« Que ce soit à la prise de vues ou pour la projection d’un film, c’est la lumière qui donne à voir l’image. Sans lumière, pas d’image. Voilà pour l’aspect physique.
La lumière a une autre fonction :
Celle de donner du sens à l’image par la façon dont elle éclaire le sujet et par l’ambiance émotionnelle qu’elle crée, faisant apparaître les êtres et les objets sous leur aspect esthétique non seulement le plus favorable, mais aussi le plus cohérent pour un film donné. (...)
Cette maîtrise du lien subtil entre technique, science et art était déjà à l’œuvre dans la peinture. On pourrait considérer celle-ci comme une représentation de l’émotion produite par la lumière. »
Jacques Loiseleux, le chef opérateur, se souvient particulièrement du tournage de la scène du mariage : « On sentait qu’on avait piqué deux ou trois gestes, deux ou trois regards, deux ou trois paroles, que la plupart du temps je ne comprenais pas. Mais la script avait compris qu’il fallait m’expliquer un certain nombre de choses pour je les pique, qu’il se passait alors des choses. Et puis le regard des gens était si expressif, si juste... Dans ce cas-là, le tournage des scènes en longueur, des plans-séquences, est un avantage, avec des non-professionnels. Cela permet de les faire entrer dans un univers et puis, tout d’un coup, de les amener à oublier un peu la caméra ».
Ce “réalisme”, c’est aussi simplement le respect de la distance juste à l’égard des personnages : « Ma distance d’approche était toujours respectueuse de cette volonté, ils ne me sentaient pas. Je ne suis pas allé leur mettre la caméra au grand angle sous le nez, comme on fait beaucoup maintenant. Je me retrouvais toujours loin, avec ce que cela représente comme difficulté technique. » À propos du film Samia réalisé en 1999[6]