Keny Arkana naît le , grandit à Marseille[3] et vit une enfance tumultueuse, faite de nombreuses fugues. « Ses esquives se multiplient, ses bêtises aussi, au point qu’un juge pour enfants décide de la placer en foyer. Elle a 11 ans[4],[5]. » Ces événements sont évoqués dans les chansons J'viens d'l'incendie, Je me barre, Eh connard, et L'Odyssée d'une incomprise.
Keny Arkana commence à rapper ses premiers textes à l'âge de douze ans[6]. En 1996, elle commence à se produire devant ses camarades de foyer[6]. Elle se fait connaître dans l'underground, à la Friche de la Belle de Mai. Deux collectifs auxquels elle appartient successivement se forment : Mars Patrie et État-Major.
État Major, initialement composé de 13 personnes (huit MCs, deux DJs et trois danseurs) est un tremplin pour Keny Arkana. Un premier maxi vinyle paraît en 2003, porté par une formation État Major alors composée de Kao Domb’s, Chakra Alpha et DJ Truk. Ce groupe lui permet de se faire connaître du public marseillais. Elle participe à de nombreux concerts, mixtapes et émissions de radio, d'abord sous le nom de Keny, avant d'y apposer le nom d'Arkana, personnage de la série d'animation Les Mondes engloutis[7].
Entre ciment et belle étoile (2006-2010)
Après de nombreux titres et apparitions, Keny Arkana écrit son premier album. L'album, produit par Enterprise, Karl Colson, et Kilomaître Production, est publié en sous le titre de Entre ciment et belle étoile, chez Because Music. Cet album retrace ses nombreux combats, notamment celui contre la globalisationcapitaliste et contre l'oppression de l'État et du racisme institutionnel, mais aussi les moments difficiles de son enfance. Dans Eh connard, elle s'en prend au directeur d'un foyer qui considérait qu'elle n'avait pas d'avenir. Elle rend aussi un hommage à l'Argentine dont son père est originaire[5] sur le titre Victoria (avec des paroles en espagnol de Claudio Ernesto Gonzalez) et « distille des touches d'espoir et de conscience »[8].
Au printemps , Arkana annule ses concerts en raison d'une organisation défaillante (« les gens honnêtes ne sont pas très compétents, et les gens compétents pas très honnêtes »[9]) en lançant un « appel aux sans-voix » afin de construire un autre monde pour la jeunesse[10]. Durant l'été, elle participe à plusieurs festivals (Vieilles Charrues, Dour, Quartiers d'été…) et fait à l'automne une tournée française s'arrêtant notamment à l'Olympia de Paris. Le elle se produit en pleine rue dans le quartier populaire Les Pâquis à Genève en Suisse[11]. Ce concert sauvage tenu sur un carrefour, au plein milieu de la rue, est en soutien à l'intersquat de Genève (en réponse à l'évacuation par la force de la quasi-totalité des squats genevois)[12]. En sa première street-tape l'Esquisse vendu à plus de 60 000 exemplaires[9] est rééditée[13].
En , alors qu'elle poursuit sa tournée nationale La tête dans la lutte, Keny Arkana interprète Nettoyage au Kärcher à la cérémonie du Prix Constantin de 2007[14]. Selon L'Express, « Keny Arkana lance les hostilités. La rappeuse déboule tel un pitbull : « Elle est où la plus grande racaille ? À l'Élysée ! ». Ses partenaires sortent des nettoyeurs à haute pression Kärcher et font mine de nettoyer un acolyte affublé d’un masque de Nicolas Sarkozy. On cherche en vain du regard la ministre de la Culture, on découvrira le lendemain, dans les colonnes du Parisien, qu’il fut conseillé à la ministre Christine Albanel de s’installer dans la salle après la prestation de Keny Arkana »[15]. Des militants du Front national détournent ce morceau dans « un clip à la gloire du parti d'extrême droite » lors de la campagne pour l'élection présidentielle française de 2007[16]. Keny Arkana considère « [qu']ils enlèvent tout le couplet sur Le Pen. Ils prennent des images de La rage, qu'ils coupent avec leurs images à eux de nazis, et ils font une espèce de clip de propagande pro-Le Pen[16] ». La même année, Keny Arkana donne un concert sauvage à Genève avec le collectif l'Appel aux sans voix, dont elle fait partie, dans le cadre d'une tournée en France dans les endroits oubliés, pour soutenir les gens qui luttent et tisser des liens avec des personnes qui n'ont pas l'habitude de prendre parole[12].
La même année, Arkana produit Un autre monde possible, un documentaire d'une soixantaine de minutes où elle récolte le témoignage de plusieurs personnes qui viennent des quatre coins du monde.[réf. nécessaire]
Le , son manager annonce sur Facebook que Keny Arkana est « est en train de terminer la mixtape L'Esquisse 2, prévu pour le printemps 2011 »[17]. Le sort le clip V pour Vérités, qui totalise près de 200 000 vues sur Youtube, une semaine après publication[18] (en 2023, il dépasse les 10 000 000 vues), le jour même Keny Arkana annonce que son album L'Esquisse 2 sortira le . Le elle sort un nouveau clip intitulé Marseille en featuring avec RPZ et Kalash l'Afro. Le sort donc son quatrième album (deuxième mixtape) L'Esquisse 2.
Le deuxième album studio s'intitule Tout tourne autour du soleil et est publié le [5]. Le sort Vie d'artiste, le premier extrait, Gens Pressés le second extrait, sort le .
En , un concert libre en plein air, en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est donné sur place lors du festi'ZAD devant 20.000 personnes, en plein hiver dans un champ de boue, avec une organisation minimaliste[19].
Keny sort sa mixtape L'Esquisse 3, le . En suit une tournée des festivals durant l'été 2017.
Exode (depuis 2020)
Après un long silence, Keny Arkana fait son retour en 2020 avec une apparition dans l'album 13'Organisé, album réunissant une cinquantaine de rappeurs de Marseille sous l'égide de Jul. Elle est la seule femme présente sur cet album[22].
Elle annonce son retour en et son troisième album, Exode, déjà prévu à la sortie de son dernier projet L'Esquisse 3, trois ans plus tôt. Pour préparer la sortie de ce prochain album elle sort dès la fin de l'année 2020 un premier morceau J'sais pas faire autrement[23],[24], suivi, le 1er janvier 2021, d'un deuxième, intitulé Viens mon frère[25]. Ces deux nouvelles chansons sont les premiers extraits de ce qui semble être la mixtape Avant l'Exode qui annonce la sortie du prochain projet.
Influences et militantisme
En solo depuis l'année , Keny Arkana publie son premier maxi vinyle en , Le Missile est lancé. Début , elle apparaît sur la compilation Om All Stars, aux côtés d'artistes et groupes marseillais tels que IAM ou Psy 4 de la rime. Elle y interprète Les Murs de ma ville, où elle rend hommage à sa ville. Elle fonde par ailleurs avec son manager LTK sa propre structure de production nommée La Callita avant de signer un contrat en 2006 chez Because Music. Elle réalise en solo la street-tape CD intitulée L'Esquisse[26].
Keny Arkana retranscrit, à travers ses écrits, son mal de vivre, et aussi sa vision du monde (la rabia del pueblo, « la rage du peuple »), ce qui lui vaut d'être assimilée aux mouvances altermondialiste, anticapitaliste, anarchiste, révolutionnaire et anticolonialiste du rap français[27],[28]. Elle refusera cependant toute étiquette politique, se décrivant comme « impossible à encarter ».
Keny Arkana privilégie le militantisme, se définissant non comme une rappeuse, mais comme une contestataire qui fait du rap[29]. Elle participe en 2004 à la fondation du collectif La Rage du peuple, qui milite pour « une colère positive, fédératrice, porteuse d'espoir et de changement. » Elle intervient ainsi dans de nombreux forums altermondialistes en Afrique et en Amérique du Sud et en tire un documentaire vidéo intitulé Un autre monde est possible (2006) tourné au fil de ses pérégrinations au Brésil, au Mali, au Mexique et en France[30].
En , Arkana annonce qu'elle quitte la France pour l'Amérique latine, qu'elle ne se fera pas vacciner et qu'elle est contre le passe sanitaire[33]. En , Booba partage un extrait du clip V pour Vérités de la rappeuse sur les réseaux sociaux, y voyant un parallèle avec la situation sanitaire française[34],[35].
2010 : Bienvenue à Marseille (Remix) Puissance Nord feat. Faianatur & Stone Black (Carré Rouge) & Yak & Segnor Alonzo (Psy 4 De La Rime) & Degun et Soprano (Psy 4 de la rime)
↑ ab et c« Indomptable Keny Arkana », sur Le Monde, (consulté le ), Je n'avais pas dix ans quand j'ai fait ma première fugue. Je disparaissais. J'ai été placée en foyer….
↑« Keny Arkana : « Sans un effort de bienveillance, la guerre civile nous attend » », Reporterre, le quotidien de l 'écologie, (lire en ligne, consulté le )
Bettina Ghio, Pas là pour plaire! : Portraits de rappeuses, Marseille, Le mot et le reste, (ISBN9782361392260), p. 165-205
Julien Valnet (préf. Olivier Cachin), M.A.R.S : histoires et légendes du hip-hop marseillais, Paris, Wildproject, coll. « À partir de Marseille », , 219 p. (ISBN978-2-918490-25-8), « Âge de raison (2002-2013) », p. 175-180