Jean Gourmelin, né le à Paris et mort à Meudon le [1],[2], est un dessinateur de l'idée, de l'absurde et du fantastique, évoquant un univers personnel unique et fort, d'influence surréaliste.
Son dessin s'exprime le plus souvent à l'aide de la plume et de l'encre mais il pratiqua également la gravure, la peinture et la sculpture. Il a développé au fil de son art des thèmes métaphysiques tels que le hasard, l'espace et le temps.
Biographie
Il est né à Paris, rue de Tilsitt, près de la place de l’Étoile. Ses parents, d'origine modeste, l'un Breton, l'autre Franc-comtoise, étaient employés de maison dans une famille de riches israélites qui possédaient un hôtel particulier dans ce quartier. Il y fréquenta l'école de la rue Saint-Ferdinand, où il fut très tôt remarqué par son professeur de dessin Robert Lesbounit.
À l'âge de 14 ans, il dut quitter Paris pour la province, ses parents ayant repris un commerce à Vendôme (Loir-et-Cher). Il y suivit les cours du lycée Ronsard, surtout ceux de dessins où il fit des études de plâtres. Il y fit des rencontres importantes pour sa carrière, particulièrement celle du peintre Charles Portel qui l'initia à la peinture, à l'art du pochoir, du papier-peint, et à la gravure. Ces années marquèrent également le début d'une amitié avec le futur critique d'art Henry Galy-Carles et le graveur Roland Brudieux en compagnie desquels il découvrit le Surréalisme.
Il exécute ensuite des papiers-peints pour la Maison Nobilis où il collabore à une “restauration” de la toile de Jouy, ce qui lui valut déjà une certaine notoriété (avec La fête chez Thérèse en particulier).
Pendant la guerre, il fait des aller-retour entre Paris et Vendôme. En 1943, il doit rentrer comme dessinateur industriel dans une usine de produits métallurgiques vendômoise pour échapper au S.T.O..En 1945, il divorce d'un premier mariage au bout de 6 mois. À cette époque, il exécute des peintures sur chevalet, notamment des natures mortes et des paysages et des portraits pour des personnages de la bourgeoisie vendômoise.
En 1951, ses premiers dessins paraissent dans la revue Caractères dirigée par Maximilien Vox.
De 1951 à 1969, il collabore, comme son cousin Claude Serre (1938-1998), avec le maître verrier Max Ingrand (1908-1969), pour le compte duquel il réalise de très nombreux vitraux (chapelle des châteaux de Blois et d'Amboise, cathédrale de Rouen et de Saint-Malo notamment).
En 1952, il épouse sa seconde femme avec qui il vivra jusqu'à la fin de sa vie et dont il aura deux enfants. En 1957, le couple s'installe à Meudon.
En 1961, il fait à Paris une rencontre déterminante : celle de l'écrivain de science-fiction, historien du dessin, Jacques Sternberg (1923-2006) qui le détermine à privilégier “l'idée “ à la forme et le présente à Louis Pauwels (1920-1997), fondateur de la revue Planète. Celui-ci le publie ainsi que dans les Anthologies du même nom.
En 1967 a lieu sa première exposition personnelle à la galerie Le Tournesol à Paris. L'année d'après, il abandonne le vitrail pour vivre du dessin. Il collabore à la chronique de Jacques Sternberg de France Soir qui tire alors à un million d'exemplaires. Il publie son premier album dans la collection Chefs-d'œuvre du dessin chez Planète.
En 1973, il entre au Point. Commence alors une collaboration de 14 ans pour la rubrique société de ce magazine.
C'est l'époque des grandes expositions en France et hors des frontières. Il dessine pour des albums personnels tels Instants d'espace et à la Mémoire de l'humanité. Le Figaro lui demande des dessins pour ses pages économiques où il montre toute l'absurdité de l'économie.
Il commence à faire entrer la couleur dans ses dessins. Celle-ci s'étant imposée, il réalise des séries d' aquarelles de grands formats.
L'esprit de ses dessins se transforme. De l'humour noir et de l’absurde, on passe à une forme de philosophie et de recherche métaphysique.
En 2000, à la suite d'une maladie dégénérescente des yeux, il cesse de dessiner. Après plusieurs AVC, il doit être hospitalisé fin 2008. Il meurt en 2011 dans une maison de repos de Meudon.
Œuvre
Dès 1949, il exécute une affiche pour une exposition du cent cinquantième anniversaire de Balzac à Vendôme.
En 1950, il réalise une fresque murale au « Modern Hôtel » à l'Ile-Tudy située dans le Finistère. Cette fresque aujourd'hui disparue a été reconstituée au 1/6e (huile sur toile)[5]. Voir également le bulletin municipal de l'île Tudy de juillet 2022.
En 1962, son premier dessin d'humour paraît dans la revue Bizarre. Il publie dans de nombreux journaux tels que Pilote, Elle, Le Figaro, Les Lettres Françaises, Hara-Kiri (mensuel), Le Matin de Paris et Pardon en Allemagne[6].
En 1969, il confectionne les costumes et les décors pour Le Golem (téléfilm) et en 1971 ceux pour L'Homme qui rit (3 épisodes pour l'ORTF).
En 1970, la galerie Jacques Casanova lui demande de réaliser des dessins pour une série originale d'assiettes.
Il réalise de nombreuses affiches notamment pour Robert Hossein : Pas d'orchidée pour Miss Blandish adapté par Frédéric Dard, Notre-Dame de Paris, Les Misérables, Carmen ; pour Marcel Maréchal, Les Trois Mousquetaires ; pour le TBB dirigé par Jean-Pierre Grenier, Les Hauts de Hurlevent (Robert Hossein encore) et Caligula d'Albert Camus avec Rufus ; pour la pièce de Jacques SternbergUne soirée pas comme une autre jouée à l'Odéon.
Couvertures pour : La Nausée de Sartre, La Métamorphose de Kafka, 1984 de George Orwell, Le Matin des magiciens de Jacques Berger et Louis Pauwels.
Expositions
1967 : première exposition personnelle à la galerie Le Tournesol à Paris.
1969 : exposition personnelle à la galerie Christiane Colin à Paris.
1971 : il participe à une exposition collective L'Humour à travers les âges à la Bibliothèque nationale de France.
1972 : deuxième exposition à la galerie Christiane Colin à Paris.
En 1975, la galerie La Galère à Paris lui consacre une exposition personnelle.
1978, il participe à une exposition collective au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
En 1979 : trois expositions personnelles ont lieu à la Maison de la Culture de Créteil, à la galerie Rivolta de Lausanne et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
1980 : exposition itinérante dans les centres culturels d'Orléans et Mâcon.
En 1981, il participe à une exposition collective à Taïwan.
1982 : au même endroit une exposition personnelle est réalisée (Taipeï).
1983 : exposition personnelle à la galerie Pierre Lescot à Paris.
1989 : exposition personnelle au Centre culturel de Meudon.
1993 : exposition collective Traits d'impertinence au Centre Pompidou.
1996, il participe à une exposition collective de dessinateurs d'humour à la Galerie Pierre Belfond rue Guénégaud à Paris.
1998 : deuxième exposition personnelle au Centre culturel de Meudon.
2003 : présentation rétrospective de son œuvre à Corbeil-Essonne.
2004 : le Musée de Meudon lui consacre une exposition.
2005 : exposition personnelle à L'atelier André Girard rue Campagne Première à Paris.
Grande rétrospective de son œuvre à la Bibliothèque du Centre Pompidou du au : Les univers de Jean Gourmelin Dessins.
Exposé du au avec une vingtaine de créateurs contemporains en dessin pour un hommage au dessinateur Alfred Kubin (1877 - 1959), au centre d'art de l'abbaye d'Auberive.
La Ville de Vendôme lui a rendu hommage lors d'une grande exposition à la Chapelle Saint-Jacques du 14 au .
La Ville de Meudon et la critique d'art Charlotte Waligora ont organisé une exposition rétrospective du au au Centre d'art et de culture de Meudon.
En , participation à l'exposition-colloque Un autre monde dans notre monde à la Galerie du Jour Agnès B, au Centre Wallonie Bruxelles et à la Maison de la Poésie à Paris, sur le Réalisme fantastique.
Du au : exposition collective de dessins de presse à la galerie Artmouvances à Montfort l'Amaury.
2019 : exposition collective au FRAC de Marseille coproduite par le Fonds de dotation agnès b. et le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, en partenariat avec le Frac Grand Large - Hauts-de-France Un autre monde dans notre monde, troisième édition de l'évocation contemporaine du réalisme fantastique présentée par Jean-François Sanz.