Il fut ministre de l'Éducation du gouvernement de Patricio Aylwin (de 1992 1994) puis ministre du Travail d'Eduardo Frei Ruiz-Tagle (de 1994 à 1998) et enfin ministre secrétaire général de la présidence de 1998 à 1999, à chaque fois dans des gouvernements de la Concertation (gauche) qui est au pouvoir au Chili depuis la chute de Pinochet. Jorge Arrate fut également président de la Codelco, l'entreprise nationale de cuivre, sous Salvador Allende, et ministre par intérim des Mines de juin à . Il a exercé par ailleurs plusieurs fonctions internationales, présidant notamment le conseil d'administration de l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1996.
De la jeunesse à l'exil
Fils d'un ex-amiral radical et franc-maçon, Juan Gabriel Arrate Ducoing, et d'Aileen Mac Niven Seymour, il a vécu sa petite enfance dans le quartier de Plaza Brasil à Santiago [1], avant de vivre à Viña del Mar de 1945 à 1953 puis à Puente Alto, jusqu'en 1965. Diplômé de l'université du Chili (Santiago) en 1964, Jorge Arrate étudia ensuite aux États-Unis de 1967 à 1969, afin de passer un doctorat d'économie à l'université Harvard[2].
Obtenant un master of arts en économie, il retourna faire sa thèse à l'Institut d'économie de l'université du Chili, mais ne termina jamais sa thèse, interrompue par le coup d'État du 11 septembre 1973. Il enseigna alors, à partir de 1966, d'abord à la faculté de droit de l'université du Chili, puis à l'école de sociologie de l'université catholique et à la fac d'éco de l'université du Chili, étant enfin nommé directeur de l'Institut d'économie et de planification de l'université du Chili en 1970.
Militant dès le lycée, Arrate a été en outre secrétaire général de la Fédération des étudiants du secondaire de Santiago (Feses) en 1957 [3]; président du Centre d'élèves de la faculté de droit de l'université du Chili en 1961 [1] et candidat à la présidence de la Feses en 1963, avec l'appui de la FRAP (Jeunesse communiste et socialiste). Il adhéra en 1963 au Parti socialiste[1], et fut désigné par le Comité central, début 1971, à la tête des « techniciens et des professionnels » socialistes.
Fin 1970, le président Salvador Allende le chargea de la direction de l'édition Zig-Zag, dont le nom fut changé en éditions Quimantú[4]. Il fut ensuite nommé assesseur économique début 1971, puis, à partir du , président de la Codelco, l'entreprise nationale du cuivre, étant chargé du processus de nationalisation. Jorge Arrate fut par ailleurs ministre par intérim des Mines en juin et [4].
Le putsch de Pinochet le força à l'exil, d'abord à Rome, puis à Berlin Est et enfin à Rotterdam[5], assumant alors la charge de secrétaire du Comité des Chiliens à l'extérieur (ou Gauche chilienne à l'extérieur, qui regroupait les différents partis de la coalition de l'Unité populaire et le MIR), ainsi que de Chili Démocratique, organisation internationale de lutte pour les droits de l'homme basée à Rome, luttant contre la dictature pinochettiste[6]. Secrétaire des relations internationales du PS de 1975 à 1977, qui était alors basé à Berlin Est, puis membre du Comité central à partir de 1978 (il le restera durant vingt ans), il fonda ensuite l'Institut pour le Nouveau Chili, en 1977, basé à Rotterdam, avec l'ex-ministre d'Allende Orlando Letelier (par la suite assassiné à Washington dans le cadre de l'opération Condor) [4],[7]. Arrate fut directeur de ce Centre, financé jusqu'en 1991 par le gouvernement hollandais. Il dirigea aussi les huit universités internationales d'été organisées par l'Institut à Rotterdam, Mendoza (Argentine) et Santiago.
Le retour au Chili et la transition démocratique
Arrate tenta sans succès de revenir au Chili, par trois fois, en 1984, étant refoulé à l'aéroport de Santiago vers Buenos Aires et Bogota. En 1987, la dictature l'autorisa à entrer, et il profita alors de la légère ouverture politique pour se consacrer à l'organisation politique [1]. Il fut alors chargé par la direction socialiste, menée par Ricardo Núñez Muñoz, de préparer la réunification avec le secteur dirigé par Clodomiro Almeyda[8], qui fut célébrée le . Parallèlement, il fut ainsi élu (lors des premières élections au suffrage universel organisées par un parti depuis 1973) secrétaire général (officiellement « chef de l'organisation ») du PS lors du Congrès d'Unité Salvador Allende, à Valparaíso[1].
Avec l'arrivée de la Concertation au pouvoir, Arrate fut ministre de l'Éducation du gouvernement d'Aylwin (92-94) puis ministre du Travail et de la Prévision sociale (94-98) et secrétaire général du gouvernement (98-99) du gouvernement d'Eduardo Frei; sa femme, l'écrivaine Diamela Eltit, a été quant à elle attachée culturelle à l'ambassade chilienne à Mexico sous Aylwin. Il présida également la Conférence interaméricaine des ministres de la Culture en 1993, le Convenio Andrés Bello (basé à Bogotá) de 1993 à 1994 et la Conférence interaméricaine des ministres de l'Éducation en 1994, puis fut vice-président de la Conférence des ministres du Travail du Mouvement des pays non alignés en 1995. L'année suivante, il fut élu président du conseil d'administration de l'Organisation internationale du travail (OIT), poste qu'il exerça un an. Il fut ensuite nommé ambassadeur à Buenos Aires (2000-2003) par le gouvernement de Ricardo Lagos.
En 2005, il se présenta aux sénatoriales dans la quatrième région de Coquimbo sur les listes du PS, qui n'avait réussi à y faire élire aucun sénateur depuis 1973, et obtint près de 20 % des voix [1]. Deux ans plus tard, il proposa d'enclencher un « nouveau cycle politique » considérant que la Concertation avait fait son temps. Début 2008, quelques centaines de membres de son parti le poussèrent à se présenter à la présidentielle, défi qu'il accepta de relever.
En juillet, le Parti humaniste l'accusa d'être trop proche du candidat officiel de la Concertation, Eduardo Frei, et décida d'abandonner Junto Podemos pour soutenir l'ex-député socialiste Marco Enríquez-Ominami[14],[15],[16], qui arriva troisième, avec près de 20 % des voix, lors du premier tour. Quelques jours après cette recomposition politique, Arrate décida de devenir officiellement membre du Parti communiste, étant légalement obligé, pour se présenter à la présidentielle, d'être affilié à un parti [17],[18]. En il a terminé son affiliation au Parti communiste. Au premier tour de la présidentielle, qui eut lieu le , il obtint 6,21 % des voix, arrivant quatrième. Quelques jours plus tard, il apporta son soutien à Eduardo Frei, qui avait mis Sebastián Piñera (droite) en ballotage [19].