Delia est auteure de bande dessinée. Elle vit depuis de nombreuses années à Rome et demeure toujours, à quarante ans passés, célibataire . Elle est subitement rappelée à Naples, sa ville natale, car sa mère y a été retrouvée noyée dans les eaux du Golfe. L'instruction policière conclut à un suicide. À l'inverse, Delia n'accorde aucune confiance à la thèse officielle, persuadée que l'exubérance et la vitalité de sa génitrice ne s'ajustent nullement à un acte aussi brutalement désespéré et catégorique. Elle mène donc sa propre enquête. Les événements et la reconstruction fragmentaire des derniers jours de sa mère, notamment les communications téléphoniques avec un personnage énigmatique, mettent brusquement en lumière des faits antérieurs que Delia avait enfouis dans sa mémoire; du souvenir d'une altercation violente entre ses parents au sujet d'une relation ambiguë. À la suite de quoi, elle s'était éloignée de sa mère... Au fond, Delia ne se sent, dans l'immédiat, guère préparée à démêler un passé trop douloureux. Elle prend, en dernier recours, la décision de rejoindre Rome, laissant dans l'ombre une conclusion aussi tragique que mystérieuse...
Le deuxième long métrage de Mario Martone, L'amore molesto, tiré du roman d'Elena Ferrante et situé de nouveau à Naples, semble différer en tout point de Morte di un matematico napolitano (1992). « L'histoire de Delia, [...], s'appuie sur des choix stylistiques et narratifs opposés à ceux de sa première œuvre. Le décor urbain, baigné par une lumière livide, est ici résolument moderne et l'utilisation de très longues focales permet d'épier le personnage dans ses déplacements frénétiques au milieu d'une foule qui était totalement absente de la Naples solitaire de Caccioppoli. [...] Autant, dans Mort d'un mathématicien napolitain, Martone s'évertuait à contourner le risque d'une interprétation univoque du drame intérieur du protagoniste, autant, dans L'Amour meurtri, chaque détail narratif finit par être absorbé par la révélation finale. [...] Malgré ces différences, les deux premières œuvres du réalisateur napolitain témoignent, au fond, d'une incontestable unité d'inspiration, conséquence d'une commune vision tragique qui, à l'exception notable de Pasolini, constitue un phénomène rare dans le contexte du cinéma italien. »[2]
Restauration
23 ans après sa première sortie, la version restaurée arrive sur grand écran dans une nouvelle version le [3].
Références
↑L'amore molesto a été publié, en France, sous le titre L'Amour harcelant (traduction : J.-N. Schifano), chez Gallimard, Paris, 1995.
↑F. M. D'Angelo in : Dictionnaire du cinéma italien", Nouveau Monde Éditions, Paris, 2014.