Hans Bockhold ou encore Jan Bockelson dit Jean de Leyde[1], du nom de sa ville natale (Leyde 1509 - Munster ), est le chef des anabaptistes de la ville rhénane de Münster (Westphalie), promue sous sa direction au statut de Nouvelle Jérusalem[2].
Ce personnage violent et singulier appartient au courant des premiers anabaptistes, alors portés par un espoir millénariste, à l'instar des adeptes du Libre Esprit[3].
Biographie
Jan Bockelson est né à Leyde en 1509[4]. Au terme de ses études, il se lance dans les affaires. Mais il abandonne vite le métier de marchand drapier pour devenir un prêcheur de l'Apocalypse, au sein du premier mouvement anabaptiste.
Ministère
En 1534, il est envoyé comme apôtre à Münster par son maître Jan Matthijs et devient le leader d’un groupe anabaptiste [5]. Il affirme vouloir établir le Paradis sur terre, en abolissant la propriété privée, l'usage de l'argent : l'achat et la vente, l'intérêt et l'usure. En pratique, Jean de Leyde accumule les pouvoirs dictatoriaux et impose aux habitants, séduits par son discours, le travail forcé, la polygamie officielle et le théâtre en plein air comme délassement. Devant les résistances à son programme qui commence à paraître suspect, le maître politique de la ville réagit en instaurant la terreur, la persécution et le meurtre des récalcitrants. L'institution de la polygamie lui permet d'acquérir ou de faire acquérir à ses plus proches partisans les biens des personnes exécutées, par le remariage forcé de leurs filles ou veuves héritières, soumises à son autorité.[réf. nécessaire]
Après l'exécution de Matthijs aux portes de la ville assiégée (), il se proclame « roi de Sion », confirme la communauté universelle des biens et des personnes (la polygamie[6]). Quand Munster est reprise par son évêque, François de Waldeck, Jean de Leyde périt par le supplice des « tenailles brûlantes[6] ».
Un personnage littéraire et d'opéra
Voltaire parle de Jean de Leyde dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations : « Un garçon tailleur, nommé Jean de Leyde, né à Leyde en Hollande, assura que Dieu lui était apparu, et l’avait nommé roi ; il le dit, et le fit croire[7]. »
Dans Les Misérables de Victor Hugo (Tome V de la version intégrale) : « [...] C'est de l'égout de Munster que Jean de Leyde faisait sortir sa fausse lune [...] »
Le collectif italien Wu Ming en fait un personnage important du roman historique Q (L'Œil de Carafa) (1999).
↑Norman Cohn, Les Fanatiques de l'Apocalypse, Julliard, vers 1970.
↑ William H. Brackney, Historical Dictionary of Radical Christianity, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 210.
↑ British museum,
Jan van Leiden, britishmuseum.org, UK, consulté le 29 janvier 2019.
↑ a et bG. Casalis, Protestantisme, Larousse, (ISBN2030010065), « 6. Les anabaptistes », p. 154-155
↑Essai sur les mœurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII (1755), tome troisième, chapitre CXXXII, Suite du luthéranisme et de l’anabaptisme, p. 138, Treuttel et Würtz, Paris, 1835.
↑Marguerite Ypurcenar, L'Œuvre au noir, « Folio », Gallimard (1968), p. 80-107.