À la fin de la Guerre du Pacifique, des étudiantes sont enrôlées à Okinawa comme infirmières au service de l'Armée japonaise. Elles se sacrifient courageusement pour leur pays avant que les troupes japonaises ne soient anéanties sous le feu américain.
Mitsuo Makino, l'un des responsables de la Toei, reprend avec La Tour des lys un projet abandonné par la Daiei. En agissant ainsi, il fait preuve de courage. Le sujet du film n'est pas de nature à ménager l'Armée américaine, encore présente dans le pays à cette époque. Mieux encore : il fait appel à Tadashi Imai, l'une des victimes de la purge rouge, consécutive aux grèves de la Toho. À celui-ci, alors réticent, Mitsuo Makino rétorque : « Je ne suis ni de droite ni de gauche, mais du parti du grand cinéma japonais ». Cette position audacieuse peut aussi s'expliquer « par le fait qu'il veuille aller au bout de son pari alors qu'il se trouve responsable de la production d'une société sur le point de s'écrouler. »[3].
Les faits donnent raison à Makino : les spectateurs japonais sont bouleversés par la vision du film et La Tour des lys apportera un regain de prospérité à la Toei, grâce à un immense succès populaire. Basé sur d'authentiques documents historiques, le film symbolise ce que les critiques japonais ont appelé le réalisme nakanai ("sans larmes"), démarche très caractéristique du réalisateur Tadashi Imai, qui s'est toujours soucié d'exposer le drame social lui-même, au détriment d'une vision personnelle du monde ou de soubassements psychologiques implicites. Ce qui incite Donald Richie à écrire : « L'originalité d'Imai se trouve dans ce qu'il affirme, dans le sujet de ses films, plutôt que dans un style hautement personnalisé. »[4].
S'agissant de La Tour des lys, nommé ainsi en référence au monument dédié au sacrifice des jeunes infirmières, Tadashi Imai « désigne comme "responsable de la tragédie" le fatalisme traditionnel japonais, à cause duquel ces filles avaient été, en réalité, entraînées à mourir »[5].
Notes et références
↑La Tour des lys : titre français du film lors de la rétrospective « La Tōei, histoire des grands studios japonais, 3e volet » du 21 janvier au 20 mars 2010 à la MCJP