Jamel Moknachi naît en 1937 à Oum El Bouaghi (Canrobert à l'époque), dans la région des Aurès. Après des études au lycée de Constantine, il s'inscrit à la Faculté des lettres d'Alger. Mobilisé en 1958 en France pour son service militaire, il déserte[2] et devient lieutenant de l'ANP[3].
Après 1962 Jamel Moknachi achève ses études en France dans une école de journalisme. En 1966, devenu journaliste il s'intéresse à la vie des émigrés en France, Belgique et Allemagne. Rentré en Algérie, il collabore à l'Algérie Presse Service, à la Radiodiffusion télévision algérienne[2], et publie régulièrement de 1964 à 1967 poèmes et textes en prose dans plusieurs journaux et revues algériennes.
Jamel Moknachi fait ensuite partie des « poètes nés autour des années 20 ou 30 » qui ont, selon Tahar Djaout, « cheminé dans la plus parfaite solitude »[4].
« Emigré itinérant » entre Alger et Paris, il redécouvre l'Algérie en 1993 après plus de deux décennies d'exil[5] et collabore à partir de janvier à l'hebdomadaire Ruptures dirigé par Tahar Djaout. Lors d'un voyage à Paris pour régler des affaires familiales, il meurt d'une embolie cardiaque[6].
L'œuvre
Pour Jacqueline Lévi-Valensi et Jamel Eddine Bencheikh, en 1967, les principaux thèmes de du premier recueil de Jamel Moknachi, Les Hivers se moissonnent, sont « ceux du combat, de l'exaltation nationale, de la souffrance du peuple algérien », mais dans les poèmes qu'il y réunit sous le titre Kaléidoscope de la Joie les images arrachées à la guerre, à la misère et au combat font place « à la joie de la liberté reconquise »[7].
Dans ses premiers temps la poésie algérienne de langue française se présente « comme une fresque du malheur et de l'expérience tenace », écrit Jean Sénac en 1971 : « elle fut, pendant cette période, à l'image de notre combat, une insurrection de l'esprit ». Dans son évocation de la première génération d'écrivains qu'il distingue et à laquelle il appartient lui-même, Sénac place Jamel Moknachi aux côtés de « Jean Amrouche, Mohammed Dib, Anna Gréki, Kateb Yacine, Mostefa Lacheraf, Henri Kréa, Nordine Tidafi, Bachir Hadj Ali, Ismaël Aït Djafer, Messaour Boulanouar, Nourredine Aba, Boualem Khalfa, Malek Haddad, Djamel Amrani ». À travers leurs poèmes, ajoute-t-il, « c'est tout un peuple qui dénonçait, répertoriait l'horreur, revendiquait et dressait dans la nuit le fanal de nos certitudes » : ils « témoignent de la plus haute façon pour une époque tragique et glorieuse de notre histoire »[8].
Bibliographie
Ouvrages
Les hivers se moissonnent, Rodez, Subervie, 1964, 48 p. (poèmes).
Poussières de soleil, Rodez, Subervie, 1967, 46 p. (poèmes).
L'Envers d'un cri, Paris, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1974, 52 p. (poèmes).
Pour l'Afrique, textes algériens réunis et présentés par Mustapha Toumi, Alger, SNED, 1969 [« Resurgere », « Avertissement », « J'accuse le malheur », « Les chiens aboient à la lune » et « La statue de la liberté », p. 191-197].
Fleurs de novembre. Le récit algérien contemporain, introduction de V. Balachov Moscou, 1972, 272 p. (en russe)[9].
Ali El Hadj Tahar, Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française, 1930 - 2008, en deux tomes, Alger, éditions Dalimen, 2009. (ISBN978-9961-759-79-0)
Dans journaux et revues
Eléments de bibliographie d'après Jean Déjeux, Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne de langue française, 1945-1977, Alger, SNED, 1979.
Poèmes
« Les hivers se moissonnent », dans Révolution africaine, n° 53, Alger, .
« Demain on assassine Aïssat Idir », et « Poussière de soleil », dans El Moudjahid, Alger, .
« Les paysans », « Concerto pour sorciers », « Sirocco pour béton », « La vie de l'artiste » et « Le temps d'aimer », dans El Moudjahid culturel, n° 59, Alger, .
Théâtre
« Mille neuf cent vinquante quatre », dans Promesses, n° 7, Alger, mai-, p. 81-104.