Dédié à Charles Trenet, le film est intitulé, au moment de sa sortie, « Les mauvaises fréquentations : le Père Noël a les yeux bleus[1]. »
Synopsis
À Narbonne, aux environs de Noël. Dans l'espoir de pouvoir s'offrir un duffle coat, Daniel (Jean-Pierre Léaud) multiplie les petits boulots. C'est ainsi qu'il accepte la proposition d'un photographe : se déguiser en père Noël pour poser dans la rue avec les passants. Ce qui lui vaut l'occasion d'intéresser les filles sous son déguisement.
« Quand le film perd son allure de manifeste, la poésie perce. Ce constat intimiste, en refusant la prise de position morale, débouche sur une authentique mais trop furtive fraîcheur d'inspiration. Les conquêtes de la Nouvelle Vague sont désormais trop bien assimilées pour que les revendications formelles fassent à elles seules la moitié du contenu d'un film. Jean Eustache s'est laissé prendre à ce jeu. Tant pis. L'autre moitié permet de créditer Eustache d'une tendresse amusée pour le gendre humain. Espérons que cet "humanisme" n'en restera pas là[2]. » (Philippe DeFrance)
« Qu'on aime ou non cet univers replié sur soi, macérant le "spleen" comme on mâche du tabac, Jean Eustache nous y emprisonne : les sentiments tirés - nous fussent-ils étrangers - sont peu à peu intégrés dans une réalité ; dès lors Le Père Noël a les yeux bleus devient autre chose qu'un simple spectacle. C'est une sorte de confession, d'élégie plaintive, un cri de révolte rentré[3]. » (Henry Chapier)
« Jean Eustache avec beaucoup de sensibilité, avec un talent vrai, lucide, avec une totale sincérité, s'est penché sur une ville de province qu'il connaît bien, en a écouté le souffle, y a retrouvé le rythme de vie offert à la jeunesse. Que Jean Eustache continue, qu'il y ait d'autres Jean Eustache et nous aurons bientôt tout un cinéma, tout un cadastre humaniste de la France, de la façon et du parfum d'y vivre[4]. » (Albert Cervoni)
Jacqueline Lajeunesse Image et son, la saison cinématographique 66, n° 197-198, septembre-, pp. 146-147
Philippe DeFrance, « Critique Le Père Noël a les yeux bleus », Cinéma 67, n° 114, 1967
Interview de Jean Eustache par Jean Collet, « Il faut être fou pour aller faire un film à Narbonne », Télérama du 28/12/1966 - article consultable dans le dossier Le Père Noël a les yeux bleus dans les collections de la Cinémathèque de Grenoble