Jean-André Faucher (parfois surnommé JAF et connu comme écrivain sous les pseudonymes de Asmodée et Le Cousin Jean) est un journaliste français né le à Clichy et mort le dans le 10e arrondissement de Paris[1]. Homme d'influence atypique, militant nationaliste et vichyste dans sa jeunesse, il passa plus tard à la gauche radicale-socialiste et devint un dignitaire de la franc-maçonnerie.
En , il aurait déserté alors qu'il devait être requis pour le STO, et aurait été arrêté, puis incarcéré au camp allemand de Soulac-sur-mer, d'où il se serait échappé peu après. Il participe au journal collaborationniste Je suis partout, dans lequel il fait l'éloge de la Révolution nationale.
Activités politiques après-guerre
Lors de l'épuration, Jean-André Faucher est dénoncé comme étant un indicateur de la Gestapo, et la Cour de justice de Limoges le condamne () à l'indignité nationale, et à la peine de mort par contumace pour « crime de trahison en temps de guerre »[2].
Il vit ainsi une cavale de 3 ans, pendant lesquelles il est, sous diverses identités, au 14e régiment de tirailleurs sénégalais, professeur dans une école privée d'Angers, ou encore employé dans une société d'assurances parisienne. Il collabore ensuite sous un faux nom au journal La Seine, proche de la SFIO.
Parallèlement, il est l'un des animateurs du Rassemblement travailliste français, fondé en 1947 par Julien Dalbin (devenu Mouvement travailliste national en 1955), « point de ralliement de l'extrême droite sociale » rassemblant d'anciens collaborationnistes du PPF ou du RNP (notamment Henri Barbé). Il est à nouveau reconnu, puis se réfugie à Montbéliard en 1947, où il travaille chez Peugeot. C'est alors que, sous le pseudonyme « colonel Clark », il fonde l'Armée française loyale une organisation paramilitaire clandestine et anticommuniste, impliquée dans le Plan bleu (ou encore « complot de Lamballe »), qui visait à renverser la Quatrième République.
Faucher est arrêté en , mettant fin à ses 3 ans de clandestinité. Il est amnistié pour ses activités de la Seconde Guerre mondiale, mais néanmoins condamné à 20 mois de prison pour son implication dans le Plan bleu. Il est libéré en . Il participe ensuite brièvement au journal La Sentinelle, prônant le « racisme scientifique ».
Il lance ensuite plusieurs lettres confidentielles, telles que La lettre à un cousin et La lettre de l'oncle Pierre, contenant un certain nombre d'informations sur la presse. Son activité journalistique s'exerce alors autant dans des journaux d'extrême-droite que dans des journaux de gauche : Rivarol, Charivari, L'Heure Française (sous le pseudonyme « docteur Guillotin »), Dimanche matin, L'Echo de la presse et de la publicité, Jeune Nation, L'Indiscret de Paris, ou encore Aux écoutes. Il a par ailleurs soutenu le mouvement de Pierre Poujade.
Il soutient les partisans de l'Algérie française, comme il l'écrit dans quatre ouvrages : L'Algérie rebelle en 1957, L'Agonie d'un régime en 1959, Les Barricades d'Alger en 1960, et Alger la maudite en 1963. Pourtant, un tract de l'OAS, distribué en 1964, brise la réputation de Faucher dans le milieu, l'accusant d'être un indicateur des Renseignements généraux infiltré dans l'OAS pour dénoncer ses membres.
Radical-socialisme et franc-maçonnerie
C'est lors de ces activités qu'il rencontre le radical-socialiste Charles Hernu, après un droit de réponse de celui-ci, qui faisait suite à article de Dimanche Matin relatif à son passé vichyste.
Proche d'André et Jacques Maroselli, il est l'un des fondateurs du club Louise Michel (1962), et le secrétaire général de l'Atelier républicain (fondé en 1962), club exclusivement composé de maçons, qui incarnait l'aile gauche du Parti radical, et dont l'objectif était de « redéfinir un socialisme solidariste en face du socialisme de tradition marxiste ».
Soutien à François Mitterrand
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En 1965, il travaille au rapprochement de son parti politique et de son obédience maçonnique avec François Mitterrand : les mouvements de Faucher (Atelier républicain et club Louise-Michel) se fondent dès lors dans la Convention des institutions républicaines (CIR), fondée en 1964 par Mitterrand. Ce dernier fait de Faucher l'un de ses attachés de presse pour la campagne (le directeur de la communication étant Charles Hernu).
N'étant pas à un paradoxe près, il participe, au cours même de la campagne, à la fondation de l'association Les amis d'Édouard Drumont, et écrit un article dans la revue nationale-européenne Europe-Action, où il exprime son soutien à Mitterrand au nom de la « gauche patriote [qui] ne pouvait que prendre dans le front de gauche ». Dans le même article, il salue ses « camarades d’Europe-Action et de la Fédération des étudiants nationalistes » comme les « héritiers authentiques d'un socialisme, dans la filiation de Blanqui et de Sorel ».
Tout en écrivant des ouvrages sur la gauche (La Gauche française sous de Gaulle en 1969) et la Commune de Paris (La Véritable histoire de la Commune, 1969), Faucher collabore à des publications réputées très à droite, comme Le Crapouillot (sous le pseudonyme de « Frédéric Vareuil »), Minute à partir de 1968, Valeurs actuelles à partir de 1970, où il anime la chronique politique signée « Eugène de Rastignac », et au Spectacle du Monde au cours de la même période. Il est d'ailleurs proche de Roland Gaucher.
Il poursuit en même temps son ascension dans la franc-maçonnerie : en 1977, il est fait grand secrétaire de la Grande Loge de France (GLF). Plus tard, il crée sa propre obédience, la Grande loge d'Orient et d'Occident. Il crée également deux mouvements radicaux mineurs, le Rassemblement de la gauche radicale en 1977, qui devient la Fédération nationale des républicains de gauche en 1984.
↑Ghislaine Ottenheimer, Renaud Lecadre, Les Frères invisibles, Editions Albin Michel, , p. 144
↑Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez, La main droite de Dieu, le Grand livre du mois, , p. 52 : « Le 30 mars 1986, dans le contingent réservé au ministère des Dom-Tom, le Journal officiel publie la nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur de Jean-André Faucher au grade de chevalier. »