Le territoire de la commune des Clefs est situé dans le sud-est de la France, dans la partie sud-est du département de la Haute-Savoie, à l’extrême nord du massif des Aravis, dans le quart nord-ouest des Alpes françaises.
À trois kilomètres au sud de Thônes, sur un promontoire rocheux entre le Fier et le ruisseau Chamfray ou Champfroid, s'élève à 720 mètres d'altitude le chef-lieu des Clefs[1],[2]. La position surélevée du site aura un rôle stratégique au cours de la période médiévale[1]. En effet, Les Clefs se trouve sur l'axe entre Thônes et la vallée de Faverges, voire au-delà Albertville[1], par les cols de l'Épine et du Marais ainsi que le défilé des Éssérieux.
Le territoire de la commune se trouve ainsi sur les versants de la montagne de la Tournette, sur sa partie ouest, le versant ensoleillé du plateau de Beauregard, au nord-est, et la montagne de Sulens, au sud-est[2]. L'ensemble des versants est habité par des hameaux[2] (voir ci-après) et exploité en partie.
La commune est constituée du chef-lieu, situé sur son promontoire, et de huit hameaux qui se trouvent sur les versants soit de la montagne de Sulens, soit du massif des Vaunessins ou encore de la Tournette[2].
À l'est, sur la pente du massif de Vaunessin, le hameau des Pohets[Note 1] ; en deçà du Fier, les Envers[Note 2] des Clefs. La plus grande partie de la paroisse se distribue à l'ouest en trois hameaux : l'un en face du chef-lieu s'appelle Montisbrand[Note 3], un autre, plus important, porte le nom de Belchamp, sur la route qui monte au chalet de Rosairy et à la Tournette ; un troisième, le Cropt, près d'une chapelle sur un plan horizontal, qui forme comme une sorte de creux par rapport à ses environs[Note 4].
Enfin, la route qui conduit du village au Planbois[Note 5] traverse les lieux-dits Lachat[Note 6], le Veuillet et la Frasse[Note 7].
Urbanisme
Typologie
Au , Les Clefs est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[Insee 1].
Elle appartient à l'unité urbaine de Thônes[Note 8], une agglomération intra-départementale regroupant quatre communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 9],[Insee 2],[Insee 3]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Annecy, dont elle est une commune de la couronne[Note 10],[Insee 3]. Cette aire, qui regroupe 79 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[Insee 4],[Insee 5].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (75 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (78,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (48,7 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (20,9 %), prairies (20,4 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (5,4 %), zones agricoles hétérogènes (4,4 %), zones urbanisées (0,1 %)[3].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols en 2018 (CLC) de la commune.
Carte orthophotogrammétrique de la commune.
Toponymie
Le nom des Clefs vient de cletarum (XIIIe siècle), c'est-à-dire le bas latin cleta au génitif pluriel ; Cletis au XIVe (signifiant claie, barrière)[2],[1],[4]. Il passe au langage gaulois en signifiant « treillage servant de clôture, claie »[4]. La commune était orthographiée Les Clets (tout comme la famille seigneuriale) ou Les Clées[5], parfois ou Les ClésXIXe siècle[4]. La graphie « Les Clefs » correspond à ce qu'on appelle une remotivation, c'est-à-dire une interprétation erronée du mot (ou déformation[1]), oublieuse de son sens d'origine.
Au cours de la période médiévale, le bourg des Clefs est un centre qui domine une vallée appelée la Val des Clefs, soit un territoire s'étendant du bourg de Thônes jusqu'à la plaine située entre Ugine et Faverges, ainsi que jusqu'à la rive droite du lac d'Annecy[2]. La famille seigneuriale qui étend son pouvoir sur cette juridiction est la famille des Clets[2],[5]. Elle possède un château (aujourd'hui disparu), installé au bout du promontoire rocheux où s'est développé le village[2],[5]. Les comtes de Genève s'implantent également dans le bourg et font construire un château comtal, siège d'une châtellenie[2],[5].
L'importance du bourg décline avec l'implantation, par le comte de Genève, d'un marché au bourg de Thônes en 1312[2],[5].
L'actuel « château des Clefs » est une maison bourgeoise construite à la fin du XIXe siècle[2].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1561. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[11]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[12].
En 2021, la commune comptait 694 habitants[Note 11], en évolution de +10,51 % par rapport à 2015 (Haute-Savoie : +5,99 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La commune des Clefs est située dans l'académie de Grenoble. En 2018, elle administre une école maternelle et élémentaire, accueillant 89 élèves[15].
Le collège de rattachement est le collège les Aravis, situé dans la zone artisanale Perrasses de Thônes[16]. Toutefois, certains élèves s'inscrivent dans l'établissement privé sous contrat Saint-Joseph (collège-lycée) de cette même ville[17].
L'ancienne paroisse est dédiée à saint Nicolas[9]. La commune est désormais intégrée à la paroisseSaint-Pierre-Favre[18]. Elle se trouve dans le diocèse d'Annecy.
le château comtal (disparu au XVIIIe siècle), installé au pied de la Tournette à une altitude de 1000 mètres. Siège de la châtellenie de la Val des Clets ;
le château seigneurial des Clets (v. XIIe siècle, en ruines vers 1545), installé à une altitude de 790 mètres ;
la maison-forte du Marest (abandonnée au XVIe siècle, détruite en 1828), installée au col du Marais à une altitude de 833 m (commune de Serraval), possession des Genève-Lullin ;
la maison de maître, installée vers la fin du XIXe siècle, sur l'emplacement du château seigneurial.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN2-7171-0200-0), notamment les pages 594-595, « Les Clefs ».
François Pochat-Baron, Mémoires et documents de l'Académie Salésienne : Les paroisses de la vallée de Thônes (Suite), vol. Tome 61e, Belley, Imprimerie A. Chaduc, , 280 p. (lire en ligne), p. 391-434.
François Pochat-Baron, Mémoires et documents de l'Académie Salésienne : Les paroisses de la vallée de Thônes, vol. Tome 60e, Belley, Imprimerie A. Chaduc, , 255 p. (lire en ligne)
François Pochat-Baron, Mémoires et documents de l'Académie Salésienne : Histoire de Thônes depuis les origines les plus lointaines jusqu'à nos jours, vol. Tome 44e, Annecy, Imprimerie commerciale, , 557 p. (lire en ligne)
François Pochat-Baron, Mémoires et documents de l'Académie Salésienne : Histoire de Thônes depuis les origines jusqu'à 1792, vol. Tome 43e, Annecy, Imprimerie commerciale, , 532 p. (lire en ligne)
↑« Plusieurs exploitations réunies formaient ce qu'on appelait la pooste ou poésie, en latin potestas... La potestas (synonyme de seigneurie, de district...) se confondait parfois avec la villa, groupe de maisons, village (Ménabréa, Histoire de Chambéry, p.. 51). »inLes paroisses de la vallée de Thônes (Suite), p. 391
↑L'Envers se dit des lieux qui se trouvent sur le revers d'une montagne et privés de soleil pendant une partie de la journée. C'est le contraire de l'Adroit ou Endroit [lire en ligne]
↑« Au Moyen Age, c'était Montissimbrant ou Montissibrant, village de la Montagne qui pleut, d'où vient la pluie (imber, imbris). »inLes paroisses de la vallée de Thônes (Suite), p. 391
↑Bois situé sur un lieu relativement plat [lire en ligne]
↑Mot régional lachat, ou mieux lacha, « hauteur caillouteuse avec buissons ou herbe maigre » [lire en ligne]
↑Frêne (Fraxinus excelsior), arbre forestier de la famille des Oléacées, à feuilles composées, dont le bois clair et fibreux est très utilisé en menuiserie, du latin fraxinus, « frêne », qui serait un diminutif d´un plus ancien fraxus, avec le dérivé fraxia, et l´adjectif latin fraxineus, « de frêne ». [lire en ligne]
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l’agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Thônes comprend une ville-centre et trois communes de banlieue.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑Lors de son inauguration le , le refuge est le théâtre d'un crime : Emile Guelpa, un scieur des Clefs, est assassiné par un jeune italien[26].
Cartes
↑IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
Données Insee
Données Insee de la commune des Clefs (74079), ([lire en ligne])
↑ abcdefghij et kCollectif, « La Vallée de Thônes de A à Z », Revue annuelle des Amis du Val de Thônes, no 18, , p. 56-61, « Les Clefs » (ISSN0294-5711).
↑ ab et cHenry Suter, « Claie, Clefs », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
↑Lexique Français : Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 p. (ISBN978-2-7466-3902-7, lire en ligne), p. 12
↑François Miquet, Sobriquets patois et dictons des communes et hameaux de l'ancien genevois et des localités limitrophes, Annecy, , 27 p. (lire en ligne), p. 18.
↑Jean Brunier, « Les anciens châteaux du Val de Thônes », Revue annuelle des Amis du Val de Thônes, no 6, , p. 72 (ISSN0339-6428).
↑ a et bComte Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 2, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 90-354, « Clets (des) ».