Jean épousa en 1433[1] (avant 1439), Jacquelinede La Trémoille-Dours. Cette dernière était fille de Pierre II de La Trémoille. Son père, Seigneur et Baron de Daours a été Conseiller et Chambellan du roi Charles VI[2].
Pour Jacqueline, il s'agissait d'un second mariage. Elle était veuve d’André de Toulongeon, mort en Terre- Sainte en 1432[3].
L'union de Jean et de Jacqueline resta stérile. Cette dernière est morte 13 jours après Jean.
Jean a donné naissance à un fils bâtard, Étienne qui épousa Isabeau de Croix par traité passé au château de Beyne, le 5 novembre 1484. Isabeau était veuve en 1526[4].
« Il marchait, quoique bâtard, à côté de son père, à côté des grands princes, les ducs de Bourgogne, la Trémouille, Croy, Créquy, le duc de Bretagne, le roi de France, le roi d’Aragon, dans les cérémonies religieuses et politiques de ce temps. » écrit de lui Victor Bouton en 1863[5].
Des trois représentations connues de Jean de Luxembourg, les deux portraits équestres, celui qui illustre cet article et celui de la Bibliothèque nationale de France sont les plus marquants, ce chevalier paraît très redoutable. Ils ont été dessinés lors du carrousel des chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or qui a eu lieu à Bruges, le 14 janvier 1430, lors des festivités marquant le mariage de Philippe le Bon et d’Isabelle du Portugal[6].
Un combattant bourguignon de la fin de la guerre de 100 ans
Le 2 décembre 1420, Jean de Luxembourg est présent aux côtés du duc de Bourgogne, les ducs de Clarence et de Bedford, frères du roi d’Angleterre, le chancelier de Thoisy les évêques d’Amiens, de Thérouanne, de Beauvais lors du lit de Justice tenu en Cour de Parlement[7].
Le 6 août 1422, Jean de Luxembourg commande le contingent picard de l’armée de Philippe le Bon qui marche sur Cosne que le dauphin, futur roi Charles VII, assiège. Après la levée du siège par ce dernier, Luxembourg dirige ses troupes vers La Charité[8].
Au cours de l’automne 1424, Philippe le Bon envoie Jean de Luxembourg contre les armées de Humphrey de Lancastre, duc de Gloucester qui avait débarqué à Calais, en octobre, avec 6 000 archers et occupé le Hainaut. Gloucester battit rapidement en retraite et rembarqua pour l’Angleterre[9].
Se pose la question du siège de Compiègne, au mois de mai 1430, et de la capture de Jeanne d'Arc, le 23 de ce mois. Quel est le Jean de Luxembourg qui commande l’armée du nord-est de la ville? Est-ce Jean II de Luxembourg-Ligny ou notre Jean de Luxembourg bâtard de Saint-Pol ? Les historiens tiennent actuellement pour Jean II de Luxembourg-Ligny.
Après la levée du siège de Compiègne qui eut lieu le 26 octobre 1430, Jean de Brosse, maréchal de Boussac tenta de conquérir Clermont de l’Oise. Jean de Luxembourg à la tête d’une armée anglo bourguignonne l’obligea à se retirer. Jean de Luxembourg demanda au duc Philippe le Bon de livrer bataille à Jean de Brosse. Le conseil de Bourgogne s’opposa à cette demande[10].
Jean de Luxembourg fut titulaire de la seigneurie de Montmorency en raison de la confiscation opérée par le pouvoir anglais sur Jean II, sire de Montmorency, qui trahit l'alliance des anglais et des bourguignons pour passer dans les rangs français, sous les murs de Paris, le matin du 9 septembre 1429[12]. En 1430, Guillaume Desprez, Bailli de Chartres, grand Fauconnier de France et son épouse, Denise de Thourote, qui possédaient la "terre de Saint-Leu" en firent hommage à Jean du fait qu'il était Seigneur de Montmorency. Cependant, comme ils ne réitèrent pas cet hommage et les devoirs y afférent, en avril 1449, un arrêt du Parlement adjugea cette terre à Jean de Montmorency[13].
En 1435, du fait du retournement de la situation, Jean de Luxembourg, avait perdu la seigneurie de Montmorency. Il aborda ce sujet au quatrième chapitre de l'ordre la Toison d'or qui eut lieu à Bruxelles[14].
Un homme riche et généreux
Le tombeau de Jean et de Jacqueline, en pierre de Tournai, montre la richesse de ce dernier. Jean utilisa sa richesse pour faire des œuvres charitables.
Jean de Luxembourg ordonna la création d'un hôpital à Haubourdin, qui fut construit en 1466, rasé en 1681, reconstruit en 1698 et qui prit son aspect définitif en 1878.
L'hospice Saint-Jean, situé à La Bassée[15], est également dû au seigneur d'Haubourdin en 1450.
À Ailly-sur-Noye, il fit construire une maladrerie. Celle-ci fut unie à l’hôtel-dieu de Moreuil par arrêts des 13 juillet 1695 et 22 juin 1697[16].
Jean figure parmi les bienfaiteurs principaux de l'église collégiale et du chapitre de Saint Pierre de Lille[17].
Le tombeau de Jean de Luxembourg et de Jacqueline de La Trémoille dans l'église d'Ailly-sur-Noye
Le tombeau de Jean de Luxembourg.
Côté du tombeau.
Notes et références
↑Alain Marchandisse et Jean-Louis Kupper, À l’ombre du Pouvoir : Les entourages princiers au Moyen Âge, Liège, Presses universitaires de Liège, , 412 p. (lire en ligne), p. 343-359 (Les conseillers et collaborateurs d’Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, au milieu du xve siècle. Monique Sommé)
↑Auteur du texte Louis Moreri (1643-1680), Le Grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane. Tome 5 : ... enrichi de remarques... tirées... du Dictionnaire critique de M. Bayle, par Mre Louis Moreri,... Nouvelle... édition..., (lire en ligne)
↑Auteur du texte Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842), Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume. T. 10 / par M. de Saint-Allais,... ; avec le concours de MM. de Courcelles, l'abbé de l'Espines, de Saint-Pons,...[et al.], 1872-1878 (lire en ligne)
↑Auteur du texte Victor Bouton (1819-1901), Nouveau traité de blason, ou Science des armoiries : mise à la portée des gens du monde et des artistes... : par Victor Bouton,..., (lire en ligne)
↑Collection de Roger de Gaignières, [Jean, bâtard de Luxembourg Saint-Pol] : (lire en ligne)
↑Joseph Calmette, Les grands ducs de Bourgogne, Saverne, imprimerie Savernoise, , 396 pages plus annexes, page 161
↑Joseph Calmette, Les grands ducs de Bourgogne, page 163
↑Joseph Calmette, Les grands ducs de Bourgogne, page 168
↑Auteur du texte Joseph Nadaud (1712-1775), Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges (2ème édition) : par l'abbé Joseph Nadaud ; édité par l'abbé Roy-Pierrefitte,..., (lire en ligne)
↑Nouveau dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables, et des combats maritimes les plus fameux, de tous les Peuples du monde, anciens et modernes, jusqu'à nos jours. Tome 4 : . Ouvrage dans lequel on a soigneusement recueilli les exploits des grands Capitaines, les actions héroiques des Officiers et Soldats de toutes armes,... Par M..... M..., (lire en ligne)
↑Auteur du texte Antonio Morosini (1365?-1434?), Chronique d'Antonio Morosini : extraits relatifs à l'histoire de France, publiés pour la Société de l'histoire de France : introduction et commentaire par Germain Lefèvre-Pontalis ; texte établi et traduit par Léon Dorez, 1898-1902 (lire en ligne)
↑Auteur du texte Jean Lebeuf (1687-1760), Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. Table analytique. Tome 2 : par l'abbé Lebeuf ; par Adrien Augier,... Fernand Bournon, 1883-1893 (lire en ligne)
↑Auteur du texte Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de Reiffenberg (1795-1850), Histoire de l'ordre de la Toison d'or, depuis son institution jusqu'à la cessation des chapitres généraux , tirée des archives mêmes de cet ordre et des écrivains qui en ont traité, par le Bon de Reiffenberg,..., (lire en ligne)
↑Auteur du texte Gaétan de Witasse, Géographie historique du département de la Somme : état religieux, administratif et féodal des communes et de leurs dépendances. Tome 1 : par Gaëtan de Witasse..., 1902-1919 (lire en ligne)
↑Auteur du texte Édouard Hautcoeur (1830-1915), Histoire de l'église collégiale et du chapitre de Saint-Pierre de Lille. Tome 2 : par E. Hautcoeur,..., 1896-1899 (lire en ligne)
Raphael de Smedt (éd.): Les chevaliers de l’ordre de la Toison d’or au XVe siècle. Notices bio-bibliographiques. (Kieler Werkstücke, D 3) 2., édition augmentée, Verlag Peter Lang, Francfort 2000, (ISBN3-631-36017-7), p. 75-77.