Après l'agrégation[2], Couffignal hésite à faire une thèse de logique symbolique mais sa rencontre avec Maurice d'Ocagne le décide à se consacrer aux calculateurs mécaniques et aux fonctions logiques[3],[4]. Il publie diverses notes à l'Académie des sciences, en particulier l'emploi de la numération binaire dans les machines à calculer qui pose à nouveau, après Leibniz, l'emploi de la numération binaire en tant que principe de base des machines à calculer[5]. Il devient docteur ès Sciences en 1938 avec sa thèse L'analyse mécanique, application aux machines à calculer et à la mécanique céleste. Ses rencontres avec Louis Lapicque en 1941 et le père de la cybernétique Norbert Wiener en 1946 sont déterminantes : avec Lapicque, il étudie les analogies entre le fonctionnement du système nerveux humain et le fonctionnement des machines mécaniques[6],[7] ; quant à Wiener, il prépare son livre Cybernetics, fondation de la cybernétique, publié d'abord en français par les éditions Hermann en 1948.
De 1938 à 1960, Couffignal dirige le laboratoire de calcul mécanique de l’Institut Blaise Pascal, qui se fixe dès 1942 l'objectif de construire le premier calculateur universel français. En 1945 il est nommé inspecteur général de l'instruction publique. En 1947, le projet de machine de Couffignal est réaffirmé avec force : « Le CNRS veut consacrer les crédits nécessaires à l'étude et à la réalisation d'une machine universelle tenant compte des réalisations faites aux États-Unis, mais sans les copier ; grâce aux travaux de M. Couffignal nous gardons une avance du point de vue théorique »[8]. En 1951 il dirige l’organisation du colloque international du CNRSLes machines à calculer et la pensée humaine qui réunit pour la première fois, du 8 au , les plus grands spécialistes de cette science nouvelle qui allait devenir l’informatique : Norbert Wiener, W. Ross Ashby, Howard Aiken, Louis Lapicque, Lucien Malavard, Torres-Quévédo fils, etc. À la même époque quelques éléments de la machine pilote sont réalisés sous sa direction, mais le projet complet n'arrivera jamais à son terme car il s'avère impossible de résoudre la difficile question de la mémoire — en utilisant une plus grande complexité des circuits arithmétiques et en passant à côté d'une solution plus algorithmique qui aurait consisté à réduire l'intelligence arithmétique de la machine, ce qui allait contre ses principes. Le projet est confié, pour la réalisation matérielle du calculateur, à la société LogAbax qui est au bord du dépôt de bilan et cesse tout travail en ce domaine en 1952 ; il sera définitivement abandonné en 1953, aucun constructeur français d'ordinateurs ne voulant prendre le relais[9]. C'est un échec pour le CNRS qui avait placé l'essentiel de ses investissements pour la réalisation d'un calculateur électronique entre les mains de Louis Couffignal au détriment d'autres projets.
En tant qu'inspecteur général il est à l'origine des premiers BTS en France.
Un lycée de Strasbourg porte son nom, ainsi qu’un arrêt de tram adjacent. Il a également donné son nom au lycée technique de Villeneuve-sur-Lot, aujourd'hui lycée filières générales et technologiques Leygues-Couffignal.
Œuvres et publications
Les machines à calculer : leurs principes, leur évolution, Gauthier-Villars (Paris), 1933.
Tables de produits de lignes trigonométriques, Gauthier-Villars (Paris), 1943.
↑(en) G. Ramunni, « Louis Couffignal, 1902-1966: Informatics Pioneer in France? », Annals of the History of Computing, vol. 11, no 4, , p. 247-256 (DOI10.1109/MAHC.1989.10037).
↑Ronan Le Roux, « L’impossible constitution d’une théorie générale des machines ? La cybernétique dans la France des années 1950 », Revue de Synthèse, vol. 130, no 1, , p. 5-36 (DOI10.1007/s11873-009-0070-y, HALhal-00478459)
↑René Sudre, « Cerveaux artificiels », Revue des Deux Mondes (1829-1971), , p. 162-168
↑J. Perès, « Les grandes machines mathématiques » in Annales des Télécommunications, 2, 1947.
↑P. Mounier-Kuhn, L'informatique en France, de la Seconde Guerre mondiale au Plan calcul : l'émergence d’une science, Paris, PUPS, 2010, p. 71-75 et 91-116.
↑compte rendu : Le Guennec Janig, « Louis Couffignal, La cybernétique. », in: Tiers-Monde, 1965, tome 6 n°21. pp. 281-282, Texte en ligne.