Figure locale du PS, il quitte le parti en raison de l’affaire Guérini, commencée en 2009. Il lance son propre mouvement, La Force du 13 (LFD13). Jugé en 2021 dans l'affaire dite « Guérini », il est condamné à dix-huit mois de prison ferme pour prise illégale d'intérêts, trafic d'influence et association de malfaiteurs ; il est définitivement condamné par la cour d'appel d'Aix-en-Provence en mars 2022, puis par la Cour de cassation en mars 2024 et perd son dernier mandat de sénateur après sa démission le 20 mars 2024.
Origines
Officiellement né le , il serait en réalité né le [1].
Bien qu'originaire du même village que les gangsters français Antoine et Barthélémy Guérini, et bien que son père se prénomme Antoine[2], Jean-Noël Guérini s'est toujours défendu d'être de leur famille, arguant que ce patronyme est très répandu à Calenzana[3]. Arrivé à l'âge de cinq ans à Marseille, il passe son enfance dans le quartier du Panier, le centre historique de la cité phocéenne. Il est le frère aîné d'Alexandre Guérini.
En 1977, il est élu conseiller municipal de Marseille, sur la liste de Gaston Defferre.
À partir de 1982, il est élu conseiller général dans le canton de Marseille-Les Grands-Carmes, dont fait partie le quartier du Panier. Il succède à ce poste à son oncle Jean-François Guérini, élu depuis 1951 et proche de Gaston Defferre, président de l'Office communal des HLM[4].
De 1990 à 1993, Jean-Noël Guérini est également salarié de la Compagnie Générale des Eaux (aujourd’hui Veolia), attaché de direction d’une filiale de la Sarp, division spécialisée dans le traitement des déchets toxiques[5].
Candidat aux élections législatives de 1997 dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, il obtient au premier tour 24,1 % des voix, devancé par le Front national et le député RPR sortant Jean Roatta. Il est battu de justesse au second tour à l’issue d'une triangulaire avec l’UDF et le FN.
Tête de liste de l’union de la gauche sur l'ensemble de la ville de Marseille lors des élections municipales de 2008, il se présente contre le premier adjoint Renaud Muselier dans son fief des 4e et 5e arrondissements (3e secteur). Au premier tour, sur l'ensemble de la ville, ses listes talonnent les listes du maire sortant, Jean-Claude Gaudin. Le lendemain, Jean-Noël Guérini fait alliance avec Jean-Luc Bennahmias, chef de file du Mouvement démocrate marseillais (5,54 % au premier tour). À l’issue du second tour, Jean-Noël Guérini est défait par Renaud Muselier dans le 3e secteur, où il obtient 48,57 % des voix, et par Jean-Claude Gaudin sur l'ensemble de la ville : ses listes recueillent 47,75 % des votes et 49 sièges au conseil municipal, contre 50,42 % et 51 sièges aux listes de Jean-Claude Gaudin.
Réélu dans son canton des Grands carmes, au premier tour, il est reconduit à la présidence du conseil général des Bouches-du-Rhône le . Un mois plus tard, Eugène Caselli, politiquement proche de Jean-Noël Guérini, et sur proposition de ce dernier, se présente comme candidat à la présidence de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole. Déjouant les pronostics, il emporte la victoire avec deux voix d’avance sur son adversaire, Renaud Muselier.
Le , en vue du congrès de Reims, Jean-Noël Guérini, Gérard Collomb et Manuel Valls (tous comme lui francs-maçons)[7], présentent leur contribution, « La ligne claire ». Cette initiative vise à l’émergence d’un parti réformiste. Le , Ségolène Royal et les représentants de « La ligne claire », constatant la proximité et la convergence de leurs textes respectifs, parviennent à un accord afin de rédiger une motion commune (la motion E). Selon Le Canard enchaîné, Jean-Noël Guérini quitte « La ligne claire » en .
Le 21 septembre 2008, Jean-Noël Guérini est réélu sénateur à la tête d'une liste qui emporte cinq des huit sièges à pourvoir dans les Bouches-du-Rhône. Après ce renouvellement, il devient secrétaire du Sénat. Il fait partie des sénateurs les moins présents à l'hémicycle ou en commission[8].
En , quatre ans après le début des affaires judiciaires le concernant, le Parti socialiste lance une procédure pour son exclusion du parti[9]. Le , il annonce qu'il quitte le parti, anticipant cette exclusion[10].
En , La Force 13 est battue aux élections départementales dans les Bouches-du-Rhône[12]. Jean-Noël Guérini ne brigue donc pas un nouveau mandat à la tête du département[13]. Il est toutefois élu conseiller départemental en binôme avec Lisette Narducci, maire du deuxième secteur, dans le canton de Marseille-2, qui inclut les quartiers du Panier et de la Belle-de-Mai[14].
Il est réélu sénateur lors des élections sénatoriales de 2020 dans les Bouches-du-Rhône, mais sa liste n’obtient qu'un seul siège, contre trois en 2014. Il démissionne de son siège de sénateur en après avoir été définitivement condamné à 5 ans inéligibilité[15].
Le , il est mis en examen dans une autre affaire[20] (détournement de fonds publics et licenciement abusif[21]), pour laquelle son immunité parlementaire avait été une nouvelle fois levée le . Il est mis en examen pour la troisième fois le , notamment pour corruption passive, participation à une association de malfaiteurs et atteinte à la liberté d'accès ou à l'égalité des candidats dans les marchés publics, dans un volet de l'affaire des marchés présumés frauduleux[22],[23].
En , dans l'affaire du licenciement de Jean-David Ciot, le parquet requiert six mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité[24].
En , la chambre économique et financière du tribunal correctionnel de Marseille, qui le jugeait pour détournement de fonds publics l'a relaxé, estimant que « les faits n'étaient pas caractérisés »[réf. nécessaire].
Le , la cour d'appel d'Aix-en-Provence le relaxe, avec le député PS Jean-David Ciot, au sujet de l'affaire de détournement de fonds publics et recel de ce détournement[25].
En mars 2021, à l'issue du procès, le procureur requiert contre lui une peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis, une interdiction des droits civils et civiques pendant cinq ans, ainsi qu'une amende de 70 000 euros[27]. Le , Jean-Noël Guérini est condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à trois ans de prison dont 18 mois ferme (il effectuera la moitié de sa peine avec un bracelet électronique à domicile), 30 000 euros d’amende et cinq ans de privation des droits civiques et civils avec effet immédiat (il perdra ainsi ses mandats de sénateur et conseiller départemental, sauf recours devant la cour d’appel). Son frère Alexandre Guérini écope de six ans de prison ferme avec mandat de dépôt différé. Huit autres prévenus sont condamnés et un relaxé[28],[29]. Jean-Noël Guérini fait appel[30],[31], ce qui lui permet de conserver son mandat de sénateur[32].
Le 30 mars 2022, la cour d'appel d'Aix-en-Provence condamne Jean-Noël Guérini, à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et cinq ans d'inéligibilité pour le trucage de marchés publics[33],[34]. Ses avocats annoncent un pourvoi en cassation, qui a un effet suspensif sur l'exécution du jugement d'appel, et permet ainsi à Jean-Noël Guérini de continuer à siéger au Sénat[35].
Le 13 mars 2024, la Cour de cassation confirme la condamnation de Jean-Noël Guérini à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et cinq ans d'inéligibilité pour le trucage de marchés publics et rejette son pourvoi dans sa quasi-totalité. L'ancien homme fort du Parti socialiste dans les Bouches-du-Rhône est définitivement condamné et démissionne de son dernier mandat de sénateur le [15],[36].
Par arrêté du 14 juin 2024 publié au Journal officiel du 19 juin suivant, son exclusion définitive de l'ordre de la Légion d'Honneur est constatée, avec effet au 30 mars 2022[37].
↑« Jean-Noël Guérini condamné en appel à de la prison ferme et à cinq ans d’inéligibilité pour le trucage de marchés publics », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )