Megazostrodon

Megazostrodon est un genre éteint de Mammaliaformes de la famille également éteinte des Megazostrodontidae. Il vivait à la fin du Trias et au début du Jurassique, il y a environ 200 millions d'années. Il présente les caractéristiques typiques des Mammaliaformes, intermédiaires entre les cynodontes et les mammifères.

Historique

L'espèce type, Megazostrodon rudnerae, est découverte en 1966 dans la formation Elliot, au Lesotho, par la paléontologue Ione Rudner, et décrite par Alfred W. Crompton (d) et Farish A. Jenkins en 1968. Le nom de genre Megazostrodon signifie littéralement « grande dent à ceinture » (du grec mega, grand, zostros, ceinture, et don, dent), en référence aux grandes cingula externes des molaires supérieures. L'épithète spécifique rend hommage à la découvreuse Ione Rudner (d)[1].

Une seconde espèce, Megazostrodon chenali, est décrite en 2015 sur la base de restes fossiles trouvés à Saint-Nicolas-de-Port, en Meurthe-et-Moselle, en France. Son nom rend hommage au paléontologue français Emmanuel Chenal[2].

Description

L'apparence de Megazostrodon était celle d'une musaraigne. Il mesurait 10 à 12 centimètres de long et se nourrissait probablement d'insectes et de lézards. Il était probablement nocturne.

Son cerveau était plus développé que celui de ses ancêtres cynodontes. L'étude du crâne et plus particulièrement de la cavité encéphalique montre que les aires du cerveau consacrées à l'odorat et à la vue étaient très développées. Il devait cependant être la proie des premiers dinosaures carnivores, apparus au Trias supérieur.

Megazostrodon présente le caractère unique chez les Mammaliaformes de ne pas avoir d'os épipubis, tout comme les mammifères placentaires[3].

Histoire évolutive

Les Mammaliaformes descendent des cynodontes probainognathiens. À l'image des futurs mammifères, les Mammaliaformes possèdent des dents spécialisées (incisives, canines, prémolaires, molaires). Cependant, les Mammaliaformes possèdent une double articulation de la mandibule : l'une entre la mandibule et le squamosal, comme chez les mammifères, l'autre entre les os articulaire et carré, comme chez les reptiles et les thérapsides. Par conséquent, puisque le marteau et l'enclume des mammifères dérivent des os articulaire et carré, l'oreille moyenne des Mammaliaformes demeure archaïque et semblable à celle des reptiles.

Megazostrodon fait partie de la famille des Megazostrodontidae, dont il est le représentant emblématique. Avec Morganucodon, qui lui ressemble beaucoup, il appartient à l'ordre des Morganucodonta (en). Par rapport aux Mammaliaformes plus basaux, comme Sinoconodon, les Morganucodonta ont des dents diphyodontes, c'est-à-dire deux séries de dents successives, les dents de lait puis les dents d'adulte, comme chez les mammifères[4].

Megazostrodon était probablement ovipare, comme le sont les monotrèmes.

Phylogénie

Le cladogramme ci-dessous montre la position de Megazostrodon parmi les Mammaliaformes, selon Roger A. Close et al. (2015)[5] :

 Mammaliaformes 

  Adelobasileus




  Sinoconodon





  Morganucodon



  Megazostrodon





  Megaconus





  Haldanodon



  Castorocauda





  Hadrocodium



 Mammalia








Liste des espèces

Notes et références

  1. a et b (en) A. W. Crompton et F. A. Jenkins, « Molar occlusion in Late Triassic mammals », Biological Reviews, vol. 43, p. 427-458, 1968.
  2. a et b (en) M. Debuysschere, E. Gheerbrant et R. Allain, « Earliest known European mammals: a review of the Morganucodonta from Saint-Nicolas-de-Port (Upper Triassic, France) », Journal of Systematic Palaeontology, vol. 13, no 10,‎ , p. 825–855 (DOI 10.1080/14772019.2014.960486, lire en ligne)
  3. (en) Jason A. Lillegraven, Zofia Kielan-Jaworowska, William A. Clemens, Mesozoic Mammals, The First Two-Thirds of Mammalian History, University of California Press, décembre 1979, 321 p.
  4. (en) E. Panciroli, Fossil Focus: The First Mammals, lire en ligne, 2017
  5. (en) Roger A. Close, Matt Friedman, Graeme T. Lloyd et Roger BJ Benson, « Evidence for a mid-Jurassic adaptive radiation in mammals », Current Biology, vol. 25, no 16,‎ , p. 2137–2142 (DOI 10.1016/j.cub.2015.06.047)

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