Encouragée par le directeur du Conservatoire de Paris, Théodore Dubois, Juliette Toutain hésita à se présenter en 1902 au concours du Grand Prix de Rome de composition musicale mais renonça, préférant se présenter d'abord au concours du prix de contrepoint et fugue des classes de composition du Conservatoire[8]. Néanmoins, sa possible candidature permit de soulever la question de l'admission des femmes au concours pour le Grand Prix de Rome de composition musicale[9].
En 1903, le concours du Grand Prix de Rome de composition musicale s'ouvrit aux femmes[10]. Juliette Toutain s'y inscrivit sans pourtant y prendre part[11]. Selon la musicologue Florence Launay, Juliette Toutain jugeait que les conditions de mise en loge ne respectaient pas les exigences de respectabilité d'une femme[12] et demandait une femme de chambre, un chaperon, des repas et périodes de repos pris à l'écart de ses camarades masculins[13]. Sa demande fut acceptée par le directeur du Conservatoire de Paris, Théodore Dubois, ainsi que Henri Roujon, le ministre des Beaux-arts, mais elle ne reçut cette réponse par une lettre que trop tard avant le début du concours[13]. Juliette Toutain ne se présenta donc pas à Compiègne pour commencer sa mise en loge[13]. À la suite de cette situation abracadabrantesque la famille Toutain demanda une annulation du concours et porta, en vain, l'affaire devant le Conseil d'État[13].
↑Jann PASLER, « Classe sociale, genre et formation musicale : préparer le prix de Rome au Conservatoire de Paris entre 1871 et 1900 », Romantisme, vol. 153, no 3, , p. 85 (ISSN0048-8593 et 1957-7958, DOI10.3917/rom.153.0085, lire en ligne, consulté le )
↑Sylvain Caron, « Les traces de l’évolution du statut des compositrices au début du XXe siècle dans la revue Musica », Revue musicale OICRM, vol. 4, no 2, 2017, p. 1-18 (lire en ligne)