Dans l'œuvre de Sigmund Freud, la publication de L'Avenir d'une illusion (Die Zukunft einer Illusion) fait suite, en 1927, à celle de La question de l'analyse profane (1926) et précède la parution, en 1930, du Malaise dans la civilisation (ou Malaise dans la culture)[1],[2]. D'après Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, la thématique réunissant ces trois livres est à lire dans une lettre de leur auteur à Oskar Pfister, datée du 25 novembre 1928, où Freud précise qu' « en traitant de l'analyse profane il entendait protéger la psychanalyse contre les médecins alors que dans L'Avenir d'une illusion il cherche à la défendre contre les prêtres »[1].
Freud commence de travailler à cette étude vers mai 1927, en la soumettant en septembre à l'appréciation de Max Eitingon (la lettre de Freud du 10 octobre à Eitingon et celle à Ferenczi du 23 octobre montrent que le livre est destiné d'abord à « renflouer l'Internationaler Psychoanalytischer Verlag », dont la situation est alors précaire)[3]. Les épreuves sont prêtes en octobre et le livre paraît en novembre 1927[3]. L'ouvrage est traduit en français pour la première fois en 1932 par Marie Bonaparte sous le titre L'Avenir d'une illusion[1],[2]. Il est traduit pour la première fois en anglais en 1928 par W.D. Robson-Scott sous le titre The Future of an Illusion, titre repris par James Strachey en 1961 dans la Standard Edition[1].
Le livre s'est d'abord appelé L'avenir de nos illusions[3]. Son titre est probablement emprunté à la pièce de théâtre Liluli (1919) de Romain Rolland[1], qui en avait envoyé un exemplaire à Freud en 1923 avec la dédicace suivante : « Au destructeur d'illusions, Prof. Dr. Freud »[3]. Selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Rolland « s'appuiera sur l'ouvrage de Freud pour soutenir sa thèse d'un “sentiment océanique”, forme première d'un besoin religieux chez tout homme », thèse dont Freud discutera à son tour la validité dans Le Malaise dans la civilisation[1]. C'est ainsi, écrit Odon Vallet, que « le lien entre L'Avenir et le Malaise passe par Romain Rolland », Liluli étant l'onomatopée d' « Illusion »[2] : dans le Malaise, Freud se démarque de cette notion de « sensation océanique », en déclarant qu'il ne lui est pas possible de découvrir en lui-même « pareil sentiment “océanique” »[2].
↑ abc et dAlain Rauzy, Notice pour L'avenir d'une illusion, dans OCF.P, tome XVIII, Paris, PUF, 1994, p. 142-143.
Voir aussi
Bibliographie
Texte de référence
Sigmund Freud (trad. de l'allemand par Anne Balseinte, Jean-Gilbert Delarbre, Daniel Hartmann), L'Avenir d'une illusion [« Die Zukunft einer Illusion »], Paris, PUF, coll. « Quadrige Grands textes », , 6e éd. (1re éd. 1994 OCF.P XVIII), 61 p. (ISBN978-2-13-054702-0) ; PUF / Quadrige, 2013, (ISBN9782130619567), mis en ligne sur Cairn.info le 07/06/2017, (ISBN9782130809678) [lire en ligne]
Études et commentaires
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Dalibor Frioux, L'Avenir d'une illusion de Freud, vol. 23, Rosny-sous-Bois, Éditions Bréal, coll. « La Philothèque », (ISBN978-2-7495-0559-6)
François Pommier, « Psychanalyse et croyance, autour de L’Avenir d’une illusion », Les Lettres de la SPF, 2016/2 (N° 36), p. 135-143. DOI : 10.3917/lspf.036.0135. [lire en ligne]
Alain Rauzy, Notice pour L'avenir d'une illusion, dans OCF.P, tome XVIII, Paris, PUF, 1994, p. 142-143, collection Quadrige, 2013, [lire en ligne].