Orphelin dès sa jeunesse, Jean Hérold sort de l'école sans qualification[1]. Il débute dans le métier de journaliste à l'âge de 16 ans en entrant au quotidien spinalien de centre-gauche L'Express de l'Est[2]. Il entre ensuite en 1930 au quotidien nancéien L'Éclair de l'Est avant de gagner en 1932 Paris où il collabore à L'Aube et au Jour, de Léon Bailby. Il commence à gagner quelque notoriété, après des débuts décevants, comme chroniqueur radiophonique dans le quotidien catholique Choisir. Il ajoutera à son patronyme le nom de Paquis, quartier d'Arches où il est né[3]. Il a été condamné pour diffamation, escroquerie et entretien de concubine au domicile conjugal[4].
Il prétend qu'après la défaite de 1940, c'est l'attaque d'une escadre française par les Britanniques à Mers el-Kébir qui l' a poussé à choisir la collaboration avec l'occupant. Il fut un sympathisant pro-allemand et des idées du national-socialisme, membre du Parti populaire français de Jacques Doriot et du comité d'honneur, réuni lors de la création de la section française de la Waffen-SS.
Il s'est surtout fait connaître pendant l'Occupation par sa chronique militaire de Radio-Paris, tenue, à partir du , après le journal radiophonique de vingt heures, dans laquelle il acclamait les succès de l'Axe et ridiculisait l'action des Alliés, avec ce célèbre leitmotiv : « L'Angleterre, comme Carthage, sera détruite ! ». Il incarne, en résumé, l'état d'esprit du « Paris collaborationniste », très critique à l'égard du régime de Vichy, jugé « trop mou » dans sa politique de collaboration.
En , il fuit Paris et se réfugie en Allemagne. Il y poursuit ses chroniques à l'antenne de Radio-Patrie, qui émettait depuis le territoire allemand, mais, selon Céline, ne vint jamais à Sigmaringen[5].
Quand l'Allemagne est envahie, il tente de fuir. Ayant cédé au frère du ministre Abel Bonnard sa place dans l'avion qui emmène Pierre Laval en Espagne[6], puis ayant pénétré en Suisse, il est livré à la France le et incarcéré à la prison de Fresnes. Il est jugé et condamné à mort dès le . L'accusation ne produit aucun témoin, se contentant de faire écouter à la cour les enregistrements des chroniques de l'accusé. Ce dernier se déclare heureux de la victoire alliée et affirme s'être trompé à l'époque des faits. Au procureur Boissarie, qui lui demande dans quel camp il était, Paquis répond : « Je suis dans le camp des vaincus, Monsieur le Commissaire du Gouvernement »[7]. Il est fusillé au fort de Châtillon le [8]. Il avait 33 ans.
Dans Nord, Louis-Ferdinand Céline écrit : « Hérold Paqui (sic) allant au poteau, pleurait, dépité... “ils ont pas fusillé Céline !” ». L'adversaire de Paquis, Pierre Dac, a voulu assister à son procès. Il a éprouvé un certain respect pour la cohérence de l'accusé et « son attitude [...] rigoureusement impeccable »[9], mais aussi du dégoût devant l'ambiance festive de mise à mort : « un homme qui va recevoir douze balles dans la peau, ça ne me fait pas rire, et encore moins rigoler »[10].
Paquis écrivit en prison un livre de souvenirs, publié après sa mort sous le titre Des Illusions… Désillusions !, qui reste un témoignage sur l'atmosphère délétère des derniers jours de la collaboration parisienne.
Mémoires, préface de Xavier de Magallon, Paris, Déterna, « Documents pour l'histoire », 2003 (comprend : L'Angleterre comme Carthage et Des illusions, désillusions : - ).
Notes et références
↑Roger Maudhuy, Les Grands Procès de la Collaboration, Limoges, Lucien Souny, (ISBN978-2-84886-228-6), p. 175.
↑Maurice Garçon (dir.), Les Procès de la radio : Ferdonnet et Jean Hérold-Paquis, compte-rendu sténographique, Paris, Albin Michel, , p. 138.
↑Maurice Garçon (dir.), Les Procès de la radio, Ferdonnet et Jean Hérold-Paquis, Paris, Albin Michel, , p. 140.
↑voir lettre de Céline à Ralph Messac, in Ralph Messac, « Après la parution des mémoires de Jean Hérold-Paquis, Louis-Ferdinand Céline remue à son tour le “panier de crabes” de la collaboration » (le Populaire, 12 nov. 1948).
↑Louis Saurel, « La Fin de Pierre Laval », L'Histoire pour tous, , p. 147.
↑Maurice Garçon (dir.), Les Procès de la radio : Ferdonnet et Jean Hérold-Paquis, Albin Michel, 1947, p. 165.
↑« Hérold Paquis et trois " Géorgiens " ont été fusillés ce matin », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑Yves Pourcher, Le radio-traître. Jean Hérold-Paquis, la voix de la collaboration, Alma éditeur, , p. 91-92.