Juliette Élisa Bataille est née le 15 juin 1896 à Étaples dans le Pas-de-Calais[1], troisième de dix enfants. En 1917, elle se marie et déménage à Paris où elle vit avec sa sœur pendant que son mari est enrôlé dans l'armée. Elle y travaille comme vendeuse et conductrice de tramway et plus tard comme fleuriste. A la fin de la guerre, son mari est démobilisé mais il est violent, la maltraite et la frappe. Vers l'âge de 40 ans, elle est atteinte de troubles mentaux et est d'abord admise à l'hôpital de Maison-Blanche à Neuilly-sur-Marne puis à l'hôpital de Ville-Évrard en banlieue parisienne. Là, elle commence à dessiner et à broder. Elle brode des cartes rectangulaires avec de la laine grossière, du coton et du fil de soie. Elle utilise aussi parfois des lanières de tissu ou des morceaux d'étoffe[2],[3].
Les œuvres brodées de Juliette Élisa Bataille représentent souvent des bâtiments aux structures linéaires et dynamiques, les fenêtres et les toits sont clairement définis, le ciel et les façades sont remplis de grands aplats de couleur.
Vers 1948, elle s’investit également dans la réalisation de dessins au pastel sur papier ou sur carton qui témoignent d’un même processus créatif: les figures esquissées par de traits courts et fermes et l'emploi de couleurs vives[3],[4].
Ses lignes brodées sont chargées d'émotion et posées avec une confiance résolue. Elle réalise l'entièreté de son œuvre en trois ans, environ de 1948 à 1951[5].
Juliette Élisa Bataille fait don de son œuvre à Jean Dubuffet, qu'elle rencontre plusieurs fois à l'hôpital entre 1948 et 1949.