Il est le fils aîné du docteur Jacob alias Josef Krips (1866–1927), juif d'origine converti au catholicisme, époux en 1901 de Luise Seitz (1879–1971), catholique.
À l'âge de dix-neuf ans, le , Josef Krips dirige l'opéra de Verdi Un bal masqué, dans une salle de la Maison des ouvriers, arrondissement Favoriten, à Vienne. Il est ensuite engagé comme chef d'orchestre à Aussig en 1924 et 1925, puis à l'opéra de Dortmund jusqu'en 1926 et à Karlsruhe où il est nommé directeur général de la musique.
En 1933, il retourne à Vienne comme premier chef au Staatsoper, tout en étant professeur à l'Académie de Vienne dès 1935[1] jusqu'en 1938. Du fait des origines juives de son père, Krips est contraint de quitter l'Autriche après l'Anschluss de 1938. Il fuit à Belgrade où il travaille pour une saison, à l'opéra et avec des orchestres symphoniques[1]. De retour à Vienne, l'interdiction de diriger (1939–1945) l’empêche d’exercer son métier. Il travaille alors pendant la guerre, dans une usine de produits alimentaires.
Après la fin de la guerre en 1945, Krips peut enfin de nouveau diriger. Ses collègues qui avaient continué à travailler sous le régime nazi étaient en effet interdits de diriger pendant deux ans. Il joue alors un rôle essentiel dans la renaissance de la vie musicale à Vienne.On lui doit principalement le légendaire renouveau mozartien de l'après-guerre ; il a dirigé également la réouverture du premier Festival de Salzbourg de l'après-guerre (Don Giovanni) en 1946[1]. C'est le premier chef d'orchestre autrichien à avoir fait une tournée en Union soviétique en 1947. En 1961, il dirige à Bayreuth (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg), dès 1963 à Covent Garden Opera, dès 1967 au Metropolitan Opera New York, en 1970 au Deutsche Oper Berlin, entre 1957 et 1973 le Staatsoper à Vienne, en 1974, l'Opéra de Paris. Durant sa carrière, qui s'est étendue sur une période de plus de 50 ans, il n'est pratiquement pas de pays qu'il n'ait visité, ni de grand orchestre qu'il n'ait dirigé.
Josef Krips a été l'un des chefs d'orchestre les plus admirés et les plus aimés de notre siècle, en particulier pour ses interprétations légendaires de Mozart (dont il a gravé cinq opéras et une vingtaine de symphonies dans ce qui devait devenir une intégrale si la mort ne l'eût pas interrompue). Il fut également un interprète inspiré des autres maîtres viennois[1], tel Franz Schubert. Il est considéré, avec Karl Böhm, comme l'héritier de la tradition musicale autrichienne, faite de légèreté, de joie et de rigueur[2].
Le , Josef Krips dirige sa toute dernière représentation, au Théâtre national de l'Opéra de Paris, dans une nouvelle production de Così fan tutte de Mozart. Il décède le à Genève. La ville de Vienne entretient, à titre honorifique, sa tombe au cimetière de Neustift am Walde.
Créations
Kirke Mechem, Symphonie no 1 (1965)
Kirke Mechem, Symphonie no 2 (1967)
Discographie
Il a gravé plus de 150 œuvres sur disque. La plus ancienne date de 1937 : des airs avec Richard Tauber tirés de l'opéra Rossini in Neapel de Bernhard Paumgartner. Une grande partie des enregistrements de Krips est toujours appréciée, par exemple les symphonies de Beethoven avec l'Orchestre symphonique de Londres, qui ont été rééditées en CD dès les années 1990. Ses enregistrements des opéras de Mozart, tels Don Giovanni ou L'Enlèvement au sérail font référence[2]. Ainsi que les vingt dernières symphonies de Mozart avec l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam, enregistrées pour le label Philips en 1972 et 1973.
Coffret 5 CD : « Josef Krips Historic Decca Recording 1950 - 1958 » - Diapason d'or no 504 juin 2003
Mozart – Don Giovanni – Danco, Della Casa, Güden, Dermota, Siepi, Corena, Boehme, Berry ; Orchestre philharmonique de Vienne, Chœur du Staatsoper, Clavecin : Josef Krips (1955 – Decca) Premier opéra enregistré en stéréo de l'histoire du disque – Best opera of the year, États-Unis 1955 et Diapason historique
Mozart – Symphonie n° 39 KV 543 en mi-bémol majeur – London Symphony Orchestra (1947 – Decca) Premier disque de Josef Krips pour Decca – Diapason d'or no 504 juin 2003
Mozart – Symphonie n° 40 – London Symphony Orchestra (1953 – Decca) – Diapason d'or no 504 juin 2003
Mozart – Symphonie n° 41 KV 551 en do majeur « Jupiter » – Israel Philharmonic Orchestra (1957 – Decca) – Diapason d'or no 504 juin 2003
Schubert – Symphonie n° 8, D.759 en si mineur « L'Inachevée » – London Symphony Orchestra (1950, Decca) – Diapason d'or no 504 juin 2003
Schubert – Symphonie n° 9, D.944 en do majeur « La Grande » – Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam (1952, Decca) – Outstanding symphonic recording of the year, États-Unis 1952
Schubert – Symphonie n° 9 D.944 en do majeur « La Grande » – London Symphony Orchestra (1958, Decca) – The American Academy of recording Arts & Sciences 1960 + The critics choice of 1977 Gramophone et Diapason d'or no 360, mai 1990
Schumann – Symphonie no 4, op. 120 en ré mineur – London Symphony Orchestra (Decca – 1952) – Diapason d'or no 504 juin 2003
Schumann – Symphonie no 4, op. 120 en ré mineur – London Symphony Orchestra (1956, Decca) – Diapason d'or no 360, mai 1990
1998 : Bedrich Smetana – Dalibor (Série Wiener Staatsoper Live, 19 octobre 1969 – RCA Red Seal)
1999 : Richard Strauss – Die Ägytische Helena (Série Wiener Staatsoper Live, 5 décembre 1970 – RCA Red Seal)
2007 : Wolfgang Amadeus Mozart – Così fan tutte (Wiener Staatsoper Live, 22 septembre 1968 – Orfeo)
2011 : Giuseppe Verdi – La Traviata (Wiener Staatsoper Live, 25 décembre 1971 – Orfeo
2010 : Edition Josef Krips Vol. 1 – Ludwig van Beethoven – Concerto pour violon (I. Stern) – Ouverture de Coriolan – Symphonie n° 1 – Orchestre national de la RTF et Orchestre national de l'ORTF (concert 1958 – 1965 – Edition Cascavelle)
Edition Josef Krips Vol. 2 – Carl Maria von Weber – Ouverture d’Oberon ; Franz Schubert, Symphonie no 9 – Orchestre national de la RTF (concerts 1954 – 1957 – Edition Cascavelle)
Edition Josef Krips Vol. 3 – Wolfgang Amadeus Mozart – Ave Verum Corpus + Requiem en ré mineur K. 626 – Agnes Giebel – Marga Höffgen – Hans-Ulrich Mielsch – Boris Carmeli ; Chœurs de l'ORTF – Orchestre national de la RTF (concert 1965 – Edition Cascavelle)
Edition Josef Krips Vol. 4 – Une amitié musicale – Beethoven : Concertos 1 à 5 – Mozart : Concerto pour piano n° 24 – Brahms : Concerto n° 2 – Schumann : Concerto pour piano - Arthur Rubinstein ; Symphony of the Air – RCA Symphony Orchestra (enregistrement de studio 1956-1958 – Edition Cascavelle)
Il reçut de nombreuses décorations, notamment l'Anneau des Nations unies, les médailles des Associations Bruckner d'Europe et d'Amérique, l'Anneau d'honneur de la Cité de Vienne et l'Anneau Mozart décerné par les autorités autrichiennes.
1928 Membre d'honneur de la Société Bach à Karlsruhe
1946 Titre de professeur donné par le président de la République d'Autriche
1947 Anneau d'honneur de la Ligue autrichienne pour les Nations unies
Médaille Nicolai de l'Orchestre philharmonique de Vienne
1948 Médaille de la Hofmusikkapelle de Vienne
1953 Médaille de la Mozart-Gemeinde de Vienne : « Au fondateur de la renaissance de Mozart à Vienne »
1955 Médaille Bruckner de la Société Bruckner européenne
Membre d'honneur de la Franz-Schmidt-Gemeinde
1956 Médaille Bruckner de la Société Bruckner américaine
1958 Croix d'honneur autrichienne pour la science et l'art
1959 Chancellors Medal de l'université de Buffalo, N.Y.
1961 Membre d'honneur de l'Orchestre philharmonique d'Israël
1962 Anneau d'honneur de la Ville de Vienne
1964 Membre d'honneur de la Société internationale Gustav Mahler
1965 Anneau Mozart, fondé par le ministère de la Culture à Vienne
Clef de la Ville de San Francisco
1966 La Plume d'or de la critique, décernée par un jury international à Wiesbaden
Native Son Arward, décernée par la Chambre de commerce de San Francisco
1972 Grand-croix d'or du Mérite de la Ville de Vienne
Médaille d'or Franz-Schalk de l'Orchestre philharmonique de Vienne
Membre d'honneur de la Société Beethoven à Vienne
« Journées Josef Krips à San Francisco » du 8 au 16 avril à l'occasion de son 70e anniversaire, proclamées par le maire de la ville
1973 Membre d'honneur de la Société des amis de la musique à Vienne (Musikverein)
1974 Médaille Gustav-Mahler de la Société Gustav-Mahler
Bibliographie
Josef Krips - Pas de musique sans amour, Souvenirs, publiés par Harrietta Krips, trad. Georges Athanasiadès, 584 p. avec près de 200 photographies et illustrations, Éditions Saint-Augustin à Saint-Maurice - Suisse, (2e édition), 2004.
Notes et références
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