Pendant la Seconde Guerre mondiale, les parents de Joëlle Kauffmann sont résistants gaullistes, ils lui inculquent donc leurs valeurs[1]. Son père, issu d'une famille modeste, est architecte. Sa mère reste au foyer et élève ses cinq sœurs. Joëlle Yvonne Marie Brunerie[2] naît en 1943 à l'hôpital Purpan de Toulouse, en Haute-Garonne[3]. Elle épouse Jean-Paul Kauffmann en 1973, elle donne naissance à Grégoire Kauffmann[4] la même année et, deux ans plus tard, à Alexandre Kauffmann son second fils.
Études
Elles fait ses études chez les Ursulines dans de le but de recevoir une « bonne éducation ». Après avoir obtenu son baccalauréat à l'âge de seize ans, soutenue par ses parents[1], elle poursuit ses études à la faculté de médecine de Nantes, puis se spécialise en gynécologie[5] médicale à Paris. Elle fait son internat à l'hôpital Beaujon à Paris.
Engagement
Au moment de la Guerre d'Algérie, elle s’intéresse à la politique et entre à l'UNEF où elle milite dans la "mino" de gauche[1],[6]. Dans le même temps, elle découvre les avortements réalisés illégalement dans les services d'urgence et doit elle-même se faire avorter clandestinement dans la honte et le secret. Une fois à Paris, elle tient une consultation de Planning familial à Paris à la MNEF, destinée aux étudiantes. Elle y rencontre le docteur Pierre Jouannet, maoïste, qui devient un compagnon de lutte.
Elle est un membre actif du Groupe information santé (GIS) qui prône une révolution dans la médecine pour repenser les rapports de pouvoir entre médecins et patients. Le groupe défend le médecin Jean Carpentier, radié de la profession pendant un an après avoir rédigé en 1971 le tract "Apprenons à faire l'amour". Féministe, elle fait le lien entre le Mouvement de libération des femmes (MLF) et les médecins d'extrême gauche[7].
En 1972, elle entend parler,par l'intermédiaire de la journaliste Kénizé Mourad, de Harvey Karman et de sa méthode d'avortement par aspiration, pratiquée dans les huit premières semaines de la grossesse, sans anesthésie. Après une démonstration de cette méthode organisée dans l'appartement de Delphine Seyrig à Paris, elle commence avec d'autres médecins du GIS à la pratiquer illégalement[8] car elle préfère militer sur le terrain tout en reconnaissant le caractère éphémère de la démarche mais en comptant sur le soutien de personnalités comme celles qui constituent l'Association nationale d'étude de l'avortement (ANEA) dirigée par Raoul Palmer, son "patron de thèse".
Alors que son mari, en 1985, est pris en otage au Liban, elle agit pour sa libération, notamment en amarrant une péniche près du siège de L'Événement du jeudi où elle installe un comité de soutien[4], en faisant le siège des autorités (ministères, présidence de la République) et en négociant auprès des ravisseurs à Beyrouth[11]. Il est libéré — largement grâce à sa mobilisation — en [11],[12].
* Grand-croix de la Légion d'honneur (2024)[14]. Elle est faite chevalier de l'ordre le , puis est promue officier le [15], et enfin commandeur par décret du [16], avant d'être élevée à la dignité de grand officier le [17]
Références
↑ ab et cBard, Christine (1965-....). et Chaperon, Sylvie (1961-....)., Dictionnaire des féministes : France, XVIIIe – XXIe siècle, Paris, PUF, 1700 p. (ISBN978-2-13-078720-4).
↑Bibia Pavard, « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 29, , p. 79–96 (ISSN1252-7017, DOI10.4000/clio.9217, lire en ligne, consulté le ).