Il se marie à Strasbourg le avec Marie Sophie Pauline Goguel, fille de Georges Frédéric Goguel, fabricant de tabac, et de Marie Marguerite Élisabeth Saltzmann, fille du théosophe strasbourgeois Frédéric-Rodolphe Saltzmann.
Il est professeur d'histoire au collège royal de Strasbourg (1818-1820), puis professeur de philosophie au Séminaire protestant (de 1820 à 1843 et de 1846 à 1864) et enfin professeur d'histoire ecclésiastique à la Faculté de théologie. Cependant, Jacques Matter n'est pas seulement enseignant ; il est également administrateur, pasteur (de 1825 à 1829 à Saint-Thomas) et écrivain fécond. Il est nommé inspecteur d'académie en 1818, puis inspecteur général des études de 1828 à 1845. De 1822 à 1828, il est également proviseur du Gymnase qu'il contribue à moderniser et où il impose le français, comme langue d'enseignement, dans toutes les matières[1].
Il insiste particulièrement sur l'usage du français car il est l'une des rares personnes de son époque qui a conscience qu'il y a un véritable risque de clivage social en Alsace entre ceux qui maîtrisent la langue nationale et les milieux populaires qui continuent à l'ignorer. Ainsi, s'il ne bannit pas l'allemand, il favorise du moins la diffusion de français en tant qu'inspecteur et professeur.
Afin de contribuer à la formation des enseignants, il fonde plusieurs revues pédagogiques comme L'instituteur primaire[2], le Visiteur des écoles et le Manuel général d'instruction primaire.
En 1845, Jacques Matter démissionne de ses fonctions pour être nommé inspecteur général des bibliothèques, mais il n'occupe ce poste qu'un an, avant de définitivement se consacrer à ses recherches. Celles-ci concernent essentiellement les doctrines philosophiques ésotériques, ce qui contribue à le mettre à la tête d'un cercle de théosophes strasbourgeois. Il est d'ailleurs l'inventeur du nom « ésotérisme » en français, que l'on retrouve dès 1828 dans l'Histoire critique du gnosticisme[3]. Franc-maçon, il hérite des écrits personnels de Saint Martin et il en est le premier biographe[4].
Son fils, Albert Jules Timothée Matter (1823-1907), est également pasteur et professeur. Spécialiste des dogmes luthériens, il est le fondateur en 1883 de la Société théologique. Il devient également le président de la Société biblique de France et il dirige la commission synodale de la révision de la Bible d'Ostervald parue en 1744[5].
Œuvres principales
À cette liste (non exhaustive), s'ajoutent de très nombreuses contributions à des périodiques, comme le Dictionnaire de la conversation, l'Encyclopédie des gens du monde, la Revue d'Alsace, la France littéraire et la Theologische Encyclopädie[6].
La plupart des livres de Jacques Matter ont connu des rééditions.
De l'influence des mœurs sur les lois et des lois sur les mœurs, Paris, 1823 - éd. de 1832
Histoire critique du gnosticisme et de son influence sur les sectes religieuses et philosophiques de six premiers siècles de l'ère chrétienne, Paris, F. G. Levrault, 1828, 2 vol. (tome 1/tome2) - un troisième volume contient des planches
Histoire universelle de l'Église chrétienne, considérée principalement dans ses institutions et ses doctrines, Strasbourg, Veuve Silbermann, 1829-1835, 4 vol. (tome 1/tome 2/tome 3/tome 4)
Histoire des doctrines morales et politiques des trois derniers siècles, Paris, AB. Cherbuliez et Cie, 1836-1837, 3 vol. (tome 1/tome 2/tome 3)
L'instituteur primaire, ou conseils et directions pour préparer les instituteurs [...] à leur carrière, Paris, 1843
De l'éducation des enfants dans les classes ouvrières et de leur retrait prématuré de l'école, Strasbourg, 1858
Mystique et théosophie
Saint-Martin, le philosophe inconnu, sa vie et ses écrits [...], Paris, 1862 - deuxième édition sur Gallica, actuellement encore la biographie la plus complète sur ce mystique d'après l'ordre martiniste[7]
↑Jacques (1791-1864) Auteur du texte Matter, L'instituteur primaire, ou Conseils et directions pour préparer les instituteurs primaires à leur carrière... (2e édition) / par M. Matter,..., (lire en ligne)
↑Histoire critique du gnosticisme, Paris, F. G. Levrault, 1828, p. 83 ; « Ésotérisme (Histoire du mot) », in Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l’ésotérisme, Paris, PUF, 1998, p. 481.
↑Richard Raczynski, Un dictionnaire du Martinisme, Paris, Dualpha éd., 2009, p. 409-410.