Beaulieu se marie en 1763 avec Marie-Louise Robert ; elle meurt en 1776[2] après que le couple a adopté un fils unique[3]. Particulièrement versé dans le domaine artistique, il conçoit des améliorations pour un certain nombre de palais, dessine et met en œuvre la construction d'un jardin à la française et collectionne les objets d'art. Promu au grade de général-major en 1789, il aide à réprimer la révolte des Pays-Bas méridionaux qui voulaient se séparer du Saint-Empire et créer les États belgiques unis, mais son fils unique est tué au cours de l'insurrection[4]. En récompense de ses services, en 1790, Beaulieu est élevé au rang de Feldmarschall-Leutnant[5] et devient commandeur de l'ordre de Marie-Thérèse[2].
Les guerres de la Révolution française
De 1792 à 1795, Beaulieu opère contre les armées françaises dans les Flandres puis sur la ligne du Rhin[2]. Les 28 et , il remporte à Mons l'un des premiers engagements de la Première Coalition. Avec 5 000 hommes et 18 canons, il défait le corps français du général Armand-Louis de Gontaut Biron fort de 7 500 hommes et 36 pièces d'artillerie, lui infligeant 400 victimes alors que lui-même ne perd qu'une trentaine de soldats[6]. Il est vainqueur lors d'un autre affrontement à Harelbeke le , où il fait face avec 11 000 hommes et 10 canons à 7 000 Français accompagnés de six pièces d'artillerie appartenant à l'armée du maréchalNicolas Luckner[7]. Lors de l'infructueux siège de Lille qui dure du au , Beaulieu est à la tête d'une division dans l'armée du duc Albert de Saxe-Teschen. Les troupes sous son commandement comprennent trois bataillons et demi d'infanterie aux ordres de Karl von Biela, neuf escadrons de cavalerie menés par Louis-François de Civalart d'Happoncourt, huit autres escadrons sous le prince Charles-Eugène de Lambesc et les sapeurs et pontonniers de Karl Friedrich von Lindenau[8].
Le , Beaulieu dirige l'aile gauche du corps de Saxe-Teschen à la bataille de Jemappes, où il est défait. Il a alors sous ses ordres un bataillon du régiment d'infanterie no 17 Hohenlohe, deux bataillons du régiment d'infanterie no 18 Stuart, cinq compagnies du corps franc serbe et un escadron du régiment de hussards no 16 Blankenstein[9]. Il concourt également à la victorieuse défense de Trèves en [10]. Il remporte un nouveau succès le en repoussant une attaque de 8 000 soldats français sur Wervik avec seulement 5 000 hommes[11]. Il prend aussi part au siège du Quesnoy du au en tant que subordonné du comte François Sébastien de Croix de Clerfayt, à l'issue duquel 5 000 soldats français sont tués ou capturés[12]. Le , au cours de la bataille de Fleurus, il commande la cinquième colonne de l'armée coalisée, force puissante qui totalise 16 bataillons, 22 escadrons et 18 pièces d'artillerie[13]. Après la défaite, le prince de Saxe-Cobourg, qui n'apprécie guère Beaulieu, le démet de son commandement. Pendant deux ans, de 1792 à 1794, Beaulieu reste le propriétaire d'une unité hongroise, le régiment d'infanterie no 31[14]. Le , il est décoré de la grand-croix de l'ordre militaire de Marie-Thérèse[2].
L'échec d'Italie
Le , Beaulieu est élevé au grade de Feldzeugmeister et se voit affecter au commandement en chef des 32 000 hommes de l'armée impériale stationnés au nord de l'Italie. Il a pour adversaire une armée française commandée par un jeune général fraîchement promu, Napoléon Bonaparte. Conjointement avec les 17 000 hommes de l'armée du Piémont-Sardaigne, Beaulieu est chargé de défendre les crêtes des Alpes ligures et le massif nord des Apennins afin d'empêcher les troupes françaises de pénétrer dans le bassin du Pô[15]. Des instructions secrètes du gouvernement impérial de ne pas faire confiance aux Sardes, suspectés de préparer un renversement d'alliance avec la France, empêchent néanmoins Beaulieu de coopérer efficacement avec le commandant piémontais, Michelangelo Alessandro Colli-Marchi, qui est aussi un ami proche[16].
Profitant de la situation, Bonaparte parvient à déjouer les intentions du commandant de l'armée impériale par une série de savantes manœuvres connues sous le nom de « campagne de Montenotte ». Après avoir vu son aile droite malmenée par les Français à Montenotte et à Dego, Beaulieu reste dans une étonnante passivité alors que ses adversaires mettent les Piémontais hors-jeu en battant leurs armées coup sur coup à Millesimo, Ceva et Mondovi. Beaulieu replie son armée derrière le Pô, espérant que le fleuve constituerait un obstacle suffisant pour arrêter la progression française. Il est pris de court lorsque Bonaparte, après s'être dirigé vers l'ouest, traverse le Pô à Plaisance, derrière le flanc gauche des Impériaux. Le général Lipthay est battu par les Français à la bataille de Fombio du 7 au . En toute hâte, Beaulieu recule encore vers l'est, laissant dans la localité de Lodi un contingent sous les ordres du général Sebottendorf pour garder le passage de l'Adda. Le , Bonaparte s'empare du pont au cours de la bataille de Lodi, refoulant Sebottendorf avec une perte de 2 000 hommes et 14 canons[17].
L'armée impériale doit abandonner le duché de Milan et rétrograde jusqu'à la ligne du Mincio. Une nouvelle défaite le lors de la bataille de Borghetto contraint finalement Beaulieu à abandonner ses positions sur les bords du Mincio et à faire retraite au nord du Tyrol. Avant de quitter la vallée du Pô, le général en chef de l'armée impériale laisse une forte garnison dans la forteresse de Mantoue. Le siège de Mantoue devient par la suite l'enjeu de nombreux affrontements entre les deux parties durant l'année 1796[17]. Au cours de la retraite, Beaulieu relève le général Lipthay de son commandement de l'arrière-garde pour avoir reculé trop rapidement à son goût. Thomas Graham, un officier anglais placé en qualité d'observateur auprès de l'armée impériale, remarque que Beaulieu a généralement tendance à exiger beaucoup trop de ses soldats, est facilement irritable, rejette la responsabilité de ses propres fautes sur ses subordonnés et accuse ces derniers de ne pas exécuter correctement ses ordres. Graham déplore également les « intrigues mesquines » qui gangrènent l'état-major impérial[18].
Retraite
Après Borghetto (1796), Beaulieu doit céder son commandement au général Dagobert Sigmund von Wurmser. Beaulieu quitte alors le service pour se retirer sur ses terres de Linz, dans l'archiduché d'Autriche, où il se livre à son goût favori pour l'art et l'architecture[3]. Il demeure toutefois le propriétaire du régiment d'infanterie no 58 dont il est le colonel en titre depuis 1794[2]. Cette unité sert sur le théâtre du Danube pendant la guerre de la Troisième Coalition[19] et lors de la campagne de 1809[20]. Après avoir vu son château pillé à deux reprises par les troupes françaises, en 1805 puis en 1809, le baron de Beaulieu meurt à Linz le , à l'âge de 94 ans[3].
Jacques-Alphonse Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, 2e année, 1821, Paris : Ponthieu, 1822, p. 314-316[1]
(en) Martin Boycott-Brown, The Road to Rivoli : Napoleon's First Campaign, Londres, Cassell & Co, , 560 p. (ISBN0-304-35305-1).
(en) G. J. Fiebeger, The Campaigns of Napoleon Bonaparte of 1796–1797, West Point, US Military Academy Printing Office, (lire en ligne).
(en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN1-85367-276-9).