Il fait ses débuts au piano, à Nice, avec Barthélémy Alata[1], étudie la composition auprès de Mario Vittoria (conservatoire de Nice) et d'Émile Delpierre[2], et approfondit sa technique du piano auprès de la concertiste Lilly Appel-Kosma[3]. En 1980, il rencontre Éric Rohmer, début d'une longue collaboration.
Il enseigne la musique à l'image de 1987 à 2004 à l'Association pour le Développement de l’Animation Culturelle de la mairie de Paris (devenue Paris-Ateliers), sous la direction de Francis Balagna)[4].
Si son travail porte essentiellement sur les rapports de la musique à l'image (plus d'une centaine de réalisations pour la télévision et le grand écran), il signe aussi des partitions pour la scène comme l'opéra La Hire et la Tique commande de la ville de Dourdan (2011).
Collaboration avec Éric Rohmer
Dès leur première rencontre (en 1981) Éric Rohmer tint à prévenir Jean-Louis Valero : il ne voyait pas pour ses propres films l'intérêt d'une musique extradiégétique, arguant que si une scène en nécessitait « c’est que la scène était ratée ». En conséquence, il lui recommanda de ne jamais se départir d'un « certain esprit d’abnégation »[5]. Cette précaution se retrouvera plus tard pleinement vérifiée avec L'Ami de mon amie ; Rohmer voulait la plus belle musique possible pour son film mais la baisserait tellement au mixage que personne ne devait l'entendre. Il en désirait néanmoins une vingtaine de minutes[6]. Rohmer jugea son film réussi car « il n'avait pas besoin de musique »[7]. En remerciement, le nom de Jean-Louis Valero apparaît au générique en très gros caractères. Après une écoute attentive, les droits d’auteur ont été jugés recevables par la Sacem[8].
Pour Quatre aventures de Reinette et Mirabelle, Rohmer souhaitait un générique fait uniquement de la note DO, rythmé et répétitif[9]. Jean-Louis Valero lui soumit l’idée d’une musique codée en morse, chaque groupe de notes épelant les mots « Reinette et Mirabelle », le DO grave étant mis pour un trait, le Do aigu pour un point. Cette trame rythmique accompagne une mélodie très simple faite elle-même des seules notes DO. (cf illustration ci-contre). Premier exemple de musique signifiante dans l’œuvre de Rohmer, ce dernier l’accepta d’enthousiasme[10].
Rohmer désirait pour Le Rayon vert une fugue de facture « beethovenienne »[7] à partir d’un thème atonal de 8 mesures de son crû (cf illustration ci-contre). Ce thème (dit « thème de la carte » ), interprété au violoncelle seul, est entendu à plusieurs reprises dans le film. Pour la fin, Jean-Louis Valero écrivit pour quatuor à cordes un premier mouvement fugué (l’Attente), tendu, atonal, qui se termine à l’apparition du rayon vert. Le second mouvement (l’Espoir), d’une facture plus tonale et apaisée, clôt le film et sert de générique de fin[7]. Rohmer laissa à Jean-Louis Valero la paternité de l’ensemble[11]. La bande magnétique originale a été perdue par Rohmer ; il utilisa en dernier recours la cassette de sécurité de piètre qualité pour en coucher le son sur le film tourné initialement en 16 mm. Cette cassette ayant à son tour été effacée inopinément par le même Rohmer, le son définitif du 35 mm provient de la piste optique du 16 mm, ce qui explique sa sonorité qu'il jugea in fine plus intéressante qu'un enregistrement plus traditionnel[12]. La musique du film Le Rayon vert est un des très rares exemples de musique extradiégétique dans l’œuvre de Rohmer.
Récompenses
1988: Faust d'Or Musique et Son (Forum des Arts de l'Univers Scientifique et Technologique) Toulouse[13].
1990: Prix Paris Cité (Concours International des Technologies de la Création et de l´Innovation) pour la bande son du film Nature Morte de Georges Le Piouffle[14]
1991: Prix spécial de la SACEM au festival de Clermont Ferrand pour la musique de Cèleri rémoulade de Jean-Pierre Biazotti [15]
2004: Nomination aux Gemini Awards (Canada): "Best Original Music Score for a Documentary Program or Series" pour War in Korea de Brian McKenna[16]
2003 : Brian McKenna, Korea the Unfinished War coproduction franco-canadienne 4 × 52 min (nomination au Gemini Awards 2004: Best Original Music Score for a Documentary Program or Series)
↑Émile Delpierre (1915-1992), compositeur et chef d’orchestre, auteur de la musique du film Le Beau Serge de Claude Chabrol, collaborateur de Francis Gag.
↑Violaine Caminade de Schuytter, Éric Rohmer, corps et âme : l'intégrité retrouvée, L’Harmattan, 2011, p. 29 [1]
↑François Thomas, Entretien avec Jean-Louis Valero, in Rohmer et les autres, sous la direction de Noël Herpe, Presses Universitaires de Rennes,, 2007, p. 235)
↑ ab et cFrançois Thomas, Entretien avec Jean-Louis Valero, in Rohmer et les autres, sous la direction de Noël Herpe, Presses Universitaires de Rennes,, 2007, p. 234)
↑François Thomas, Entretien avec Jean-Louis Valero, in Rohmer et les autres, sous la direction de Noël Herpe, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 234)