Prologue[1] J'ai fait un sombre rêve, Au-delà de l'île de Skye, J'ai vu qu'un mort avait gagné une bataille, Et je crois que ce mort c'était moi. — Extrait de la ballade La Bataille d'Otterbourne[2]
Durant la Seconde Guerre mondiale, le capitaine de corvette Ewen Montagu et son adjoint, de la Royal Navy, conçoivent une ruse pour amener les autorités allemandes à croire qu'un débarquement des Alliés aura lieu en Sardaigne et dans les Balkans alors qu'il est prévu en Sicile occupée par l'ennemi.
Ils font en sorte que les Espagnols trouvent sur une de leurs plages le cadavre d'un officier britannique détenteur d'un plan de débarquement. Les Britanniques ont fabriqué tout un passé au mort (le cadavre anonyme d’un civil) baptisé pour la circonstance « William Martin » : de la lettre d'amour déchirante de sa petite amie jusqu'à un avis de découvert bancaire en passant par des billets d'une pièce de théâtre. Avant que les Espagnols n'enterrent le cadavre et ne restituent ses documents aux autorités britanniques, les espions allemands ont eu le temps de les photographier entièrement, c'est ce que les Anglais découvrent en les faisant examiner par des experts.
Les Allemands délèguent à Londres un de leurs espions, l'Irlandais Patrick O'Reilly, chargé de vérifier l'authenticité de l'identité de William Martin. O'Reilly contrôle point par point la véracité de l'existence de Martin : de la boutique où il achetait ses chemises jusqu'au domicile de sa « fiancée ». Pris d'un doute, O'Reilly tend un piège aux Britanniques en mettant son existence en péril : il dévoile à la fiancée son identité et le nom de la pension de famille où il réside. Si les Britanniques viennent l'arrêter, c'est que William Martin et son plan de débarquement ne sont qu'un stratagème. Le capitaine Montagu a une prémonition de la tactique de O'Reilly et demande aux services secrets de ne pas l'appréhender. Passé le délai d'attente, O'Reilly, depuis sa chambre, confirme par émetteur radio l'authenticité de Martin aux Allemands qui retirent une partie de leurs troupes de Sicile pour les poster aux prétendus lieux de débarquements.
Les Alliés peuvent alors moins difficilement débarquer en Sicile « William Martin », l'homme qui n'a jamais existé, repose au cimetière de la ville côtière d'Huelva en Espagne où son cadavre fut découvert sur l'une des plages un beau matin d'avril 1943.