Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Juan Goytisolo est l'un des écrivains les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Attaché par des liens sentimentaux et intellectuels très forts à l'Espagne où il est né, il a pourtant vécu en exil et développé un regard critique vis-à-vis de son pays d'origine[2] — ce regard critique l'aura aidé à construire une œuvre d'une grande originalité idéologique et stylistique et à adopter une position politique originale devant le nouvel ordre mondial de la fin du XXe siècle.
Après la fin de la guerre civile, Juan Goytisolo a suivi une scolarité au collège de Jésuites de Sarriá, puis au collège de Bonanova de los hermanos de la Doctrina Cristiana. En 1948, il commence des études de droit à l'Université de Barcelone[3] ; c'est à cette époque qu'il découvre la littérature contemporaine, notamment française (Gide, Sartre). Il publie en 1954 son premier roman, Jeux de mains, et abandonne les études de droit.
La publication de ses premiers romans est accueillie avec enthousiasme en France, ce qui lui vaut très vite une certaine renommée. En Espagne, il est en conséquence de plus en plus considéré comme un opposant très visible. Après plusieurs démêlés tendus avec la police franquiste, il finit par renoncer à ses voyages en Espagne. Ses livres sont, à partir de Pièces d'identité (1968), interdits de publication en Espagne et il est régulièrement l'objet de campagnes de dénigrement de la part de la presse officielle.
À partir de 1969, il s'engage dans une révolution radicale de l'écriture qui s'accompagne d'un bouleversement de son existence. Professionnellement, il décide d'abandonner son travail chez Gallimard ; sentimentalement, il découvre et assume son homosexualité ; géographiquement, il vit désormais entre Paris et Marrakech. C'est à partir de là qu'il entre dans son œuvre majeure et ses livres les plus importants (Don Julian en 1970, Juan sans terre en 1975, Makbara en 1980, etc.).
Sa situation chez Gallimard en fait un des intellectuels espagnols les plus connus, et un habitué des colonnes de la presse espagnole, en particulier « El País », et internationale.
Après le décès en 1996 de son épouse et collaboratrice Monique Lange, il quitte leur appartement de Paris et s'installe définitivement à Marrakech en 1997, où il meurt le à l'âge de 86 ans. Il repose dans le cimetière marin espagnol de Larache au Maroc ; sa tombe est la voisine de celle de Jean Genet[5].
Après un début de carrière très influencé par la littérature française (Gide, Sartre, le Nouveau roman) et préoccupé par la volonté de témoigner de la réalité sociale de l'Espagne contemporaine (notamment dans Terres de Níjar (1960) et La Chanca (1962)), il entre dans une révolution radicale, en partie influencée par les théories du texte (Barthes, Bakhtine) et la critique du réalisme, mais qui travaille en profondeur à la fois la tradition littéraire espagnole et l'identité profonde de l'auteur.
Ses livres proposent alors une écriture éclatée, associant le délire verbal et onirique et de délicieux morceaux d'ironie. Ils déconstruisent successivement les grands mythes de l'histoire espagnole (l'invasion musulmane avec Don Julian) et inventent une identité plurielle, celle de Juan sans terre, métèque sans attaches qui revendique sa splendide différence. Plusieurs de ses romans explorent la richesse de la culture musulmane (Makbara, Barzakh) ou revisitent la culture espagnole en relevant l'importance de ses sources juives| et musulmanes (notamment dans Les vertus de l'oiseau solitaire qui construit sa fiction sur les origines soufies de la poésie mystique de saint Jean de la Croix).
Essais
Cette plongée dans la tradition littéraire, associée à son activité d'enseignant dans les universités américaines, a conduit Juan Goytisolo à des essais modifiant en profondeur la tradition de l'histoire littéraire espagnole. Il participe ainsi à la redécouverte d'écrivains injustement ostracisés par l'orthodoxie nationaliste et religieuse, notamment en publiant L'œuvre anglaise de José Maria Blanco White (1972) ; il donne par ailleurs une nouvelle vision d'auteurs classiques comme saint Jean de la Croix, Cervantes, Rojas, etc.
Œuvre
Œuvre narrative
Juegos de manos (1954) - traduction française Jeux de mains
Duelo en el Paraíso (1955) - traduction française Deuil au paradis
↑ a et b« El viaje contra-espacial de Juan Goytisolo », dans Pesquisas en la obra tardía de Juan Goytisolo, Brill | Rodopi, (ISBN978-90-420-2547-9, lire en ligne), p. 43–68
Abdelatif Ben Salem, Juan Goytisolo ou les paysages d'un flâneur, Paris, Fayard, Institut du monde arabe, 1996.
(en) Bradley S. Epps, Significant violence: oppression and resistance in the narrative of Juan Goytisolo, Oxford, Oxford University Press, 1996.
Annie Bussière-Perrin, Le théâtre de l'expiation : regards sur l'œuvre de rupture de Juan Goytisolo, Montpellier, centre d'études et de recherches sociocritiques, 1998.
Emmanuel Le Vagueresse, Juan Goytisolo : Ecriture et marginalité, Paris, L'Harmattan, 2000.
(en) Abigail Lee Six, Juan Goytisolo: the Case for Chaos, New Haven, Yale University Press, 1990.
Yannick Llored, Juan Goytisolo : le soi, le monde et la création littéraire, Villeneuve d'Ascq, Presses du Septentrion, 2009.