Diplômé de l'École polytechnique (Promotion X1959), sa sensibilité et son intérêt pour les éléments théoriques du débat politique le poussent à choisir, en 1961, l'ENSAE comme école d’application.
En , Michel Aglietta soutient sa thèse à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, intitulée Régulation du mode de production capitaliste dans la longue période. Prenant exemple des États-Unis (1870-1970). Elle fonde l'école de la régulation. Le jury de sa soutenance se compose des professeurs Raymond Barre, H. Brochier, Carlo Benetti, J. Weiller et Edmond Malinvaud.
Il participe à la conception du premier modèle économétrique français qui s’appelait FIFI.
Travaillant sur la croissance de moyen terme pour la planification française, il est concerné par le dépassement de la conception de la politique économique qui régnait à l’époque. Michel Aglietta juge donc utile pour rénover la théorie de la croissance et d’étudier les rapports entre économie et société dans l’histoire longue et dans un autre contexte, celui des États-Unis.
Introduit auprès de Kenneth Arrow par Edmond Malinvaud directeur de la direction de la recherche de l'Insee, il obtient une bourse de research fellow de l’Otan et se rend ainsi à l'université Harvard en . Il commence une recherche sur la croissance de longue période avec pour objectif d’étudier les grandes évolutions du capitalisme américain pour repérer des régimes de croissance historiquement situés et liés à des modes d’action publique et au développement des organisations de salariés dans la Grande Dépression. Il cherche notamment à expliquer la croissance soutenue de l’après-guerre par rapport à l’instabilité de l'entre-deux-guerres.
Parcours professoral
Michel Aglietta donne, une fois son doctorat obtenu, des séminaires à l'Insee. Les sept chapitres de sa thèse y sont discutés. Ainsi, chaque mois a lieu une réunion sur un des chapitres. Un noyau dur de personnes venues de l’Insee, du CEPREMAP mais aussi des universités se forme, notamment Robert Boyer et Alain Lipietz. À partir de ces réunions, Aglietta rédige le livre Régulation et crises du capitalisme. À sa sortie, en 1976, ce livre a une certaine visibilité et est traduit assez rapidement.[réf. nécessaire]
Michel Aglietta a mené parallèlement à ses travaux universitaires des recherches au centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) et dans différents organismes monétaires et financiers. Il a notamment été conseiller auprès de la Banque de France, visiting fellow au département recherche de la Federal Reserve Bank of New York en 1995, consultant à la Compagnie parisienne de réescompte, puis chez Groupama Asset Management filiale de Groupama. Il s’est intéressé à partir de la fin des années 1970 d’une part à la théorie et l’histoire de la monnaie et d’autre part, à l'économie internationale dans le cadre des études poursuivies au CEPII pour comprendre les causes et les conséquences de la globalisation financière.
Il est actuellement membre du Haut Conseil des finances publiques, professeur émérite de l’Université Paris Nanterre, professeur à HEC et chercheur au CEPII.
Aglietta a étudié les relations entre les structures des systèmes financiers et la croissance économique. La libéralisation financière engagée dans les années 1980 a été envisagée comme un moyen d'améliorer l'efficience des marchés financiers à un niveau mondial (la concurrence devait conduire à une allocation optimale des capitaux et à une baisse des taux d'intérêt) et finalement à la croissance. Mais pour Aglietta, le passage à une économie financière globalisée s'est accompagnée d'une instabilité cyclique et d'un risque de système (ou risque systémique). La défaillance d'un agent conduit par effet de contagion (ou effet mimétique) à une crise financière généralisée. Pour que la mobilité des capitaux serve véritablement l'économie réelle, Aglietta insiste sur la nécessité d'instaurer de nouvelles règles, de renforcer le contrôle prudentiel des marchés et de conduire des politiques contra-cycliques plus actives[réf. nécessaire]
Réception critique
L'économiste Jacques Sapir a critiqué les opinions de Michel Aglietta dans son ouvrage Faut-il sortir de l'Euro. Il lui reproche notamment une « vision essentialiste » de la monnaie[7]. Cette théorie présuppose que la simple existence d'une monnaie unique est suffisante pour créer l'homogénéité économique nécessaire à l'intégration d'une zone. Jacques Sapir souligne a contrario : « L'histoire des faits économiques montre qu'à chaque fois qu'un espace gagne en homogénéité, […] la divergence des dynamiques économiques entre régions s’accentue ». Sur ce point les opinions de Michel Aglietta et Jacques Sapir convergent, mais Michel Aglietta estime que le problème de la divergence peut être résolu par l'existence d'un budget fédéral (comme aux États-Unis) et plaide donc en faveur de cette solution, tandis que Jacques Sapir estime que l'opinion européenne n'est pas prête pour un tel projet[8].
Prises de positions
Soutiens politiques
Lors de l'élection présidentielle française de 2012, il signe l'appel des économistes en soutien au candidat François Hollande en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[9].
Il critique le programme économique de Marine Le Pen et explique que « en cas de retour au franc, l'agriculture française serait moins compétitive et la facture des importations de biens manufacturés serait plus salée »[11].
↑Jacques Sapir, Faut-il sortir de l'Euro, Paris, Le Seuil, 2012, p. 44-48.
↑Citation complète : « L'histoire des faits économiques montre qu’à chaque fois qu'un espace gagne en homogénéité, que ce soit par l'instauration d'une monnaie unique, l'abolition des droits de douane intérieurs ou par la mise en œuvre de nouveaux moyens de communication (les chemins de fer par exemple au XIXe siècle), la divergence des dynamiques économiques entre régions s'accentue. » Michel Aglietta vs. Jacques Sapir : deux livres instantanés et jetables!, Bouillaud's Weblog, 25 février 2012.
↑Philippe Aghionet al., « Nous, économistes, soutenons Hollande », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Présidentielle : derrière les candidats, les économistes s'affrontent », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
↑Laurent Fargues, « Ces économistes et patrons qui alertent sur le danger Marine Le Pen », Challenges, (lire en ligne, consulté le )