La Madone de Cimabue portée en procession à Florence est une peinture à l'huile de l'artiste anglais Frederic Leighton réalisée à Rome de 1853 à 1855. C'est la première grande œuvre de ce peintre ; elle mesure plus de deux mètres de haut et plus de cinq mètres de large[1]. Elle est exposée à la National Gallery de Londres, à laquelle la reine Élisabeth II l'a prêtée. La peinture est accrochée bien en vue, au-dessus du vestibule principal, juste en face de l'entrée du musée[2].
La Madone reproduite est non pas une œuvre de Cimabue, mais la Madone Rucellai de l'artiste siennoisDuccio di Buoninsegna. Cette erreur d'attribution dans le titre de l'œuvre de Leighton est le résultat de l'erreur que Vasari a commise en attribuant cette madone à Cimabue et qui n'a été corrigée qu'en 1889 par Franz Wickhoff[5]. La description de la supposée procession accompagnant la Madone Rucellai à Santa Maria Novella, dont aucun document ne fait mention avant Vasari, est calquée sur celle de la manifestation organisée pour le transfert de la Maestà de Duccio au Duomo de Sienne le [6].
La peinture connut un succès immédiat en 1855 lorsque Leighton la présenta à l'exposition de la Royal Academy à Londres : elle valut à son auteur des louanges presque unanimes[7]. La reine Victoria l'acheta le premier jour de l'exposition pour 600 guinées. La National Gallery cite ce que la reine écrivit dans son journal sur cette peinture :
« Il y avait un très grand tableau d'un homme appelé Leighton. C'est une belle peinture, si brillante et si lumineuse, qui rappelle tout à fait une peinture de Paul Véronèse. Albert en était charmé, à tel point qu'il me l'a fait acheter[1]. »
L'artiste anglais Dante Gabriel Rossetti écrivit que l'œuvre prouvait la grande aptitude de Leighton à concevoir de riches arrangements[8]. Son frère, le critique d'art et écrivain William Michael Rossetti, ne fut pas charmé autant par cette peinture : « Son tableau a du volume mais non pas de grandeur, du style mais non pas d'intensité, du design plutôt que de la réflexion, de l'arrangement plutôt que de la conception : c'est une œuvre individuelle, pas particulièrement originale[9]. »
↑Joseph Archer Crowe, Giovanni Battista Cavalcaselle, Anna Jameson, « Cimabue et la Madone Rucellai », dans Les primitifs italiens, Paris, Parkstone, (ISBN1844848663, lire en ligne), p. 58
(en) Emma Barker, « Case Study 5: Academic into Modern: Turner and Leighton », dans Gill Perry et Colin Cunningham (dir.), Academies, Museums, and Canons of Art, Yale University Press, (ISBN0300077432), p. 268.
(en) Emilie Isabel Wilson Barrington, The Life, Letters and Work of Frederic Leighton, vol. 2, Harvard University, .