Il participe à la guerre d’indépendance contre les forces coloniales portugaises, qui se termine en 1975[1]. Il suit ensuite des études d'histoire en Union soviétique entre 1978 et 1982[2] à l’Académie supérieure Lénine[3]. Il occupe ensuite plusieurs postes au sein du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA, un parti initialement d’inspiration marxiste-léniniste)[1]. Son parcours militaire le conduit aux fonctions de commissaire provincial puis de chef de la direction politique nationale des FAPLA (Forças Armadas Populares de Libertação de Angola – Forces armées populaires de la libération de l’Angola)[3].
En 1986, le président José Eduardo dos Santos amorce un renouvellement des cadres politiques angolais et nomme, entre autres, Lourenço au poste de gouverneur de la province de Benguela en avril[4].
Il est secrétaire général du MPLA de 1998 à 2003[3]. Lorsque le président José Eduardo dos Santos indique, à la fin de la guerre civile angolaise en 2002, envisager de quitter le pouvoir, il se dit prêt à lui succéder. Mais dos Santos est un stratège, et sa déclaration n'avait peut être pour but que d'identifier les ambitieux. João Lourenço est écarté du secrétariat général du parti au pouvoir. Lourenço n’est pas en effet le choix premier du chef de l’État pour lui succéder. Dos Santos a d’abord privilégié son fils, José Filomeno de Sousa dos Santos, mais les cadres historiques du MPLA se montrent hostiles à cette option dynastique. Dos Santos a, dans un second temps, tenté d’imposer un homme qui lui doit tout, Manuel Vicente, l’ancien président de la compagnie pétrolière Sonangol, qui n'est passé ni par l'armée ni par le parti, et s'est trouvé disqualifié par des affaires de corruption[5].
Entre 2003 et 2014, João Lourenço devient premier vice-président de l'Assemblée nationale. En , il prend un poste important du gouvernement en étant nommé ministre de la Défense[6]. En , il devient aussi vice-président du MPLA[2],[7].
Président de la république d'Angola
Fin , le MPLA, dirigé par dos Santos, choisit João Lourenço comme candidat à la présidence lors des élections législatives d'. Il appartient à la vieille garde du MPLA dont il fait partie de l'appareil, et est considéré comme un modéré[8]. Son choix est consensuel à l'intérieur du parti[9]. Selon l’ancien Premier ministre Marcolino Moco, « Lourenço fut de l’aile prudente au moment de la chute du mur de Berlin ». Plusieurs fois présent au Portugal lors des fêtes du journal Avante! et aux congrès du Parti communiste portugais, João Lourenço a été membre de la délégation du MPLA au moment de l’adhésion de celui-ci à l’Internationale socialiste. Selon l’écrivain et journaliste d’opposition Rafael Marques, « João Lourenço est l’un des plus grands latifundiaires du pays, […] il est associé de la banque SOL, de la Banque angolaise d’investissements ». Marques le décrit aussi comme un « général dur »[3],[10].
En , dos Santos déclare officiellement qu'il n'est pas candidat à la présidence en et que João Lourenço est le candidat du MPLA[8],[7],[11].
Lourenço s'attaque au népotisme mis en place par son prédécesseur : il limoge Isabel dos Santos, la fille d'Eduardo dos Santos de Sonangol en novembre, puis Sindika Dokolo, le gendre d'Eduardo, qui était impliqué dans le commerce de diamants et enfin José Filomeno(en), le fils d'Eduardo, de la présidence du fonds souverain angolais en . Malgré ces limogeages, la famille dos Santos contrôle toujours de nombreux pans de l'économie angolaise[14],[15]. En 2018, il remplace le chef des services de renseignement (SINSE), puis le chef d'état-major de l'armée après son inculpation dans une affaire de corruption portant sur 50 milliards de dollars[16].
Jose Eduardo dos Santos, toujours président du MPLA, convoque un congrès du parti pour afin d'annoncer sa retraite politique. Lors de ce congrès, Lourenço est élu président du parti avec 98,59 % des voix[17].
Le contrôle du parti devrait permettre à Lourenço d'accélerer la lutte contre la corruption et la diversification d'une économie qui dépend en très grande partie du pétrole[17]. Cependant le pays connait toujours des difficultés économiques : il reste en récession (avec une contraction du PIB estimée entre 1,1 % et 1,7 % en 2018) et le taux de chômage (autour de 20 %) et l'inflation (passée de 23,7 % en 2017 à 18,6 % en 2018) restent à des niveaux élevés. Pour 2019, les prévisions sont encourageantes avec un PIB en croissance de 1,2 % à 2,2 %[18],[19],[20].
Le , lors de sa visite officielle à Cuba, Lourenço reçoit l'ordre de José Martí, la plus haute distinction cubaine. Le chef de l'État angolais a salué « …l’engagement de Cuba dans la défense du sol angolais et sa participation à la lutte pour l'indépendance de la Namibie … à l'abolition du régime fasciste d'apartheid en Afrique du Sud et l'aide à d'autres pays du monde malgré le blocus des États-Unis… »[21],[22],[23]. En 2021, João Lourenço exprime ses excuses publiques à propos des excès de la répression de la tentative de coup d’État du , où des milliers voire dizaines de milliers de personnes sont mortes et auquel les militaires cubains ont participé[24].
En , le directeur de cabinet de Lourenço, Edeltrudes Costa, est accusé par une enquête journalistique, de détournement de fonds publics et d'enrichissement personnel. En octobre, à Luanda, des manifestants demandent le limogeage de Costa[25],[26],[27].
Son premier mandat est principalement consacré à une politique vigoureuse de lutte contre la corruption. Sa politique économique (plan de réformes visant à varier les sources de revenus et privatisation d'entreprises publiques) ne permet pas de faire reculer la pauvreté, faisant baisser sa popularité[28]. Lors des élections générales de , le MPLA obtient 51,17 % des voix contre 43,95 % pour le premier parti d’opposition, l'UNITA. L'UNITA conteste le résultat de l'élection mais Lourenço est reconduit au poste de président[29].
↑ a et bRédaction du Monde et AFP, « José Eduardo dos Santos confirme sa retraite après trente-sept ans de pouvoir en Angola », Le Monde, (lire en ligne)