble Rhythms of Resistance rend hommage aux martyrs de la révolution syrienne[12]. Cet album reçoit le prix Coup de cœur de l'Académie Charles Cros[13].
En 2017, elle accompagne le Friensemblet de Mathilde Groos Viddal pour l’album « Out of silence » dont elle compose certains titres[14].
La même année, elle compose la bande originale du documentaire Syrie, le cri étouffé réalisé par Manon Loizeau, qui traite du viol des femmes en Syrie, utilisé en tant qu'arme de guerre[15].
Elle explore par ailleurs les possibles du hip-hop avec le rappeur Osloob dans leur formation Al Akhareen. Ensemble, ils interrogent la place de l’« autre », de l’étranger, dans un album éponyme sorti en 2018[16]. Ils évoluent en sextet avec le saxophoniste Mehdi Chaïb, la bassiste Viryane Say, le batteur Clément Cliquet et le dj Junkaz Lou[17]. Al Akhareen existe également en version trio avec seulement Naïssam Jalal, Osloob et DJ Junkaz Lou[18]. L'album obtient le Prix des Musiques d'ICI en 2020[19].
Avec la compagnie Le 7 au soir et Yvan Corbineau, conteur, auteur et comédien, Naïssam Jalal et Osloob créent le spectacle « Le Bulldozer et l’Olivier » qui retrace de manière poétique l’histoire du conflit israelo-palestinien[20].
Naïssam collabore toujours avec Hazem Shaheen, et compose avec lui l'album Liqaa (rencontre en arabe) en 2018, un ensemble de morceaux engagés politiquement et qui interrogent sur le sens de la vie et le destin[21].
Avec Claude Tchamitchian (contrebasse) et Léonardo Montana (piano), Naïssam Jalal réalise en 2019 le double album « Quest of the Invisible » avec en invité le percussionniste Hamid Drake sur certains titres. Cet album explore le silence, le vide, et l’Invisible[22]. Avec cet album, Naïssam remporte la Victoire du Jazz 2019 comme album inclassable de l’année[23].
La flûtiste compose un second album en 2019, « Om Al Aagayeb », enregistré en Égypte avec 13 musiciens et chanteurs / chanteuses du Caire. Elle y développe ses liens avec ce pays dans lequel elle a vécu en parcourant les différentes traditions musicales locales[24].
En 2019, Naïssam apparaît également aux côtés de Nicolas Bauer Artefact sur un titre de leur album « Artefact / Borderline »[25].
Années 2020
Naïssam Jalal continue de collaborer avec le rappeur palestinien Osloob et apparait sur son album sorti en 2020, « Dawayer (Circles) »[26].
En 2020 toujours, Naïssam joue cette fois avec le quintet du percussionniste et guitariste cubain Joel Hierrezuelo pour leur album « Así de Simple »[27].
Le double album « Un Autre Monde » sorti en février 2021 fête les 10 ans de son quintet Rhythms of Resistance. Le deuxième CD contient une version symphonique de certains titres enregistrés avec l’Orchestre National de Bretagne. Véritable cri d’alerte quant aux catastrophes sociales et écologiques, cet album évoque également un monde meilleur qu’il serait possible d’atteindre[28].
Le 9 mars 2021, Naïssam Jalal enregistre avec Jean-Jacques Birgé et Mathias Lévy l'album Tout Abus Sera Puni, un ensemble de morceaux improvisés en tirant au hasard des thèmes tirés d'un livre graphique de Mc Gayffier[29].
La même année, Naïssam apparaît sur l’album « Mugham » d’Etibar Asadli[30].
Depuis 2021, Naïssam dévoile le quartet « Healing Rituals », huit rituels de guérison imaginaires et contemporains inspirés des traditions animistes, accompagnée par les musiciens Claude Tchamitchian (contrebasse), Clément Petit (violoncelle) et Zaza Desiderio (batterie)[31]. Healing Rituals sort un album éponyme le [32].