La manufacture de coton d'Annecy fondée en 1804 avec plus d'un millier d'ouvriers dès 1811, puis plus de 1400 en 1847, ce qui en faisait l'une des premières grandes usines textiles sur le continent au début du XIXe siècle et de la révolution industrielle.
Histoire
La manufacture a été fondée par un négociant savoyard établi à Lyon, formé à l'école de la fabrique lyonnaise, Jean-Pierre Duport, né le (fils de Laurent) à Termignon en Maurienne et mort à Lyon le [1].
Utilisant au départ le coton brésilien, Jean-Pierre Duport avait créé ses propres comptoirs à Lisbonne et à Bordeaux, qu'il transfère ensuite à Strasbourg et Turin, pour des filières orientales. L'entreprise s'appuyait sur la puissance financière des Perrin, de Chambéry[2]. Il s'appuie sur une usine d'épluchage à Chambéry, tandis que son cousin homonyme en a ouvert une de mousseline et broderies à Faverges.
L'usine est réquisitionnée comme bien national et installée dans l’ancien couvent des Clarisses et utilise les eaux du Thiou, pour sa force motrice. Annecy amorce la transformation de son cadre urbain autour de nouveaux tracés et d’une nouvelle architecture. L'établissement, dénommé "manufacture de tissus d'Annecy et Pont", était spécialisé dans la filature et le tissage du coton[3]. Face aux problèmes d'importation avec le Brésil[4], l'usine importe très vite son coton de l'Égypte et d'Asie alors que la demande mondiale a renchéri les cours, en raison des succès des premiers entrepreneurs du coton britannique[5].
Après la crise de 1810-1811, Jean-Pierre Duport prend sa retraite en 1813, en même temps que Jean-Samuel Fazy, après avoir doublé la taille de son usine en quelques années[2].
L'usine est rachetée en 1828 par Jean Gottfried Laeuffer, un chef d'entreprise suisse de la région de Genève. Elle emploie 1 400 personnes en 1847. Au milieu du siècle, la question sociale est posée pour les enfants employés comme rattacheurs, qui travaillent "quinze heures par jour" et sont "roués de coups", en étant obligés de mendier pour compléter leur misérable salaire[6]. L'évêque d'Annecy, MgrRendu, catholicisme social écrit alors un « Mémoire sur le prolétariat » qui fit scandale dans la traditionnelle société savoyarde et piémontaise[6].
↑Problèmes d'importation avec le Brésil en raison du conflit entre le Portugal et les armées napoléoniennes.
↑Anne Dalmasso, « Industries et territoires dans les Alpes, xixe-xxe siècles : tentative de typologie », dans Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard et Laurent Tissot (dir.), Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Entreprises, régulations et trajectoires, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN978-2-84867-178-9, DOI10.4000/books.pufc.27384, lire en ligne), p. 95
↑ a et b"Quelques aspects de la question ouvrière en Savoie à la veille de 1848", par Paul Guichonnet.