D'origine allemande du côté maternel, Jules Duesberg est issu d'une famille aisée de la bourgeoisie catholique verviétoise, active dans l'industrie du textile[1]. Il est le frère ainé d'Hilaire Duesberg (1888-1969), exégète belge et membre de l'ordre de Saint-Benoît, et le cousin germain de l'historien médiéviste Henri Pirenne (1862-1935), également professeur à l'université de Liège.
Jules Duesberg entame des études de médecine à l'université de Liège en 1898 et devient docteur en médecine avec la plus grande distinction en juillet 1905[2]. La même année, Jules Duesberg effectue un séjour de recherche au laboratoire d'anatomie de l'université de Kiel en Allemagne.
De retour à Liège en 1906, il devient assistant d'histologie, son principal secteur de recherche, avant d'obtenir le grade de docteur spécial en sciences anatomiques en 1908, avec une dissertation sur la spermatogenèse chez le rat[3]. Il devient chef des travaux anatomiques en 1909 puis chargé des cours d'anatomie topographique en 1910. Pendant le rectorat du professeur Auguste Swaen, Jules Duesberg supplée au cours pratique d'histologie. En 1913, il est nommé chargé des cours pratiques d'histologie, son principal secteur de recherche[4].
En 1914, les activités de l'université sont interrompues par la Première Guerre mondiale. Jules Duesberg décide alors de rejoindre les États-Unis, avec son épouse et ses quatre enfants. En 1915, il est engagé comme research associate à la Carnegie Institution de Washington à Baltimore. Il poursuit ses recherches au département d'embryologie jusqu'en 1919, publiant ses résultats de recherches cytologiques sur la fécondation des ascidies et leur développement (1915) et sur les structures cytoplasmiques de l'épithélium séminal de l'opossum (1919)[5].
En 1919, à son retour en Belgique, Jules Duesberg est nommé professeur ordinaire[4]. L'université de Liège se reconstruit et doit notamment remplacer dix-sept titulaires d'enseignement morts ou retraités durant la Grande Guerre[1].
On dit de Jules Duesberg qu'il est un « professeur né »[6]. Il est, en tout cas, très apprécié des étudiants qui le surnomment affectueusement « le Grand Sympathique », ou encore « le Grand Oblique », en référence à sa démarche nonchalante[6].
Dès 1922, Jules Duesberg est membre correspondant de l'Académie royale de Médecine de Belgique et deviendra membre titulaire en 1935. Surtout, il s'implique davantage dans la gestion des affaires universitaires, en devenant d'abord secrétaire puis doyen de la Faculté de médecine. Son séjour aux Etats-Unis lui a permis non seulement de découvrir l'organisation très différente des universités américaines mais également de comprendre que la recherche scientifique est en pleine mutation.
Jules Duesberg est proposé en 1927 par le Conseil académique à l'agrément du ministre comme recteur, une fonction qu'il occupera pendant douze ans.
Jules Duesberg fera de l'autonomie financière des universités d'état son cheval de bataille. Dès son premier discours rectoral, prononcé le 16 octobre 1928, il affirme qu'elles doivent être débarrassées « de la tutelle étroite dans laquelle elles sont tenues, leur accorder ce qui fait la force des Universités de Bruxelles et de Louvain, la liberté, sous peine de les voir péricliter »[7].
Un grand chantier de son rectorat fut l'implantation du nouveau site universitaire liégeois du Val-Benoît, qui accueillit dans un cadre modernisé la nouvelle faculté de Sciences appliquées en 1937[1].
Convaincu de l'importance de créer une grande communauté des diplômés de l'université, Jules Duesberg est à l'initiative de l'Association des amis de l'université de Liège[1].
Après ses trois mandats à la tête de l'université de Liège, Jules Duesberg devient ministre de l'Instruction publique, d'abord dans le Gouvernement Pierlot II, du 18 avril au 3 septembre 1939, puis dans le Gouvernement Pierlot III. Il occupera cette fonction jusqu'au début de l'occupation allemande.
En 1939, avec d'autres acteurs liégeois, il s'implique dans la vente de Lucerne pour sauver des œuvres d'art des mains des nazis au profit de la Ville de Liège.
Pendant la guerre, Jules Duesberg demeure en Belgique. Il devient inspecteur-administrateur de l'université de Liège en 1943[2].
Il décède dans un accident de voiture le 12 juillet 1947.
↑ a et bRobert Demoulin, Liber Memorialis. L'université de Liège de 1936 à 1966. Tome II. Notice biographiques, Liège, université de Liège, , 838 p., p. 531
↑Meves, F., & Duesberg, J. (1907). Die Spermatozytenteilungen bei der Hornisse (Vespa crabro L): Hierzu Tafel XLII und XLIII. Archiv für mikroskopische Anatomie, 71(1), 571–587. https://doi.org/10.1007/BF02979926
↑ a et bLéon Halkin, Liber Memorialis. L'université de Liège de 1867 à 1935. Notices biographiques. Tome III. Faculté de Médecine, Liège, université de Liège, , 410 p., p. 256
↑J. Duesberg, « On the Interstitial Cells of the Testicle in Didelphys », Biological Bulletin, vol. 35, no 3, , p. 175–198 (ISSN0006-3185, DOI10.2307/1536276, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« M. Jules Duesberg », Pourquoi Pas ?, (lire en ligne [PDF])