Elle est la première scientifique à avoir observé et rapporté que les chimpanzés utilisent des outils pour s'alimenter. Ses travaux ont profondément transformé la compréhension des rapports entre les êtres humains et les autres animaux.
Valerie Jane Morris-Goodall naît le à Hampstead, un quartier de Londres[2], d'un père ingénieur et d'une mère au foyer. Elle est élevée à Londres puis à Bournemouth. Ses parents n'ayant pas les moyens de lui payer des études, elle passe un diplôme de secrétaire. Elle enchaîne alors les petits emplois[3].
En 1957, à l'âge de 23 ans, invitée au Kenya par une amie, elle y rencontre le célèbre archéologue et paléontologue Louis Leakey[4], qui effectue d'importantes fouilles dans la Corne de l'Afrique. Elle devient sa secrétaire[3].
Passionnée depuis sa jeunesse par les animaux (et végétarienne[5]), elle décide, en 1960, de vivre seule parmi eux, pour mieux les observer et les comprendre. Elle s'installe dans la région du lac Tanganyika (Tanzanie), dans ce qui est aujourd'hui le parc national de Gombe Stream, pour y étudier les mœurs des chimpanzés[3].
Jane Goodall commence alors ce qui sera la plus longue étude de terrain menée sur les animaux sauvages vivant dans leur environnement naturel. Durant ses premières années à Gombe, elle découvre de nombreux aspects du comportement des chimpanzés[3].
En , elle observe un chimpanzé en train de fabriquer et d'utiliser des outils pour attraper des termites. Cette découverte ébranle la définition de « l'être humain » de l'époque qui attribuait alors ce comportement exclusivement à l'humain. Louis Leakey écrit : « Maintenant, nous devons redéfinir la notion d’homme, la notion d’outil, ou alors accepter le chimpanzé comme humain…[3] »
Encouragée par Louis Leakey, elle réalise un parcours doctoral au Newnham College, alors qu'elle n'a pas de diplôme universitaire[6],[7],[8]. Elle soutient en 1965 sa thèse de doctorat en éthologie, dirigée par le zoologiste Robert Hinde, et intitulée Behaviour of free-living chimpanzees. Durant les années suivantes, ses travaux continuent à profondément transformer la manière de voir les primates (aussi bien les humains que les autres grands singes). Elle observe que les chimpanzés ne sont pas végétariens mais omnivores, contrairement à ce que l'on pense alors, et qu'ils peuvent mener des guerres entre eux, lors du suivi de la guerre des chimpanzés de Gombe. Ses travaux l'ont amenée à donner des noms aux animaux qu'elle côtoyait et ainsi à leur donner une personnalité, estompant ainsi en partie la distinction entre chimpanzés et humains[9],[10],[11],[3].
En 1986, elle commence à prendre en compte les différences de comportement des chimpanzés en fonction de la localisation géographique des différents groupes. N'entrevoyant aucune explication génétique ou environnementale pour expliquer ces différences, elle propose alors que celles-ci sont des variantes culturelles[12]. Son approche est reprise par d'autres chercheurs pour s'étoffer avec le temps[13],[14], bénéficiant ensuite d'une collaboration systématique entre plusieurs groupes de recherche à long terme[15],[16].
Après ses recherches, Jane Goodall s'est donné pour mission essentielle d’alerter l’opinion publique des dangers qu’encourt notre planète et de faire évoluer les comportements individuels vers une meilleure prise de conscience de l'environnement.
En 2018, le temps d'une escale dans un aéroport, elle rencontre Adrien Moisson, jeune créateur de Wild Immersion. Séduite par cette expérience de réalité virtuelle à des fins de sensibilisation à la biodiversité, elle devient la marraine de l'initiative et apparaît en présentation des films dans les casques de réalité virtuelle[19].
Jane Goodall est une personnalité prosopagnosique[20], c'est-à-dire qu'elle a un trouble de la reconnaissance des visages[21],[22], qui est plutôt associé à une empathie élevée l'ayant aidée dans sa carrière[23], bien que ses difficultés de reconnaissance faciale concernent aussi les primates non humains, comme le note Oliver Sacks, neurologue et écrivain lui-même prosopagnosique[24].
Depuis 1977, l’Institut Jane Goodall protège les chimpanzés sauvages, gère des réserves naturelles et crée des refuges en Afrique, notamment le sanctuaire Tchimpounga, pour protéger nos plus proches cousins. Ces refuges accueillent majoritairement des orphelins dont les mères ont été victimes de la chasse. Sans les refuges de l'institut, ils seraient condamnés[25].
Pour préserver la faune et lutter contre les menaces (trafics, chasse, déforestation, épidémies) qui pèsent sur l’avenir des grands singes, l’Institut développe, depuis sa création, des programmes innovants : Roots & Shoots (littéralement racines et pousses) pour l’éducation des plus jeunes (il encourage les jeunes à s'impliquer dans des projets visant à prendre davantage soin des animaux, de l'environnement et de la communauté humaine et réunit plus 150 000 groupes dans plus de 136 pays)[26], Tacare pour aider au développement durable des populations et lutter contre les maladies, ChimpanZoo pour étudier et améliorer les conditions de vie des chimpanzés en captivité.
L'Institut Jane Goodall France est créé en 2004[27]. Il est dirigé par Galitt Kenan et présidé par Pierre Quintard[28].
Le , le Premier ministre Dominique de Villepin remet à Jane Goodall les insignes d’officier de la Légion d’honneur. Elle reçoit le lendemain la médaille d'or des 60 ans de l'UNESCO.
Le , le maire de Paris Bertrand Delanoë décore Jane Goodall de la médaille de vermeil de la Ville de Paris.
En , un vote organisé auprès de ses lecteurs par le magazine américain New Scientist, pour le compte de L'Oréal, la classe 10e femme scientifique la plus charismatique parmi les 20 proposées au vote[33]
↑(en) Jeheskel Shoshani, Colin P. Groves, Elwyn L. Simons et Gregg F. Gunnell, « Primate Phylogeny: Morphological vs Molecular Results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1, , p. 102–154 (ISSN1055-7903, DOI10.1006/mpev.1996.0009, lire en ligne, consulté le )
↑Wenda Trevathan, « The chimpanzees of Gombe. Patterns of behavior. By Jane Goodall. Cambridge, MA: The Belknap Press of Harvard University Press. 1986. xvii + 673 p. », American Journal of Physical Anthropology, Wiley, vol. 73, no 3, , p. 409-410 (ISSN0002-9483, DOI10.1002/ajpa.1330730313, lire en ligne)
↑Christophe Boesch et Michael Tomasello, « Chimpanzee and Human Cultures », Current Anthropology, University of Chicago Press, vol. 39, no 5, , p. 591-614 (ISSN0011-3204, DOI10.1086/204785, lire en ligne)
↑A. Whiten, J. Goodall, W. C. McGrew, T. Nishida, V. Reynolds, Y. Sugiyama, C. E. G. Tutin, R. W. Wrangham et C. Boesch, « Cultures in chimpanzees », Nature, Springer Nature, vol. 399, no 6737, , p. 682-685 (ISSN0028-0836, DOI10.1038/21415, lire en ligne)
↑Whiten A, Goodall J, McGew WC, Nishida T, Reynolds V, Sugiyama Y, Tutin CEG, Wrangham RW, Boesch C, Charting cultural variation in chimpanzees, Behaviour, 2001, vol. 138, p. 1489-1525
↑Jane Goodall, De Gombe à l'éveil des consciences. Dans : Révolutions animales, comment les animaux sont devenus intelligents, dir. Karine Lou Matignon, Strasbourg, Arte Éditions/Les Liens qui libèrent, , 574 p. (ISBN979-10-209-0324-2), pages 37-40
↑« Tous nos problèmes environnementaux deviennent plus faciles à résoudre avec moins de personnes, et plus difficiles – et finalement impossibles – à résoudre avec toujours plus de personnes. » David Attenborough, https://populationmatters.org/our-patrons