Share to: share facebook share twitter share wa share telegram print page

Gymnase Jean-Sturm

Gymnase Jean-Sturm
Description de l'image Logo Gymnase Jean-Sturm.png.
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Gymnase Jean-Sturm.
Histoire et statut
Fondation 1538
Type Lycée
Administration
Localisation
Ville Strasbourg
Pays Drapeau de la France France
Site web https://legymnase.eu
Coordonnées 48° 35′ 02″ nord, 7° 44′ 54″ est

Le Gymnase Jean-Sturm est l'héritier de la Haute École de Strasbourg, école protestante humaniste fondée en 1538 par le Magistrat de la ville impériale libre de Strasbourg, sur l’initiative de Jean Sturm auquel l’institution doit son nom, ainsi que le berceau de l’université de Strasbourg. Durant ses presque cinq siècles d’existence, le Gymnase a évolué, au gré des changements des aspirations intellectuelles de la ville et de l’ambiance politique et culturelle alsacienne et européenne.

Il est aujourd'hui l'un des sites du pôle éducatif protestant de Strasbourg. Cet établissement scolaire est un établissement d’enseignement privé sous contrat d’association avec l’État. Il est situé dans le centre-ville de Strasbourg (Bas-Rhin, Grand Est), et propose un enseignement de la 4e à la terminale.

Historique

Origines

Le souci de l’éducation était une préoccupation majeure des intellectuels strasbourgeois bien avant la venue de Jean Sturm. Dès 1485, Jean Geiler de Kaysersberg propose de mieux former les prêtres[1]. Cependant c’est au sein du groupe humaniste de la Sodalitas Literaria Argentinensis qu’on considère pour la première fois la nécessité d’un véritable institut d’enseignement strasbourgeois. Ces savants sont convaincus qu'une ville ne tient plus uniquement sa renommée de la qualité de ses marchandises manufacturées mais qu'elle doit également favoriser les œuvres de l’esprit. En 1501, Jacques Wimpfeling propose déjà la fondation d’un gymnase, non seulement éduquer les clercs, mais aussi les jeunes bourgeois destinés à former l’autorité séculière[2]. Ni Geiler, ni Wimpfeling ne trouvent malheureusement d’audience auprès des autorités. Toutefois, ces anciens projets sont redécouverts dans les années 1520, à une époque où la ville adhère progressivement aux idées de la Réforme.

Le Magistrat, sous l’impulsion de Jacques Sturm, ouvre de nombreuses écoles, latines, et allemandes[3], et même une école française pour les réfugiés. En 1525, les prédicateurs strasbourgeois proposent une institution décisive, la commission des trois scholarques, constitués de trois membres du gouvernement. Cette commission met en place entre 1528 et 1536 plusieurs réformes destinées à réorganiser le système scolaire. Par exemple, un règlement des écoles élémentaires est rédigé et un corps de « visiteurs », chargés de vérifier son application, est institué[4].

En 1534, Martin Bucer et le réformateur de Constance Ambroise Blaurer fondent le collegium prædicatorum dans l'ancien couvent des Dominicains[5]. Ce petit séminaire enseigne la théologie aux boursiers strasbourgeois, ainsi qu'à des jeunes gens venant de villes de plus en plus lointaines, comme Constance ou Berne. Devant un tel succès, Bucer demande de multiplier les cours existants afin de prodiguer les mêmes cours que dans une université, mais les scholarques refusent à cause du coût d'une telle entreprise. Toutefois, ils ouvrent un deuxième séminaire, le collegium pædagogium en 1535. Malgré cela, les programmes d'études des écoles latines restent modestes et celles-ci demeurent mal coordonnées. Les scholarques, aidés de Martin Bucer, de Caspar Hédion et de Jacques Bédrot établissent alors une expertise, au bout de laquelle ils proposent de fonder une école centrale pour toute la ville dans l'ancien couvent des Dominicains[5].

L'âge d'or

La Haute École (1538-1566)

Le recteur Jean Sturm.

À la demande de Jacques Sturm, le professeur de rhétorique et de dialectique du Collège de France Jean Sturm[6] arrive à Strasbourg le 14 janvier 1537 afin de faciliter la création de la future école. Celui-ci rédige un programme détaillé de l’organisation des cours et des classes (De literarum ludis recte aperiendis[7])[8]. Il est adopté avec enthousiasme en 1538 et l’école ouvre peu de temps après. Dès Pâques 1539, le nouveau Gymnase de neuf classes est inauguré sous le nom de Schola Argentoratensis. Jean Sturm est nommé recteur à vie par les scholarques de cette Haute École.

Le programme de l’école peut être résumé par cette phrase, issu du De literarum : « Propositum a nobis est, sapientem atque eloquentem pietatem finem esse studiorum » (« Nous avons souhaité faire de la piété, fondée sur le savoir et l’éloquence, le but des études »). Le recteur avait été fortement influencé par les idées humanistes érasmiennes et par la pensée des Frères de la vie commune, d’où son insistance sur les auteurs de l’Antiquité et sur l’éloquence[8]. Lorsqu’il met en application son programme, il a deux buts : permettre aux élèves d’avoir une éloquence latine aussi parfaite que possible et développer un « modèle » performant et uniforme d’organisation scolaire basé sur un enseignement progressif, décliné en classes[9]. Ainsi, se mettent en place la durée annuelle des cours, des examens de passage après chaque classe et un système des enseignants où chacun est assigné à une classe.

Scène d'enseignement à Strasbourg - coll. BNUS.

Jusqu’à l’âge de quatorze ans, les élèves suivent essentiellement des cours de grammaire, de style, de dialectique, de rhétorique et de vocabulaire. Les autres matières, plus spécialisées (lettres et sciences, théologie, médecine et droit), sont presque exclusivement enseignées au sein du cycle d’enseignement supérieur également présent à la Haute École. On y organise également des pièces de théâtre, pour que les élèves puissent travailler leur éloquence tout en ayant une récréation. Chaque classe est répartie en « décuries » de dix élèves, chacune dirigée par un « décurion », afin de maintenir la discipline[10]. Chaque année, une cérémonie solennelle est organisée afin de célébrer la promotion des élèves admis dans la classe des publicii (étudiants). Toutefois, malgré cette formation équivalente à celle d’une faculté, le Gymnase ne peut délivrer de diplômes. Dans un premier temps, Sturm ne s’en soucie pas, cherchant avant tout à former des savants et non des docteurs[11].

Chaire dite « de Calvin ».

La Haute École fait rapidement des émules. Son organisation, ses professeurs et son recteur attirent des élèves venus de l’Europe entière, dont plusieurs appartenaient à de grandes familles nobles. En 1546, malgré les épidémies de peste, le Gymnase compte déjà 623 élèves et une dixième classe est ouverte[12]. Afin de permettre un accès facilité à l’enseignement, des bourses sont délivrées et le Collegium wilhelmitanum est fondé par le Magistrat sur l’initiative de Hédion pour loger les élèves pauvres[13]. Le modèle pédagogique de Sturm rencontre un tel succès qu'il inspire de nombreux collèges européens[14]. Par exemple, Jean Calvin, qui a enseigné au Gymnase pendant son séjour à Strasbourg (1538 à 1541), introduit les méthodes de Sturm à l'Académie de Genève. Malgré la promulgation de l’Intérim d'Augsbourg, le départ de Bucer et la mort de Jacques Sturm, l’école maintient sa renommée.

L'Académie (1566-1621)

Pour qu’il puisse dispenser des grades universitaires, il était nécessaire au Gymnase d’obtenir un privilège impérial ou papal. Pendant longtemps, le Magistrat s’oppose à la fondation d’une université, notamment pour des raisons financières, malgré l’insistance du recteur. Toutefois, l’attitude de la ville change en moins de deux mois en 1566. En effet, Jean Sturm, Jean Marbach et le professeur Melchior Speccer proposent le 6 mai de demander le privilège universitaire en échange d’une aide substantielle de la ville contre les Turcs<[15]. Toutefois, ce privilège ne serait pas destiné à transformer l’école en université complète, mais seulement en une semi-universitas pouvant attribuer le baccalauréat et la maîtrise, mais non le doctorat. La ville accepte et l’affaire rencontre peu d’opposition à Augsbourg, où réside l’empereur. Le 1er juin, Maximilien II signe l’acte d’élévation[16]. La Haute École devient Académie.

Ce changement de statut ne change guère l'enseignement classique, le Gymnase et l'Académie étant toujours dirigés par Jean Sturm. Toutefois, la situation change lorsque des querelles théologiques agitent le quotidien du Gymnase à partir des années 1570, tout d'abord entre Sturm et Marbach, puis entre Sturm et Pappus. Cette crise aboutit à l'éviction du vieux recteur en 1581, qui est remplacé par Melchior Junius. La tradition humaniste de l'école s'estompe alors, au profit d'un enseignement conforme à l'orthodoxie luthérienne[17]. Toutefois, le succès de l'école n'en pâtit pas, contrairement à la qualité des cours qui, s'ils étaient trop exigeants sous Sturm, deviennent de plus en plus mécaniques à partir de Pappus, s'orientant vers une connaissance purement grammairienne et théorique de la langue latine[18].

Page de titre de l’œuvre de Jacob Wimpheling, Catalogus Episcoporum Argentinensium 1651, avec la plus ancienne vue connue de l'Université qui était dans le couvent des Dominicains. On voit également une salle de cours.

Le privilège impérial de 1566 et le statut d’Académie n’avaient cependant pas entraîné tous les avantages espérés. Malgré la renommée de l'école et de ses professeurs, les étudiants restaient souvent mésestimés, puisqu’ils devaient avoir assez d’argent pour pouvoir aller étudier à Bâle ou à Tübingen s’ils voulaient obtenir un doctorat[19]. C’est pourquoi la ville cherche dès 1594 à obtenir un privilège « complet ». Toutefois, ni Rodolphe II, ni Mathias Ier, ne l’octroyèrent, par volonté de limiter le nombre d’universités protestantes. Ce n’est qu’en 1621 que Strasbourg réussit à obtenir de Ferdinand II un privilège universitaire complet, contre son retrait de l’Union évangélique au début de la guerre de Trente Ans[20].

Le collège de l’Université (1621-1789)

Jusqu’en 1621, le Gymnase et l’Académie formaient une seule entité, dirigée par le recteur. Cependant, à la création de l’Université, le corps enseignant se sépare : il y a désormais les professeurs de l’Université (professores publici) répartis dans les quatre facultés et les précepteurs du Gymnase (præceptores classici), dirigés par un gymnasiarque[21]. De même, les classes sont divisées : les sept premières constituent l'enseignement au Gymnase et les trois autres l'enseignement supérieur. Cette séparation entraîne un abaissement du niveau d’enseignement donné au Gymnase, bien qu’il continue de cohabiter avec l’Université au sein de l’ancien couvent. Il est rétrogradé au rang d’une simple école préparatoire à l’enseignement supérieur[22] et les précepteurs sont rabaissés à un rang inférieur dans la hiérarchie sociale, se maintenant avec peine au niveau des pasteurs et des diacres. Très vite le nombre d’élèves, notamment étrangers, diminue. De 500 en 1621, ils passent à 410 en 1627[18]. Par la suite, il ne reste que 300 élèves certaines années, ce qui suscite l'inquiétude des responsables sans qu'il y ait pour autant de volonté d'adaptation. Le programme d'études reste figé, toutes les matières sont enseignées en latin et Démosthène, Thucydide et Platon laissent place aux Pères de l'Église dans le corpus de textes étudiés[23]. Le XVIIe siècle est ainsi une période de lente régression pour le gymnase[22], malgré des essais infructueux de réforme, comme en 1634[24].

Cependant, une réorganisation complète a lieu au XVIIIe siècle. Dès 1727, on ouvre une enquête parmi les précepteurs. Après le rapport du nouveau gymnasiarque, J. J. Schatz, le Magistrat assigne une nouvelle mission au Gymnase en 1738, celle de former aussi bien des futurs étudiants que les autres enfants, tous dialectophones. Ainsi, l’école s’adapte aux nécessités de la ville, où l’on n’apprenait jusque-là que les langues classiques et non l’allemand et le français littéraires. À partir de ce moment, le grec n’est plus obligatoire et l’allemand devient l’objet d’un enseignement. En 1751, le français est enfin intégré au cursus normal en tant que langue vivante (alors que Strasbourg appartient au royaume de France depuis 1681)[22]. Toutefois, peu de mesures exigées par Schatz sont en réalité appliquées : le corpus de textes étudiés reste étriqué et l'enseignement des sciences, de la géographie et de l'histoire demeure encore très négligé[25]. La rhétorique quant à elle disparaît du programme scolaire.

À la fin du XVIIIe siècle, le Gymnase n’est plus une école latine, mais est un établissement qui s’est adapté à sa nouvelle situation culturelle. L’allemand supplante progressivement le latin et les enseignements nouveaux voient leur volume horaire s’accroître (en histoire, on passe d’une heure hebdomadaire en 1738 à 7 en 1778). En 1778, un projet prévoit l’enseignement de la « Realia », incluant géométrie appliquée et sciences naturelles. S’il n’obtient pas de place particulière, cet enseignement est tout de même présent dans les programmes et les manuels[26]. Avec cette adaptation, le Gymnase a donc l’espoir de se maintenir. C’était sans compter les bouleversements qu’amène la Révolution française[22].

Le Gymnase aux XIXe et XXe siècles

Le temps des épreuves

En tant qu’établissement protestant (mais ouvert à toutes les confessions), les élèves et les professeurs sont tout d’abord enthousiastes à l’idée d’une révolution qui permettrait d’améliorer leur statut au sein de la France catholique. Ce ralliement est particulièrement visible lors de la fête du 30 avril 1790, où le maire Frédéric de Dietrich, ancien élève du Gymnase, accueille une délégation du vieil établissement et encourage la jeunesse protestante à s’élever, toutes les charges publiques leur étant désormais accessibles[27]. Cet enthousiasme permet de comprendre pourquoi les protestants de Strasbourg n’ont pas été concernés par la vente des biens nationaux, contrairement aux catholiques. Le Gymnasiarque Jérémie-Jacques Oberlin déclare encore en décembre 1790 :

« Notre école s’associe de cœur à la grande fête que célèbre aujourd’hui la France tout entière. Une instruction solide répand les lumières et les lumières seules donnent quelque durée aux constitutions libérales. La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen se trouve entre les mains de nos élèves de toutes les classes : nous tâchons de l’inculquer à leur mémoire afin qu’elle se grave aussi dans leur esprit et dans leur cœur[27]. »

Néanmoins, l’alliance avec le parti modéré du maire Dietrich faillit être fatal au Gymnase lors de l’avènement de la Terreur. Le Gymnase est rapidement accusé de « germanisme et d'obscurantisme ». Malgré des tentatives de transformations bien réelles avec la modernisation des enseignements, les représentants venus de Paris (Tétérel et Monet) continuent à percevoir le Gymnase comme un « refuge du fanatisme ». Monet met les biens de la Haute École sous séquestre le 29 mai 1793[28]. La plupart des professeurs sont emprisonnés et les salles de classe sont réquisitionnées[22]. Le directeur Oberlin est lui-même arrêté et déporté pendant dix mois à Metz. Malgré cela, le Gymnase survit et essaye tant bien que mal de s'intégrer au nouveau système scolaire qui se met en place en France. Cependant, la municipalité ne sait qu'en faire.

Finalement, c’est Napoléon Ier qui, pour se concilier les protestants, offre au Gymnase un statut clair. Après la signature des articles organiques de 1803, il cesse d’être financé par la ville et devient un établissement privé, « l'école secondaire ecclésiastique de la Confession d'Augsbourg » en 1808. Malgré cela, il continue à accueillir des élèves d’autres confessions (catholique et juive)[22]. Il est également assujetti à la nouvelle Académie[29].

Un foyer de savants et d'industriels

Cour du gymnase protestant avant l'incendie de 1860 (Émile Schweitzer, 1894).
L'incendie du Gymnase protestant en 1860 - Coll. BNUS.

En 1829, la dénomination change : l'école devient le « Gymnase protestant ou collège mixte de Strasbourg », nom qui lui est attribué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L’évolution pédagogique continue, jusqu’à ce qu’elle soit considérée comme une école d’avant-garde à la veille de la guerre franco-prussienne de 1870. Le quasi-monopole de l’enseignement destiné aux protestants, qu’elle possédait jusque-là, est fortement ébranlé par la création d’un lycée (le lycée Fustel-de-Coulanges) qui n’est plus exclusivement réservé aux catholiques. De plus, le nombre d’écoles s’accroît dans les campagnes[30]. Le Gymnase doit donc se distinguer autrement.

En y entrant, les élèves apprennent tout d’abord le français et l’allemand, la plupart ignorant l'une et l'autre de ces deux langues. Puis venaient les leçons de choses et le calcul et bien plus tard le latin et le grec. Dans les classes supérieures, le mot d’ordre est plutôt de donner une autonomie intellectuelle satisfaisante aux élèves. La plus grande innovation du gymnase est la création de classes dites pratiques ou industrielles qui permettent aux élèves d’obtenir les connaissances nécessaires aux métiers de l’artisanat, du commerce ou de l’industrie. Ces sections rencontrent un grand succès[22]. Une huitième classe, une nouvelle classe des débutants, est créée par Jacques Matter. Celui-ci impose progressivement le français comme langue d'enseignement et bannit le dialecte de l'école.

Le , un grand incendie ravage le Gymnase. Le directeur, Édouard Reuss, réussit in extremis à sauver les livres de la bibliothèque de l’école (le Temple Neuf ne subit aucun dégât)[31]. Le Gymnase est toutefois reconstruit et même agrandi, grâce aux souscriptions. Le bâtiment est inauguré les 9 et 10 août 1865. Un internat est également créé afin de faciliter la venue d’élèves non-strasbourgeois[32].

Bien que les élèves continuent en majorité à venir d’Alsace, le Gymnase s’est forgé une nouvelle réputation au XIXe siècle, si bien qu’en 1869, il accueille 600 élèves. Cependant, ce progrès est arrêté par la guerre et l’annexion au Reich allemand[22], l'école devant se plier aux règles plus rigoureuses imposées par l'administration allemande.

L’école au gré des guerres

Carte postale du Gymnase protestant de 1899.

Les bombes incendiaires de 1870 détruisent le Temple Neuf et abîment les nouveaux bâtiments du Gymnase. Malgré les dégâts et l’annexion, la vie au Gymnase continue. Pendant les trois premières années, le directeur Schneegans et plusieurs de ses collègues arrivent à préserver l’autonomie pédagogique de l’école, intitulée désormais « Privatschule des St Thomaskapitels ». Toutefois, on adjoint au directeur un Conrector chargé théoriquement de l’aider dans sa tâche en 1873. En réalité, il doit germaniser le Gymnase[33]. Celui-ci perd donc progressivement son originalité et son autonomie. On supprime les sections industrielles en 1879, puis l’internat en 1881. Par conséquent, il redevient une école réservée à l’élite citadine. Les professeurs alsaciens, dont certains ont émigré à Paris pour fonder l'École alsacienne, sont au fur et à mesure remplacés par d’autres, venus d’Allemagne du Nord. En 1914, le Gymnase est certes un établissement prospère, mais sans caractère spécifique. Seule sa taille, réduite et plus humaine, le différencie d’un lycée[22].

Pendant la Première Guerre mondiale, le nombre d'élèves diminue, à cause du départ de certaines familles immigrées allemandes et surtout parce que les élèves les plus âgés et certains professeurs sont mobilisés. Le Gymnase devient un hôpital militaire. En août 1916, on recense la mort de deux professeurs et de 60 anciens élèves, dont 14 avaient obtenu leur Abitur (le baccalauréat) en 1914[34].

Lorsque les classes reprirent en 1919, l'école fait face à de grandes difficultés. Non seulement une partie des professeurs et des élèves ne connaissent pas un mot de français, mais le nombre d'élèves est aussi en forte baisse, la plupart des parents, même protestants, préférant inscrire leurs enfants dans un établissement public de par leur tradition laïque. Le Chapitre de Saint-Thomas, qui continue à avoir la charge du Gymnase, en prend conscience et décide qu'il faut insister sur la qualité de l'enseignement afin de conserver la fidélité des familles alsaciennes. Aux enseignants recrutés sur place se joignent très vite des professeurs formés dans les universités françaises[35]. Il exerce alors une activité d'école secondaire assimilée à un collège et à un lycée[36]. La mixité avait été introduite en 1908, lorsque le Gymnase accueillit pour la première fois une fille dans le rang des élèves. Elle continue à subsister timidement après la guerre, bien que la séparation des sexes soit à nouveau rigoureuse dans les lycées jusqu'en 1924. Il n'y a que 33 filles parmi les 400 élèves.

1938 Célébration du 4e centenaire du gymnase.

Le Gymnase est fermé en 1939 lors de l'évacuation de Strasbourg[35]. Il passe en 1940 sous le contrôle de l'administration nazie et perd son caractère confessionnel (avec la suppression du statut scolaire qui remontait en grande partie à la loi Falloux). À la figure de Jean Sturm, les nouvelles autorités nazies préfèrent celle de Jacques Sturm, Strasbourgeois de la Renaissance qui avait à plusieurs reprises représenté la ville auprès de l'empereur Charles Quint, et le Gymnase devient le « Jacob-Sturm Gymnasium »[37]. tandis que l'« appartenance à la race aryenne » est exigée de la totalité des enseignants et des élèves. Après la Libération, les cours reprennent au ralenti, la reprise véritable n'ayant lieu qu'à partir d'octobre 1945.

Le Gymnase aujourd'hui

Depuis 1945, les liens entre le Gymnase et l'État se sont progressivement renforcés. En 1947, le Chapitre élabore déjà un projet visant la rétribution des instituteurs et des professeurs par l'Éducation nationale. Finalement, seule la nouvelle dénomination de l'école, faite dans le but de ne pas afficher la confession de l'établissement, est acceptée[38]. Le Gymnase protestant devient le gymnase Jean-Sturm. Ce n'est que depuis 1974 qu'il fonctionne sous contrat d’association avec l’État.

Son financement est assuré par les revenus des Fondations Haute École et Corps des pensions, et les familles apportent leur contribution aux frais d’écolage, en fonction d’un barème qui prend en compte leurs ressources.

En 1979, des travaux d'extension de l'école sont entrepris. L'inauguration a lieu le . Le gymnase fusionne officiellement avec un autre établissement protestant strasbourgeois, le collège Lucie Berger, le , constituant ainsi le « Pôle éducatif Jan-Amos-Comenius » qui accueille alors les classes de la maternelle jusqu’à la terminale, le Gymnase s'occupant des élèves de la quatrième à la terminale. Le Pôle Comenius, désormais appelé « Pôle Éducatif Protestant de Strasbourg » devient le plus grand établissement d'enseignement protestant français.

Actuellement, le Gymnase accueille plus de 1 150 élèves. Ce succès s'explique en partie par le caractère très sélectif des procédures d'admission. L'établissement maintient une tradition protestante, tout en accueillant en majorité des élèves d'autres confessions, depuis les années 1980.

Depuis 2008, le Gymnase Jean Sturm et le collège Rajkumar (en) à Rajkot ont mis en place un programme d’échange interculturel. En octobre 2011, ils assistent à l'inauguration de la statue de Gandhi, parc de l'Étoile[39].

Classement du lycée

En 2018, le lycée se classe premier sur 37 au niveau départemental en termes de qualité d'enseignement, et septième au niveau national[40], dans le classement de l’Express de 2018[41], basé sur le taux de réussite au baccalauréat, la proportion d'élèves de première obtenant le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l’établissement, et la « valeur ajoutée » (calculée par le ministère de l’Éducation nationale à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[42].

Le gymnase Jean Sturm est classé en 2021 premier au niveau départemental, et huitième au rang national d'après le journal l'Internaute[43], d'après une méthode qui inclut moins d'établissements dans son classement que celui de l’Express[44] , le classement prenant en compte le taux de réussite au baccalauréat et le taux de passage de la seconde à la terminale..

En 2022, le Gymnase se classe au quinzième rang au niveau national selon Le Figaro[45]. Ce classement regroupe 1 501 lycées généraux et technologiques et a été réalisé à partir des statistiques de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) de l’Éducation nationale.

Galerie

Professeurs et directeurs célèbres

Jérémie-Jacques Oberlin.
Jean-Baptiste Kléber.
Max von Laue.

Anciens élèves célèbres

Notes et références

  1. Livet et Schang 1988, p. 21.
  2. Livet et Schang 1988, p. 23.
  3. Arnold et Collonges 2007, p. 117.
  4. Arnold et Collonges 2007, p. 121.
  5. a et b Livet et Schang 1988, p. 25.
  6. Jacques et Jean Sturm ne sont pas parents mais de simples homonymes.
  7. Jean Sturm, De literarum recte aperiendis liber. De la bonne manière d'ouvrir des écoles de Lettres, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2007, 158 p.
  8. a et b Livet et Schang 1988, p. 26.
  9. Jean Sturm, De literarum recte aperiendis liber. De la bonne manière d'ouvrir des écoles de Lettres, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2007, p.151.
  10. Arnold et Collonges 2007, p. 131.
  11. Westphal 1984, p. 3624.
  12. Arnold et Collonges 2007, p. 139.
  13. Livet et Schang 1988, p. 28.
  14. Arnold et Collonges 2007, p. 169.
  15. Livet et Schang 1988, p. 46.
  16. Livet et Schang 1988, p. 47.
  17. Livet et Schang 1988, p. 64.
  18. a et b Livet et Schang 1988, p. 163.
  19. Livet et Schang 1988, p. 150.
  20. Livet et Schang 1988, p. 151.
  21. Livet et Schang 1988, p. 161-162.
  22. a b c d e f g h et i Westphal 1984, p. 3625.
  23. Rodolphe Reuss, Histoire de Strasbourg, Paris, Libr. Fischbacher, 1922, p.299.
  24. Livet et Schang 1988, p. 168.
  25. Livet et Schang 1988, p. 178.
  26. Livet et Schang 1988, p. 190-191.
  27. a et b Livet et Schang 1988, p. 247.
  28. Livet et Schang 1988, p. 252.
  29. Livet et Schang 1988, p. 259.
  30. Livet et Schang 1988, p. 325.
  31. Livet et Schang 1988, p. 284.
  32. Livet et Schang 1988, p. 293.
  33. Livet et Schang 1988, p. 342.
  34. Livet et Schang 1988, p. 368-369.
  35. a et b Westphal 1984, p. 3626.
  36. Site du Gymnase
  37. Livet et Schang 1988, p. 396.
  38. Livet et Schang 1988, p. 406-407.
  39. Une statue de Gandhi dévoilée, 20minutes.fr, 3 octobre 2011
  40. Classement départemental et national du lycée Jean Sturm
  41. « Classement de l'Express »
  42. Méthodologie du classement national des lycées français
  43. « Classement Lycée privé Gymnase Jean Sturm à Strasbourg (67000) », sur www.linternaute.com (consulté le )
  44. « Classement des lycées 2015 : méthodologie du classement de l'Internaute » (consulté le )
  45. « Classement Lycée privée Gymnase Jean Sturm à Strasbourg »

Voir aussi

Bibliographie

  • Matthieu Arnold (dir.) et Julien Collonges (dir.), Jean Sturm : Quand l'humanisme fait école, Strasbourg, Bibliothèque universitaire de Strasbourg, , 251 p. (ISBN 978-2-85923-035-7).
  • (Article) Bernard Heyberger, « Le gymnase de Strasbourg à travers ses commémorations. Quatre siècles et demi sur une frontière politique et culturelle (1538-1988) », p. 3-36, Histoire de l'éducation. Article en ligne.
  • Marc Lienhard et Claude Keiflin, Le Gymnase , 475 ans de pédagogie (1538-2014), Éditions du Signe, Strasbourg, 2014 (ISBN 2746831325)
  • Marc Lienhard, « Le Gymnase et le chapitre de Saint-Thomas », in Histoire et secrets de l'église et du chapitre de Saint-Thomas (ouvrage collectif), Strasbourg, Éditions du Signe, 2023, p. 307-314 (ISBN 978-2-7468-4476-6)
  • Georges Livet (dir.) et Pierre Schang (dir.), Histoire du Gymnase Jean-Sturm, berceau de l'Université de Strasbourg, Strasbourg, Éd. Oberlin, , 368 p..
  • Groupe de professeurs de l'École [Gymnase protestant de Strasbourg], F. Kocher (préf.), Matricula Scholae argentoratensis, 1621-1721, Paris, Éditions Fides, 1938, 280 p.
  • (de) Anton Schindling, Humanistische Hochschule und Freie Reichsstadt. Gymnasium und Akademie in Strassburg 1538-1621, Wiesbaden, Steiner, 1977, 441 p.
  • Adam Walther Strobel, Histoire du gymnase protestant de Strasbourg, publiée à l'occasion de la troisième fête séculaire de cet établissement par A.-G. Strobel, F.-C. Heitz, Strasbourg, 1838.
  • Wilfried Westphal, « Gymnase Jean-Sturm », dans Encyclopédie de l'Alsace, vol. 6, Strasbourg, Publitotal, , p.3624-3626.

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Read more information:

Segundo Gobierno González Foto de familia del segundo Gobierno de GonzálezInformación generalRey de España Juan Carlos IPresidente Felipe GonzálezFormación 26 de julio de 1986Disolución 7 de diciembre de 1989Composición del gabineteN.º de ministerios 16Partido (s) Partido Socialista Obrero EspañolPartido de los Socialistas de CataluñaSituación en el poder legislativoCortes Generales iii legislaturaSenado Mayoría absolutaCongreso de los Diputados Mayoría absolutaSucesión Primer Gob…

Tylenchida Mesocriconema sp. Klasifikasi ilmiah Domain: Eukaryota Kerajaan: Animalia Filum: Nematoda Kelas: Secernentea Subkelas: Tylenchia Ordo: TylenchidaThorne, 1949 Famili Lihat teks Tylenchida adalah salah satu ordo nematoda dalam kelas Secernentea. Menurut WoRMS (22 Mei 2021), Ordo ini identik dengan infraordo Tylenchomorpha. Menurut IRMNG (22 Mei 2021), ordo ini merupakan sinonim dari ordo Panagrolaimida. Daftar Famili Superfamili Criconematoidea Famili Criconematidae Famili Tylenchulidae…

Bài viết này là một bài mồ côi vì không có bài viết khác liên kết đến nó. Vui lòng tạo liên kết đến bài này từ các bài viết liên quan; có thể thử dùng công cụ tìm liên kết. (tháng 8 năm 2020) William HughesThông tin cá nhânTên đầy đủ William John Hughes[1]Ngày sinh 1889Nơi sinh Rhyl, WalesNgày mất 1955 (65–66 tuổi)[1]Vị trí Tiền vệ cánh phảiSự nghiệp cầu thủ chuyên nghiệp*N

夜香·鴛鴦·深水埗Memories to Choke On, Drinks to Wash Them Down基本资料导演梁銘佳Kate Reilly主演梁卓美Mia Mungil顧定軒林耀聲王宗堯Kate Reilly林倩同片长77分鐘产地 香港语言粤语官方网站https://www.facebook.com/memoriesanddrinks上映及发行上映日期 2019年11月2日 (2019-11-02)(香港亞洲電影節) 2020年11月19日 (2020-11-19)(香港) 发行商高先電影 《夜香·鴛鴦·深水埗》(英語:Memories to Choke On, D…

Lutherkirche (Meißen) Historische Ansicht von 1903 Grundriss Die evangelische Lutherkirche ist eine neugotische Hallenkirche im Stadtteil Triebischtal von Meißen in Sachsen. Sie gehört zum Pfarrbereich St. Afra in Meißen im Kirchenbezirk Meißen-Großenhain der Evangelisch-Lutherischen Landeskirche Sachsens. Inhaltsverzeichnis 1 Geschichte und Architektur 2 Orgel 3 Geläut 4 Literatur 5 Weblinks 6 Einzelnachweise Geschichte und Architektur Die Lutherkirche wurde in den Jahren 1901 bis 1904 n…

Irish news journalist Ray KennedyBorn1970Dublin, IrelandNationalityIrishEducationBA (0rd) Law. BA (Hons) International Relations. Dip Journalism. Dip EU Law.OccupationJournalistEmployerRTÉChildren2 Ray Kennedy is an Irish news presenter and award winning journalist working for RTÉ, Ireland's national television and radio station, where he has presented the Nine O'Clock News since September 2023, having previously presented the weekend editions of the Six One News and One O'Clock News. He is fo…

سفارة النرويج في المملكة المتحدة النرويج المملكة المتحدة الإحداثيات 51°29′53″N 0°09′11″W / 51.4981°N 0.153028°W / 51.4981; -0.153028 البلد المملكة المتحدة  المكان SW postcode area [الإنجليزية]‏ العنوان Belgrave Square [الإنجليزية]‏ الموقع الالكتروني الموقع الرسمي تعديل مصدري - تعديل…

This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: San Antonio Zoo – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (June 2016) (Learn how and when to remove this template message) Zoo in Texas, United States San Antonio Zoo29°27′53″N 98°28′19″W / 29.4648°N 98.4719°W / 29.4648; -98…

Cúmplices de um ResgateGenreTelenovela remajaDramaKomediFantasiPembuatRosy OcampoDitulis olehÍris AbravanelSutradaraReynaldo BouryPemeranLarissa ManoelaJuliana BaroniDuda NagleMaria PinnaAlexandre BarrosTânia BondezanDani MorenoThays GorgaElam LimaMira HaarBárbara BrunoNilton BicudoJoão CamargoPedro Garcia NettoBia LanuttiCamila dos AnjosVicentini GomezNina Morenasee moreLagu pembukaCúmplices de um Resgate karya Larissa ManoelaNegara asalBrasilBahasa asliPortugisProduksiLokasi produksiSão…

تحتاج النصوص المترجمة في هذه المقالة إلى مراجعة لضمان معلوماتها وإسنادها وأسلوبها ومصطلحاتها ووضوحها للقارئ، لأنها تشمل ترجمة اقتراضية أو غير سليمة. فضلاً ساهم في تطوير هذه المقالة بمراجعة النصوص وإعادة صياغتها بما يتناسب مع دليل الأسلوب في ويكيبيديا. (ديسمبر 2015) هذه المقا…

1979 book by Orson Scott Card Capitol First editionAuthorOrson Scott CardCover artistVicente SegrellesCountryUnited StatesLanguageEnglishSeriesThe Worthing seriesGenreScience fictionPublisherAce BooksPublication date1979Media typePrint (Paperback)Pages278 ppISBN0-441-09136-9OCLC11730353 Capitol (1979) was Orson Scott Card's second published book, and first foray into science fiction. This collection of eleven short stories set in the Worthing series is no longer in print. However six o…

Australian TV series or program The Man from Snowy RiverCover of DVD Box Set – Season 4Also known asSnowy River: The McGregor SagaStarring Andrew Clarke Wendy Hughes Brett Climo Hugh Jackman Guy Pearce Joelene Crnogorac Sheryl Munks Kristie Raymond Josh Lucas Amanda Douge James Sherry Country of originAustraliaNo. of seasons4No. of episodes65ProductionRunning time50 minutesOriginal releaseNetworkNine NetworkRelease1993 (1993) –1996 (1996) The Man from Snowy River is an Au…

Region BetsibokaRegionLokasi di MadagaskarCountry MadagaskarCapitalMaevatananaLuas[1] • Total30.025 km2 (11,593 sq mi)Populasi (2004)[1] • Total236.500 • Kepadatan7,9/km2 (200/sq mi)Zona waktuUTC+3 (EAT) Betsiboka adalah sebuah region di Madagaskar. Ia berbatasan dengan Region Boeny sebelah Utara, Sofia di Timur Laut, Alaotra-Mangoro di Timur, Analamanga dan Bongolava di Selatan and Melaky di Barat. Ibu kota region…

Series of Norman invasions of the Byzantine Empire between 1040 and 1189 Byzantine–Norman WarsDate1040–1189Location Apulia Calabria Balkans Result Stalemate; Uti possidetisTerritorialchanges Norman conquest of Apulia, Calabria and the Ionian Islands Norman invasion of the Balkans Belligerents  Byzantine Empire  Republic of Venice  Holy Roman Empire Kingdom of Sicily (after 1130) Apulia and Calabria County of Sicily Duchy of Naples Lombard duchies[which?] Papal States D…

الانتشار الراديوي هو سلوك الموجات الراديوية أثناء انتقالها أو انتشارها من نقطة إلى أخرى أو إلى أجزاء مختلفة من الغلاف الجوي.[1] باعتبارها شكل من أشكال الإشعاع الكهرومغناطيسي، مثل الموجات الضوئية، تتأثر الموجات الراديوية بظواهر الانعكاس والانكسار والحيود والامتصاص وال…

Shorttrack op de Olympische Jeugdwinterspelen 2012. V.l.n.r. Sarah Warren (USA), Anna Gamorina (RUS) en Sumire Kikuchi (JP) Shorttrack is een van de olympische sporten die beoefend werden tijdens de Olympische Jeugdwinterspelen 2012 in Innsbruck. De wedstrijden werden van 14 tot en met 21 januari gehouden in het Olympia Eisstadion[1]. Er werden vijf onderdelen georganiseerd, zowel voor de jongens als voor de meisjes de 500 meter en de 1000 meter en daarnaast was er een aflossing voor gem…

Highway in Florida State Road 874South Miami Dade Don Shula ExpresswaySR 874 highlighted in redRoute informationMaintained by MDXLength7.034 mi[1] (11.320 km)Existed1973[2]–presentMajor junctionsSouth end Florida's Turnpike Extension in Three LakesMajor intersections SR 878 in KendallNorth end SR 826 in Glenvar Heights LocationCountryUnited StatesStateFloridaCountiesMiami-Dade Highway system Florida State Highway System Interstate US Stat…

第三十三屆夏季奧林匹克運動會羽毛球比賽比賽場館拉沙佩勒門體育館日期2024年7月27日至8月5日項目數5(男子:2;女子:2;混合:1)参赛选手172位選手← 20202028 → 2024年夏季奥林匹克运动会羽毛球比赛参赛资格单打男子女子双打男子女子混合查论编 2024年夏季奥林匹克运动会羽毛球比赛,是2024年夏季奥林匹克运动会的其中一个比赛大项,于2024年7月27日至8月5日…

В Википедии есть статьи о других людях с фамилией Вебер. Макс Карл Вильгельм ВеберMax Carl Wilhelm Weber Дата рождения 5 декабря 1852(1852-12-05) Место рождения Бонн Дата смерти 7 февраля 1937(1937-02-07) (84 года) Место смерти Эрбек Страна Германская империя, Нидерланды Научная сфера зоология, биоге…

Московський державний юридичний університет імені О.О. КутафінаМГЮА ?координати: ↑102269 ·R (Москва) Тип державний науково-дослідницький університет[d] і організація[1]Країна  Росія[1] і  СРСРНазва на честь Oleg KutafindЗасновано 1931Ректор Viktor BlazheyevdПрин…

Federal constituency in Johor, Malaysia Segamat (P140) Johor constituencyFederal constituencyLegislatureDewan RakyatMPYuneswaran RamarajPHConstituency created1955Constituency abolished1959Constituency re-created1974First contested1955Last contested2022DemographicsPopulation (2020)[1]76,011Electors (2022)[2]69,360Area (km²)[3]941Pop. density (per km²)80.8 Segamat is a federal constituency in Segamat District, Johor, Malaysia, that has been represented in the Dewan Rakyat…

2019 concert tour by Margaret Gaja Hornby TourTour by MargaretAssociated albumGaja HornbyStart date2 October 2019 (2019-10-02)End date25 October 2019 (2019-10-25)Legs1No. of shows5Margaret concert chronology Gaja Hornby Tour(2019) Maggie Vision Tour(2021) The Gaja Hornby Tour is the first headlining concert tour by Polish singer Margaret, in support of her fourth studio album, Gaja Hornby (2019). It visited five clubs in Poland between 2 and 25 October 2019. Backgro…

British banker and politician SirThomas SaltBtBorn(1830-05-12)12 May 1830Died8 April 1904(1904-04-08) (aged 73)NationalityBritishOccupations Banker Politician OrganizationConservative PartyRelatives John Stevenson Salt (grandfather) William Salt (uncle) Dame Barbara Salt, DBE (granddaughter) Sir Thomas Salt, 1st Baronet (12 May 1830 – 8 April 1904), was a British banker and Conservative politician. Career His grandfather John Stevenson Salt, (High Sheriff of Staffordshire in 1838), marrie…

Pan-European think-tank European Leadership Network logo. European Leadership Network (ELN) is a pan-European think-tank focusing on European foreign, defence and security issues based in London, United Kingdom.[1] The ELN's Director is Sir Adam Thomson,[2] former UK Permanent Representative to NATO. History and Organisation The ELN was founded as part of a project by the Nuclear Security Project in an effort to help create the political space for dialogue, education and action o…

This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Austria–Germany relations – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (December 2023) (Learn how and when to remove this template message) This article may require copy editing for grammar, style, cohesion, tone, or spelling. You can assist by editing it. (Dec…

For other uses, see Lalbagh. Botanical Garden in Karnataka, IndiaLalbagh Botanical GardenBotanical GardenThe Lalbagh Glass House in the Botanical GardenNickname: LalbaghLalbagh Botanical GardenLocation in Bangalore, IndiaCoordinates: 12°57′N 77°35′E / 12.95°N 77.59°E / 12.95; 77.59CountryIndiaStateKarnatakaDistrictBangalore UrbanMetroBangaloreFounded byHyder AliArea • Total0.971 km2 (0.375 sq mi)Languages • OfficialKanna…

  Mirlo ojiblanco Estado de conservaciónPreocupación menor (UICN 3.1)[1]​TaxonomíaReino: AnimaliaFilo: ChordataClase: AvesOrden: PasseriformesFamilia: TurdidaeGénero: TurdusEspecie: T. leucops(Taczanowski, 1877)Distribución Sinonimia Platycichla leucops [editar datos en Wikidata] El mirlo ojiblanco (Turdus leucops)[2]​ es una especie de ave paseriforme en la familia Turdidae propia de América del Sur. Su género es motivo de controversias. Algunos taxonomist…

Day in the Eastern Orthodox liturgical calendar The Eastern Orthodox cross July 21 - Eastern Orthodox Church calendar - July 23 All fixed commemorations below are celebrated on August 4 by Old Calendar.[note 1] For July 22nd, Orthodox Churches on the Old Calendar commemorate the Saints listed on July 9. Saints Holy Myrrh-bearer and Equal-to-the-Apostles Mary Magdalene (1st century)[1][2][3][4][5][6][7][8][note 2][…

Mahakarya Michelangelo The Creation of Adam (c. 1512), bagian dari langit-langit Kapel Sistina, dianggap sebagai arketip mahakarya seni lukis. Adikarya, mahakarya, atau karya agung (Inggris: masterpiececode: en is deprecated , Latin: magnum opuscode: la is deprecated ) merujuk pada karya-karya besar di bidang seni dan budaya. Termasuk di dalamnya adalah karya dalam bidang sastra, musik, drama dan teater, film, seni lukis, seni pahat, seni tari, arsitektur, dan karya seni yang lainnya. Sebuah adi…

Paghimo ni bot Lsjbot. 67°16′17″N 14°21′50″E / 67.27126°N 14.36385°E / 67.27126; 14.36385 Bodø Main Air Station Pahanginan na sukaranan Nasod  Noruwega Gitas-on 16 m (52 ft) Tiganos 67°16′17″N 14°21′50″E / 67.27126°N 14.36385°E / 67.27126; 14.36385 Timezone CET (UTC+1)  - summer (DST) CEST (UTC+2) GeoNames 9036368 Pahanginan na sukaranan ang Bodø Main Air Station sa Noruwega.[1] Nahimutang ni…

Kembali kehalaman sebelumnya

Lokasi Pengunjung: 18.221.187.121