Pendant toute cette période, il a commencé à s'intéresser aux coutumes locales en apprenant la langue des Toucouleurs. En 1920, il retrouve son emploi commercial de la société d'import-export, cette fois-ci à Kano au Nigéria. En 1924, il quitte son emploi et revient en France. Début 1925, il sollicite, auprès du gouverneur des colonies du Cameroun, un emploi dans l'administration coloniale. En mai de la même année, il occupe son 1er poste de fonctionnaire, adjoint des services civils, à Douala. Fin 1925, il devient agent spécial et juge suppléant à Garoua pour ensuite être nommé chef de Subdivision territoriale à Fort-Foureau. En 1926, il est hospitalisé à la suite d'un accès de paludisme de type comateux. Il est, peu après, nommé chef de subdivision à Mora.
Fin 1927, il est le premier administrateur civil affecté comme chef de subdivision à Guider où il est notamment chargé de percer des pistes, de participer aux collectes d'impôt, de maintenir l'ordre et de réprimer les actes de résistance à l'autorité coloniale (notamment chez les Kirdi). En 1928, il obtient la reddition du dernier partisan d'un prophète annonçant la « défaite des Blancs »[6]. Fin 1928, il est placé, pendant plusieurs mois, en congé maladie en raison d'une forte crise de palud. Il doit rentrer en France fin 1929, pour s'astreindre à une convalescence prescrite de plusieurs mois.
Il fait valoir ses droits à la retraite en 1947 mais reste au Cameroun. En 1956, il épouse sa concubineHadjaFanta Machy à Maroua qui est originaire de Mayo Loue dans la commune de Guider. Il n'y aura pas d'enfant de cette union. Toutefois, en 1958, le couple adoptera une fillette du Lamido[12] de Maroua. Dans le courant des années 1960, il se voit décerner la Croix du Mérite Camerounais par le Président de la République du CamerounAhmadou Ahidjo au cours d'une cérémonie officielle. Il réside au Cameroun jusqu'en 1972, année où il décide, compte tenu de son mauvais état de santé, de rentrer en France et où il décédera en 1980.
En 1931, du fait de sa parfaite connaissance du Cameroun, future étape de la mission, il fait partie de l'équipe scientifique de la Mission Dakar-Djibouti[14] dirigée par Marcel Griaule, aux côtés de Marcel Larget, Michel Leiris, André Schaeffner, Deborah Lifchitz, Éric Lutten et Gaston-Louis Roux dans laquelle il a pour tâche de recueillir des listes de vocabulaires auprès de jeunes élèves[15] et de transcrire puis traduire des chants et des contes[16]. Il est le seul fonctionnaire colonial (Adjoint des Services civils du Cameroun) à faire partie de la mission et le membre qui possède la plus longue expérience de l'Afrique. À Kita et à Bamako, il recueille plus de 130 chants de circoncis auprès de jeunes élèves de l'école primaire[17]. Il produira également d'importantes descriptions sur 15 parlers du Nord-Cameroun ainsi que les parlers dogon et bozo.
Lors du passage de l'équipe au Cameroun en 1932, il quitte, le , la Mission prématurément pour rejoindre son nouveau poste au service des finances de Yaoundé[18].
Il continuera toutefois sur place à travailler sur les parlers locaux et publiera différentes études entre 1938 et 1966, date à laquelle il publie son dernier article sur le parler daba.
Fin 1943, à la demande du Commissaire René Pleven, il est chargé, par l'Institut français d'Afrique noire, d'une mission de prospection ethnologique des monts Mandara de 1944 à 1947 qui fera l'objet de différents articles dans les bulletins des Études Camerounaises entre 1947 et 1957. Parallèlement, il mène des missions pour le Centre national de la recherche scientifique et l'Université de Yaoundé.
Publications
Articles
Jean Mouchet, « Vocabulaires comparatifs de 15 parlers du Nord-Cameroun[19] », Journal des Africanistes, vol. 8, no 2, , p. 123-143 (lire en ligne, consulté le ). Et in Bulletin De La Société Des Études Camerounaises 29/30: 5-74, 1950. Cet article est également reproduit intégralement in Cahier Dakar-Djibouti (pages 585 à 611) d'Eric Jolly et Marianne Lemaire, Editions les Cahiers,
Jean Mouchet, « Notes de divination Langues masa et Toupuri », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, no ?,
Jean Mouchet, « Méthode d'enquête linguistique », conférence donnée à la radiodiffusion de Douala,
Jean Mouchet, « Rites agraires et classes d'âge », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, no 6, , p. 51-61
Jean Mouchet, « Douvangar, etc. », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, no 6, , p. 61-73
Jean Mouchet, « 1ers principes de Peul d'Adamaoua (dialecte Maroua) », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, , p. 61-73
Jean Mouchet, « Quatre recettes de poisons à flèches utilisées par les animistes de la région du Nord-Cameroun : Notes africaines », IFAN, no 29, , p. 106[20]
Jean Mouchet, « Note sur la conversion à l'islamisme, en 1715 de la Tribu Wandala (région du Nord-Cameroun, subdivision de Mora) : Renseignements recueillis le de la bouche de Liman Umaté, marabout du Sultan », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, nos 15-16, , p. 61-73
Jean Mouchet, adjoint principal des Services Civils, « Prospections ethnologiques sommaires de quelques massifs du Mandara (Monts Mboku, Hurza, Mora) », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, nos 19-20, , p. 61-73 (lire en ligne)
Jean Mouchet, « Prospection ethnologique sommaire dans les montagnes du Mandara (Mont Udham) », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, nos 19-20,
Jean Mouchet, « Prospection ethnologique de quelques massifs du Mandara », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, nos 21-22, , p. 105-119
Jean Mouchet, « Prospection ethnologique sommaire du Massif Zelgwa », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, vol. 2, nos 39-54,
Jean Mouchet, « Esquisse grammaticale du parler Juman », Bulletin de l'Institut d'études centrafricaines, Brazzaville, nos 7/8, , p. 171/185 (lire en ligne)
Jean Mouchet, « Prospection ethnologique sommaire des massifs du Mandara », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, Brazzaville, no 55, , p. 3-15
Jean Mouchet, « Étude ethnologique dans les montagnes du Mandara (Mont Podoko) », (non publié), Collection privée, années 1950
Jean Mouchet, « Contribution à l'étude du Gula (Tchad) », Bulletin de l'Institut Français de l'Afrique Noire, vol. Tome XX, nos 3-4,
Jean Mouchet, « Le parler daba », Bulletin De La Société D'Études Camerounaises, no 10, , p. 7-266
↑Cette biographie s'appuie sur la monographie rédigée à propos de Jean Mouchet, réalisée entre 2010 et 2015 à titre privé, à partir des archives familiales et des documents personnels de Jean Mouchet et un travail de recherche approfondie (centres d’archives départementales concernées et les archives militaires des Armées de Terre et de Mer à Vincennes), par Monique Andrivet (1925-2018), nièce de Jean Mouchet. Les informations biographiques citées à propos de J. Mouchet dans cet article provenant en grande partie de cette monographie, les sauts de notes ne sont là que pour apporter certaines précisions.
↑ A noter que Marguerite Nicot est une descendante directe (9e génération) de Jeanne De Razout (environ 1630-1683), fille illégitime de Charles De Bourbon Busset (1590-1632), lui-même descendant direct de Louis IX et d'Hugues Capet https://www.capedia.fr
↑in Cahier Dakar-Djibouti d'Éric Jolly et Marianne Lemaire, page 51 et 487, Éditions les Cahiers, juillet 2015.
↑in "La France libre fut Africaine" d'Eric Jennings, Ed. Perrin, 2014 (ISBN978-2-262-04739-9)
↑in "Leclerc. Débuts méconnus de son épopée historique, Londres-Cameroun 1940", de Jean Mouchet (1905-1997,homonyme de notre linguiste ayant vécu au Cameroun à la même époque et qui se sont connus) Éditions du Midi, 1978
↑« Liste des membres de la Société des Africanistes », Journal des Africanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 40, no 2, , p. 203–208 (lire en ligne, consulté le ).
↑in Cahier Dakar-Djibouti (pages 51 et suivantes) d'Eric Jolly et Marianne Lemaire, Editions les Cahiers, juillet 2015
↑Questionnaire linguistique de l'Institut d'ethnologie. Enquête menée par Jean Mouchet et Michel Leiris et publié en 1928 à l'Institut d'ethnologie. Bibliothèque littéraire Jacques Doucet 8 place du Panthéon 75005 Paris. Manuscrit autographe, Paris. 10 pages ; 135 feuillets. Cote : LRS Ms 13 http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FRPALME0000000000300-1600-1-7-5
↑La plupart de ses manuscrits et collections (15 documents de 1934 à 1949) se trouve dans les archives institutionnelles du Muséum nationale d'Histoire Naturelle, du musée d'Ethnographie du Trocadéro et du Musée de l'Homme. Cote : 2 AM 1 K68e : http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-201212791147146
↑Ces 130 chants ont été enregistrés sur cylindres ou transcrits directement sur un carnet de brouillon avant d'être dactylographiés sur des fiches (in Cahier Dakar-Djibouti d'Eric Jolly et Marianne Lemaire, éditions Les Cahiers, 2015, page 251)
↑in L'Afrique Fantôme de Michel Leiris page 228: 20 février (1932) ... Coup de théâtre - ou plutôt non, coup prévu, car il était écrit que, pilier du Cameroun, il ne dépasserait pas le Cameroun - démission de Mouchet, qui va reprendre du service à Yaoundé.
↑Cet article (et celui de Griaule) se distingue par sa dimension comparative: il présente dans un même tableau à plusieurs colonnes les traductions d'une liste de termes identiques dans différents parlers, de façon que leurs points de convergence et de divergence apparaissent immédiatement au lecteur in Cahier Dakar-Djibouti (pages 584) d'Eric Jolly et Marianne Lemaire, Editions les Cahiers, juillet 2015
↑de Folleville, A., « Bibliographie africaniste », Journal des Africanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 16, no 1, , p. 51–86 (lire en ligne, consulté le ).
Annexes
Bibliographie
Éric Jolly et Marianne Lemaire, Cahier Dakar-Djibouti, Marcel Griaule, Michel Leiris, Deborah Lifchitz, Éric Lutten, Jean Mouchet, Gaston-Louis Roux, André Schaeffner, soixante-dix-sept écrits scientifiques et littéraires, cinq cent vingt-quatre illustrations, rassemblés, présentés et annotés, 1408 pages, format 16,5x24 cm, Meurcourt, Éditions les Cahiers, .
Michel Leiris, L'Afrique fantôme, Paris, Gallimard, 1934, réédition dans Michel Leiris, Miroir de l'Afrique, Paris, Gallimard, 1996 (collection « Quarto »).
Christian Mériot, La Mission Ethnographique Dakar-Djibouti 1931 - 1933, Cahiers ethnologiques N°5 - Presses Universitaires de Bordeaux, 1984, 162 pages
Jacques Lestringant, Les Pays de Guider au Cameroun. Essai d'histoire régionale, chez l'auteur, 1964
Alain Beauvilain, Nord-Cameroun. Crises et peuplements, Thèse de doctorat en lettres et sciences humaines, Université de Rouen, 1989