En 1744, Duplessis entre dans l'atelier de Pierre Subleyras à Rome. Durant son séjour romain, il rencontre Claude Joseph Vernet avec qui il reste lié. Il revient à Carpentras vers 1748. Il répond à des commandes de portraits de l'aristocratie locale et surtout peint deux tableaux d'histoire pour la cathédrale Saint-Siffrein : L'Invention de la Sainte Croix par sainte Hélène et La Pentecôte. Ce sont les deux seuls tableaux d'histoire de ce peintre (des études pour ces deux tableaux sont conservés à la bibliiothèque-musée Inguimbertine, ainsi que d'autres petits tableaux mythologiques et religieux datant vraisemblablement de sa formation dans l'atelier de Pierre Subleyras). En décembre 1751, il quitte Carpentras[6] en direction de Lyon avant de finalement se fixer à Paris en 1752. Son activité durant plus de dix ans reste obscure et une tradition le dit travaillant dans l'atelier de Jacques Aved.
Il réapparaît dans les sources et auprès du public en 1764, lorsqu'il expose cinq portraits à l'Académie de Saint-Luc. Il y montre notamment le portrait de l'abbé François Arnaud (1721-1784), originaire d'Aubignan, près de Carpentras. Ce portrait d'un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, esprit vif et réputé, contribue à la notoriété du peintre. En 1769, pour la première fois, il présente des tableaux au Salon, la grande exposition bi-annuelle qui se tient au Palais du Louvre. Diderot s'enthousiasme : Voici un artiste appelé Du Plessis qui s'est tenu caché pendant une dizaine d'années et qui se montre tout à coup avec trois ou quatre portraits vraiment beaux. Sa carrière est alors lancée. Il exposera plusieurs tableaux à chacun des Salons, jusqu'à sa suppression au moment des événements révolutionnaires. Agréé à la prestigieuse l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1769, il en devient conseiller le . Pour sa réception, il présente le portrait du sculpteur Christophe-Gabriel Allegrain (aujourd'hui au Musée du Louvre). La critique loue ses talents de portraitiste, soulignant les qualités de ressemblance et de vérité de ses tableaux, et aussi sa capacité à rendre compte du caractère des sujets représentés. Un talent à représenter les carnations lui est reconnu. Ses contemporains l'ont souvent comparé et opposé à Alexandre Roslin que l'on jugeait plus doué dans le rendu des étoffes.
La notoriété de Duplessis comme grand portraitiste s'atténue après 1785. La nouvelle génération incarnée par Elisabeth Vigée Le Brun s'impose, focalisant l'attention du public et des commandes.
La Révolution française met un terme à sa carrière de peintre. Il revient en 1793 dans sa ville natale où il participe à l'inventaire des objets d'art dans le district de Carpentras. Il est nommé conservateur des galeries du château de Versailles en 1796. Il meurt à Versailles le .
Entre 1928 et 1996, c’est la gravure exécutée à partir d'une peinture à l'huile en buste de Benjamin Franklin (appelée « Col de fourrure ») qui orne les billets américains de cent dollars[11],[12],[13]. Depuis 1996, c’est la gravure réalisée à partir du pastel original (veste grise) offert par Franklin à son ami et voisin Louis-Guillaume Le Veillard[14],[15] (dont Duplessis s'est servi pour réaliser la peinture à l'huile dite « Col de fourrure ») qui est présente sur les billets américains de cent dollars[11]. Ce portrait était le préféré de Benjamin Franklin qui refusa de poser pour d'autres portraits par la suite[16].
En mars 2019, le président américain Donald Trump choisit d'accrocher l'original de la peinture de 1785 (copie du pastel original de 1777-78 en veste grise) au mur du Bureau ovale de la Maison-Blanche[17],[18],[19]. En janvier 2021, son successeur, Joe Biden, garde ce tableau dans ce même lieu[12].
Œuvres principales
Portrait de l'abbé François Arnaud, avant 1764, huile sur toile, bibliothèque-musée Inguimbertine, Carpentras [voir en ligne]
Portrait de Madame Lenoir, mère d’Alexandre Lenoir (1761-1839), fondateur du musée des Monuments français, 1764, 65 × 55 cm, Musée du Louvre, Paris [voir en ligne]
Adoration de l'agneau divin, huile sur toile, vers 1744-1748, bibliothèque-musée Inguimbertine, Carpentras (copiée d'après une Adoration de l'agneau divin de Pierre Subleyras)
Sacrifice à Pan, huile sur toile, vers 1744-1748, bibliothèque-musée Inguimbertine, CarpentrasPortrait de la Marquise de Saint-Paulet, huile sur toile, Musée Comtadin-Duplessis, Carpentras [voir en ligne]
Portrait de Joseph Péru (étude), huile sur toile, Musée Calvet, Avignon [voir en ligne]
Portrait de Monsieur de Cavet, huile sur toile, Musée Sobirats, Carpentras
Portrait de Madame de Cavet, huile sur toile, Musée Sobirats, Carpentras
↑ a et b(en-US) Barrymore Laurence Scherer, « ‘Benjamin Franklin: Portraits by Duplessis’ Review: How We Picture a Founder », Wall Street Journal, (ISSN0099-9660, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Benson Bobrick, « BOOKS OF THE TIMES; Provincial Upstarts Who Changed the World (Published 2003) », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ) :
« This is the famous portrait by Joseph
Duplessis, [...] Franklin favored it above all others, and declined to sit for other portraits after it was done. »
↑(en) « Trump Ended 2018 France Trip Having Art Loaded on Air Force One », Bloomberg.com, (lire en ligne, consulté le ) :
« (...) the one Joseph Siffred Duplessis painted in France in 1785, which was then held by the National Portrait Gallery a mile from the White House.
The curators (...) borrowed the original Duplessis from the gallery. That one now hangs in the Oval, not the replica Trump ferried out of France. »
Katharine Baetjer, Marjorie Shelley, Charlotte Hale et Cynthia Moyer, « Benjamin Franklin, Ambassador to France: Portraits by Joseph Siffred Duplessis », Metropolitan Museum Journal, vol. 52, , p. 56–71 (ISSN0077-8958, DOI10.1086/696547, lire en ligne)