Jean-Nicolas Savary naît en à Guise dans l'Aisne[1],[2]. Il est le fils du facteur parisien d'instruments à vent connu sous le nom de Nicolas Savary père (actif de 1778 à 1827 environ)[3].
Il prend le poste de premier basson de l'orchestre du Théâtre-Italien le 9 décembre 1818.
Jean-Nicolas Savary commence probablement à fabriquer des bassons, en association avec son père, en 1816-1817[2]. En 1823, il ouvre son propre atelier et propose la même année un modèle à quinze clefs. Il possède la réputation d'être l'un des meilleurs fabricants de bassons de qualité de son temps[4],[5]. Il fabrique également des bassons quinte (bassons ténor en fa) et un basson octave (qui sonne une octave plus haut)[2].
Ses innovations ont consisté à ajouter des clés (durant sa période d'activité il aura monté des bassons allant de cinq clés jusqu'à dix-sept[6]), introduire des rouleaux qui permettent de glisser d’une clé sur l’autre et apporter d’autres moyens comme la petite branche à coulisse mécanique (crémaillère) ou la culasse à bascule[7] pour faciliter le jeu du bassoniste et améliorer la justesse de l'instrument[8]. Tous les bassons de Savary connus aujourd’hui présentent des clétages mécaniques différents, confirmant la preuve qu’il fabriquait des instruments uniques répondant aux besoins de chaque musicien et à l'état de ses recherches. La seule constante est la perce intérieure de ces bassons, produisant leur timbre caractéristique. Léon Letellier et Édouard Flament soulignent que « ses instruments furent recherchés des virtuoses pendant très longtemps, et son exemple servit de modèle à tous les autres facteurs qui, après lui, continuèrent à perfectionner le basson[5] ».
« (...) Jean-Nicolas Savary, son jeune fils, s’adonna entièrement à cet instrument pour lequel il acquit en son temps une grande réputation. Rien d’étonnant à cela, d’ailleurs, car, premier prix du Conservatoire en 1808, puis basson solo au théâtre des Italiens, il fut plus à même que quiconque de reconnaître les imperfections de l’instrument et d’y remédier. »
— Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, les luthiers et la facture instrumentale, Paris, Sagot, 1893, p.299-300[7]
Jean-Nicolas Savary est contemporain de Carl Almenraeder (1786-1843) dont les travaux pour créer le basson allemand ou Fagott sont publiés par le magasin parisien de la maison Schott dès 1826[9]. Ces publications sur l'acoustique du basson comme le Traité sur le perfectionnement du basson (bilingue français/allemand) en 1823 ont très probablement influencé Jean-Nicolas Savary comme l'ont écrit Frédéric Berr dans sa méthode[10] et François-Joseph Fétis dans sa revue.
Le tableau de la Méthode complète de basson (Paris, 1836) de Frédéric Berr se base sur le basson à 16 clés, « un des instruments les plus récents des ateliers de Savary » selon une précision de l'auteur[12].
Ses bassons continuent à être joués au XXe siècle et sont utilisés pour des enregistrements. Une copie d'un modèle de 1823 est réalisée par le facteur suisse Walter Bassetto[13],[14]. Le bassoniste Brian Pollard utilise un basson Savary jeune dans le premier enregistrement sur instrument d'époque d'Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau (1978) et Masahito Tanaka a enregistré les six Sonates de François Devienne, op. 70 (Pavane, 1999)[15] sur le modèle 154 de Savary Jeune datant de 1820 à Paris, le même instrument que celui utilisé par Marc Vallon dans les quintettes à vent d'Antoine Reicha et de Franz Danzi avec le Quintette Biedermeir (Globe, 1994).
Il subsiste plus de soixante bassons marqués Savary jeune dans les musées et les collections privées[16].
Confusion
Certains éditeurs lui ont attribué à tort les compositions de Jérôme Savari (1819—1870), saxophoniste, compositeur, probable clarinettiste, élève et proche d'Adolphe Sax[17], devenu chef de musique du 34e de ligne en 1856 et dont les œuvres sont éditées par Adolphe Sax en 1861 et 1862.
Enregistrements
Jean Nicolas Savary: The Stradivari of the bassoon, World première recordings on historical bassoon, Lyndon Watts (basson classique), Edoardo Torbianelli (piano-forte) et Marion Treupel-Franck (flûte classique), Pan Classics PC10306, 30 juin 2014.
↑ a et bConstant Pierre, Les Facteurs d'instruments de musique, les luthiers et la facture instrumentale, précis historique, par Constant Pierre,..., Paris, E. Sagot, (BNF31108677, lire en ligne)
↑(de + en) James Kopp, « Frédéric Berr and the Savary Bassoon of 1836 », dans Le basson Savary, t. 8, Argus, coll. « Musikforschung der Hochschule der Künste Bern, Herausgegeben von Martin Skamletz
und Thomas Gartmann », , 184 p. (lire en ligne [PDF]), p. 158
↑(en) Charles Russell Day, A Descriptive Catalogue of the Musical Instruments Recently Exhibited at the Royal Military Exhibition, London, (lire en ligne), p. 69
↑« Savari, Jérôme », sur bruzanemediabase.com (consulté le )
Bibliographie
Constant Pierre, Le Conservatoire national de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne).
Augustin Tiffou, Le Basson en France au XIXe siècle : Facture, théorie et répertoire, Paris, L'Harmattan, coll. « Univers musical », , 459 p. (ISBN978-2-296-12278-9).