Michel Santangeli naît le à Paris et passe son enfance dans le 13e arrondissement. D'un père accordéoniste de bal, il devient un musicien « touche à tout » autodidacte[2]. Il est issu du milieu rock : dès l'âge de 16 ans, il se fait remarquer lors de la prestation de Frankie Jordan en première partie des Shadows, puis comme batteur avec Les Pingouins[3]. Il a fait partie notamment des groupes Les Chaussettes noires avec Eddy Mitchell (sur scène) en 1963 et Les Chats sauvages avec Mike Shannon en 1964 [4]. Il découvre la Bretagne par hasard, en 1964. Musicien de bal, il joue plusieurs étés dans la région et décide de s'y installer tant il apprécie les lieux. Il intègre le groupe Les Jerrys et devient l'ami de Dan Ar Braz, guitariste dans l'orchestre[5].
D'Alan Stivell à YS
Michel Santangeli s'est vraiment révélé avec le groupe mythique d'Alan Stivell, composé entre autres de Gabriel Yacoub, Dan Ar Braz, René Werneer ou encore Pascal Stive[6]. Il est contacté au dernier moment par « Dan » pour accompagner Alan Stivell lors du concert exceptionnel À l'Olympia, diffusé en direct sur Europe 1 en et sorti sur disque peu après (le live s'écoule à 1,5 million d'exemplaires). A posteriori, il déclare : « Cette musique m'a pris aux tripes. J'ai trouvé ça magnifique. »[7] Les quatre années suivantes, il tourne avec Stivell (en Bretagne bien sûr, dans des grands chapiteaux et dans toute l'Europe jusqu'aux USA et au Canada)[8]. En 1973 il enregistre au studio du château d'Hérouville l'album Chemins de terre (désigné meilleur disque de l'année par Melody Maker[9]). Avec Dan Ar Braz, il électrifie la musique de Stivell, en se mariant aisément avec la harpe celtique et les rythmes ternaires[7].
En 1975, il fonde le groupe YS en compagnie de René Werneer, Pascal Stive, Jacky Thomas et Pierre Chérèze (il retrouvera plus tard ces deux derniers avec Jacques Higelin) puis dans le prolongement le groupe Keris, sans Werneer cette fois-ci mais avec Patrick Molard. Il participe également aux trois premiers disques de son ami Dan Ar Braz : Douar Nevez (1977), Allez dire à la ville (1978) et The Earth's lament (1979). Il devient ensuite membre du groupe Ripaille en compagnie de Jacky Thomas.
D'Iggy Pop à Jacques Higelin
En , au studio du château d'Hérouville, le locataire-gérant des lieux, Laurent Thibault, lui propose de participer à l'enregistrement de The Idiot d'Iggy Pop, produit par David Bowie qui recherche un batteur. Celui-ci le fait jouer sur les bandes préparatoires, avec un minimum d'indications. Les premières prises spontanées que Michel Santangeli réalise deviendront la plupart du temps la base sur laquelle le reste des éléments musicaux de l'album seront construits[10]. L'enregistrement final de l'album aura lieu à Berlin, avec d’autres musiciens[11]. Il n'est donc pas crédité pour les titres de l'album auxquels il a participé et qui rencontrent le succès, comme China Girlqui devient un hit mondial[2].
En 1976, Laurent Thibault lui présente le chanteur rockeur Jacques Higelin à Hérouville. Tout au long des années 1980, il est l'un des principaux musiciens de Jacques Higelin. Santangeli l'accompagne sur les tournées durant treize années de concerts « bondés », Bercy vingt-trois soirs d'affilée (un record), en allant en Algérie et le surlendemain à Berlin. En 1988, l'aventure prend fin brusquement, après une dispute avec le producteur Daniel Colling qui l'insulte[7]. Il décide de quitter le monde du show-bizz, « les ego surdimensionnés l'exaspèrent »[7].
Des projets plus confidentiels
Il accompagne Pierre Vassiliu deux ans (enregistrements et tournées 1981-82) et participe à l'adaptation de Superdupont en comédie musicale avec le Grand Magic Circus de Jérôme Savary en 1982. Le journaliste Alain Gardinier évoque également des collaborations avec Éric Serra, Basile Leroux, Pierre Chérèze, les frères Guillard, le Golden Gate Quartet[12]. Il a publié en 1983 un album sous son nom, sur lequel il est auteur-compositeur-interprète, avec comme pochette un dessin humoristique signé Jean Solé[13]. L'humour reste ancré en lui et il se fait poète par moments. Dans les années 1990, il reste en contact avec son ami Dan Ar Braz et participe dans le Finistère à des sessions dans les bars avec des groupes locaux (comme la formation Mo Dalton de Xavier "Doc" Quémet[14]) et joue sur deux albums des Goristes, entre autres.
Dans les années 2000, il participe à la programmation musicale, aux compositions et arrangements du spectacle « Bonjour la Terre ! » de Philippe Paugam, mis en scène par Alain Diverres[15]. Artisan du son, il s'amuse dans son home studio à Guipavas avec son logiciel d'enregistrement (en 2009, il produit soixante-huit morceaux pour le plaisir)[7]. Une partie de ces morceaux, plutôt electro et trip hop, sortent dans deux albums, intitulés Home-Made. De 2011 à 2013, il est atteint par plusieurs cancers, qui touchent notamment ses poumons. Il meurt le à l'âge de 69 ans et ses obsèques ont lieu le à Brest[1].
Collectif (dir. Frank Darcel et Olivier Polard), ROK : De 1960 à nos jours, 50 ans de musique électrifiée en Bretagne, t. 1 : 1960 / 1989, Chantepie, Les Éditions de Juillet, , 336 p. (ISBN978-2-9532545-5-6), « Michel Santangeli : artisan batteur », p. 160-161
Gilbert Cariou, L'épopée du rock au pays bigouden : 1962-1972, Pont-l'Abbé, SEB, , 160 p. (ISBN978-2-9541443-0-6)