Conrad, peintre raté, gît sur son lit, souffrant d'un mal mystérieux que son médecin ne peut soigner. Obsédé par l'argent et attiré par une danseuse, Fiammetta, dont il a peint le portrait en Circé, il ne rend pas à Hélène l'amour sincère que celle-ci lui donne et refuse l'aide que Bénédict, fiancé de la sœur d'Hélène, voudrait lui apporter. Au cours de la nuit, un personnage diabolique, qui a la figure du médecin, vient proposer à Conrad d'obtenir tout l'or qu'il souhaite et l'amour de Fiammetta en appuyant sur un timbre d'argent magique (sorte de cloche). Lorsqu'il le fait retentir, il reçoit en effet la richesse, mais le père d'Hélène meurt subitement. Conrad profite de son or pour séduire Fiammetta, en se lançant dans une ruineuse concurrence avec un marquis, qui a lui aussi l'apparence du médecin. Finalement il apprend que toute sa richesse lui a été volée par son intendant, et décide de revenir vers Hélène.
Bénédict épouse sa fiancée, mais il meurt soudainement au plus fort de la fête, lorsque Conrad, à nouveau tenté par l'envoyé du Diable, presse une seconde fois le timbre d'argent. Désespéré, Conrad renonce définitivement à ses rêves malsains et se débarrasse du timbre d'argent que vient lui tendre le spectre de Bénédict. À ce moment, Conrad se réveille de ce qui n'était qu'un songe. Il est enfin prêt à aimer Hélène.
Historique
Tout comme Les Contes d'Hoffmann des mêmes auteurs, Le Timbre d'argent est d'abord une pièce de théâtre écrite par Jules Barbier et Michel Carré pour le théâtre de l'Odéon. Après avoir contacté plusieurs compositeurs, tels Henry Litolff ou Fromental Halévy, pour le transformer en opéra-comique, ils confient leur livret avec le jeune Camille Saint-Saëns. La partition complétée, celui-ci la présente au directeur du Théâtre-Lyrique, Léon Carvalho, qui la reçoit mais quitte ses fonctions avant qu'elle ne soit montée[1]. Émile Perrin, directeur de l'Opéra de Paris, accepte le projet sous réserve que les auteurs ajoutent un acte avant de se désintéresser de la pièce. Camille du Locle qui vient de rependre l'Opéra-Comique se montre à son tour intéressé mais il demande lui aussi des changements (dont la suppression du ballet), ce que Saint-Saëns refuse[1]. C'est finalement Albert Vizentini, chef d'orchestre de Jacques Offenbach qui vient de succéder à ce dernier à la tête de la Gaîté-Lyrique (rebaptisée Théâtre-Lyrique-National), qui se charge de la création le [1].
L’œuvre a été profondément remaniée par Saint-Saëns pour sa recréation à La Monnaie de Bruxelles en 1914.