Jean-Baptiste Doumeng est le fils d'un métayer de Noé, un village de Haute-Garonne. Alors qu'il commence très tôt à travailler aux champs, il est repéré par le curé de son village, qui l'incite à passer son certificat d'études primaires et lui ouvre sa bibliothèque afin qu'il puisse étudier.
Après son certificat d’études, il ne peut continuer ses études et doit gagner sa vie, aidant son père et louant ses bras aux fermes alentour. Révolté par la condition sociale des paysans, il s’intéresse, sur les conseils d’un receveur des postes anarchiste du village, aux écrits de Jean Jaurès, Mikhaïl Bakounine, Hegel et Karl Marx[3].
Responsable de l'approvisionnement, il est homologué lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI)[4]. Parallèlement à son engagement dans la Résistance, il reste proche du monde paysan et devient l’un des principaux animateurs de la section toulousaine des Comités de défense et d’action paysans (CDAP) clandestins, destinés à préparer l’émancipation du monde agricole[3].
Parcours dans les affaires
Jean-Baptiste Doumeng se lance dans les affaires à partir de 1946 en créant l’Union des coopératives agricoles du Sud-Ouest (UCASO), des coopératives d’approvisionnement départementales, qui procurent les produits au prix coûtant[3]. Il fonde le la société Interagra[5], qu’il préside jusqu’à sa mort. Il devient l'un des plus grands patrons de l’agroalimentaire mondial. Sa fortune est due pour l'essentiel au commerce qu'il a développé avec les pays du bloc de l'Est pendant la période de la guerre froide[6]. Il est l'un des seuls hommes d'affaires, avec Armand Hammer, à disposer d'un bureau à Moscou malgré la présence du rideau de fer[2].
Fort en gueule et doté d'une faconde truculente, il a contrôlé de facto et indépendamment du pouvoir politique la totalité du commerce agro-alimentaire entre la France et l'URSS des années 1960 à 1981, date à laquelle l'arrivée d'Édith Cresson au ministère de l'Agriculture a marqué le début de la reprise en main par l'État de ces échanges commerciaux[réf. nécessaire].
À sa mort, en 1987, son groupe pèse 30 milliards de francs, soit 4,5 milliards d'euros[2]. Lui rendant hommage lors de ses obsèques, Gaston Plissonnier résuma ainsi son engagement politique et professionnel :
« Ce vétéran du Parti, qui a passé toutes les tempêtes, était surtout un homme passionné. Passionné par la vie paysanne, passionné par l’intérêt national [...]. Avant tout profondément bon, il savait écouter les autres. Cet homme d’honneur ne participait pas à l’activité organisationnelle du Parti. Il était au service des relations commerciales de la France avec d’autres pays, un dirigeant international du mouvement coopératif. »
« Jean », comme l’appelaient les siens, soulignait lui-même : « Je préfère agir pour la convergence économique internationale, qui me sélectionne pour une activité particulière, plutôt que d’assumer une tâche de propagande, disons le mot, dans un milieu condamné à rester témoin[10]. »
Le dirigeant cubain Fidel Castro avait envoyé une gerbe de fleurs[2].
Notes et références
↑Jacques Lamalle, Le milliardaire rouge : Jean-Baptiste Doumeng, J. C. Lattès, 1980.