L'existence d'une mesure de Haar est assurée dans tout groupe localement compact. Elle est finie sur les parties compactes de G. De plus, toute mesure borélienne complexe invariante par translations à gauche s'écrit où est un nombre complexe. Bien qu'elle ne soit définie qu'à un coefficient multiplicateur près, de nombreux ouvrages parlent, par abus de langage, de la mesure de Haar. Cet usage est justifié pour un groupe compact ou pour un groupe discret, où des normalisations peuvent être effectuées.
Exemples
Sur un espace euclidien, la mesure de Lebesgue est l'unique mesure invariante par les isométries et valant 1 sur tout cube engendré par les vecteurs d'une base orthonormée. Invariante par translations, la mesure de Lebesgue est donc une mesure de Haar. Sa définition dépend cependant du choix de la structure euclidienne.
Sur le groupe multiplicatif (ℝ+*,×), la mesure est une mesure de Haar.
Groupe de Lie
Sur toute variété différentielle orientée M de dimension n, une n-forme différentielle définit une mesure sur M. Un groupe de LieG est une variété différentielle munie d'une loi de groupe différentiable. Il est connu que G est parallélisable, a fortiori orientable : toute base de l'espace tangent définit par translation à gauche un champ de base invariant à gauche sur G. De fait, toute n-forme sur l'espace tangent définit une unique n-forme différentielle invariante par translation à gauche : la mesure borélienne correspondante est une mesure de Haar sur G.
Le groupe est dit unimodulaire si sa fonction modulaire est le morphisme constant g 1.
Une mesure est invariante à droite si et seulement si son image par l'application gg−1 est invariante à gauche. On a donc les mêmes théorèmes d'existence et d'« unicité » pour les mesures de Haar à droite que pour les mesures de Haar à gauche, et le groupe est unimodulaire si et seulement si ces deux ensembles de mesures sont non disjoints, auquel cas ils coïncident.
La notion de « mesure de Haar » a été introduite par Alfréd Haar en 1933, ainsi que la démonstration de son existence pour tout groupe localement compact, sous l'hypothèse restrictive que le groupe est métrisable et séparable[1] (ce qui équivaut en fait à le supposer seulement à base dénombrable). La démonstration de son « unicité » (à proportionnalité près) a été faite par John von Neumann en 1935[2]. En 1940, André Weil a démontré le théorème en toute généralité[3] et Henri Cartan en a produit une preuve sans l'axiome du choix et démontrant simultanément l'existence et l'unicité[4].
Notes
↑(de) A. Haar, « Der Massbegriff in der Theorie der kontinuierlichen Gruppen », Annals of Mathematics, 2e série, vol. 34, no 1, , p. 147–169 (MR1503103).
↑(en) J. von Neumann, « The uniqueness of Haar's measure », dans Math. Sbornik, t. 1/43, 1936, p. 721.
↑André Weil, L'intégration dans les groupes topologiques et ses applications, Paris, Hermann, coll. « Actualités Scientifiques et Industrielles » (no 869), .