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Michal Josef Gusikov (né Yehiel-Michiel, aussi dénommé Guzikow ou Gusikow) (-) est un klezmer qui donna le premier concert de musique klezmer à un auditoire d'Europe de l'Ouest avec son instrument en bois et paille.
Gusikov et son instrument
Gusikov est né dans une famille juivehassidique de musiciens klezmer, à Chklow en Pologne (maintenant en Biélorussie). Il commence à jouer de la flûte comme son père, mais une faiblesse pulmonaire l'oblige à rechercher un autre instrument. En 1831, il construit ce qu'il appellera le Shtroyfidl, un instrument en bois et paille, essentiellement un xylophone agencé comme un cymbalum sur une table d'harmonie faite de rouleaux de paille, qui assurent une forte résonance. On ignore si l'instrument a été inventé par Gusikov lui-même, ou par son contemporain Samson Jakubowski. Avec cet instrument, Gusikov va développer une extraordinaire virtuosité, et en 1834, il donne des concerts à Moscou, Kiev et Odessa[1].
Lors d'un concert à Odessa, il est acclamé par le violoniste polonais Karol Lipiński, et avec le soutien de Lipiński et du poète français Alphonse de Lamartine, il entreprend à partir de 1835, une tournée de concerts en Europe de l'Ouest. Les concerts où Gusikov apparait habillé avec la gabardine traditionnelle des Juifs d'Europe de l'Est, et où il est généralement accompagné de membres de sa famille jouant de la contrebasse et du violon, sont d'extraordinaire succès: à Paris, il devient si populaire qu'une coupe de cheveux, imitant ses papillotes, est nommé coiffure à la Gusikov[2]. Gusikov joue des improvisations sur des mélodies traditionnelles juives et klezmer, et aussi des airs d'opéra populaires de l'époque. Il va jouer aussi à Prague, Francfort et Vienne.
« Je suis curieux de savoir si Gusikow vous a plu autant qu'à moi. C'est tout à fait un phénomène; un fameux type, inférieur à aucun virtuose du monde, aussi bien en exécution qu'en sensibilité; il m'a ainsi plus enchanté avec son instrument en bois et en paille que beaucoup d'autres avec leur piano-forte[3]. »
À l'opposé, Franz Liszt est plus critique, appelant Gusikov « un Paganini de boulevard », dont « le don, certains peuvent dire son génie », aurait été mieux utilisé à « inventer un instrument agricole », alors que « son talent, mal guidé, n'a produit rien d'autre que des inepties musicales ».
Gusikov est admiré par le critique musicalbelge, François-Joseph Fétis, avec qui il va se lier d'amitié, et qui écrira dans son dictionnaire musical, un long article sur Gusikov, basé sur leurs discussions à Bruxelles.
Sa mort
Épuisé par sa tournée, Gusikov meurt à 31 ans de tuberculose à Aix-la-Chapelle en Allemagne, chagriné pendant ses derniers jours par le vol de son précieux instrument, perpétré dans son habitation.
Une seule pièce musicale écrite par Gusikov a survécu, un arrangement de l'hymne juif Shir Hama’alot (Psaume126[4])
Eduard Maria Oettinger, Bibliographie biographique universelle, (lire en ligne), p. 274
(en): Stanley Sadie: Guzikow, Michal Jozef in The New Grove Dictionary of Music and Musicians; éditeur: Oxford University Press; 1980; (ISBN0195170679 et 978-0195170672)
(en): David Conway: Jewry in Music: Entry to the Profession from the Enlightenment to Richard Wagner; éditeur: Cambridge University Press; 2011; (ISBN1107015383 et 978-1107015388)
Francois-Joseph Fétis: Biographie universelle des musiciens; 2e édition; Paris; 1870
Franz Liszt: Lettres d’un bachelier ès musique; traducteur: Charles Suttori, Londres; 1989
(en): Felix Mendelssohn: '‘Letters of Felix Mendelssohn Bartholdy'’; traduction en anglais : Lady Wallace; éditeur: Oliver Ditson Company; Londres; 1863; (ASINB0013QOQ6O)