Après une enfance solitaire dans le Jura[2], où ses parents sont propriétaires d'une scierie[3], profondément attirée par la navigation et curieuse d'horizons nouveaux (son père a participé à de nombreuses régates[2]), Jéromine Pasteur construit de ses propres mains, à l'âge de 23 ans, un voilier de 9,20 m avec une coque en ferro-ciment, du nom de Jydartha, avec lequel elle part découvrir les mers du monde à partir de 1978[2]. En 1981, elle met le cap sur l'Afrique où elle explore le Sénégal, la Gambie et la Casamance[2].
Elle navigue également en mer des Caraïbes à deux reprises. Durant l'année 1986-1987, elle laisse Jydartha et devient skipper d'un voilier pour une compagnie de charters de Curaçao. Son goût accru de l'aventure l'entraîne maintes fois dans des traversées en solitaire en Atlantique, au Brésil et Guyane française, puis dans les Antilles néerlandaises. Elle effectue notamment deux traversées du Pacifique. Lorsqu'elle n'est pas en mer, Jéromine Pasteur va explorer l'Amérique du Sud, en pleine Amazonie, jusqu'à la frontière de Bolivie.
C'est ainsi qu'en 1984, de passage au Pérou, elle fait sa première rencontre avec les Indiens Ashaninkas[2]. De cette rencontre naît une profonde amitié, qui donne lieu à des séjours répétés dans la cordillère de Vilcabamba, où elle partage la vie de ce peuple premier au sein du village de Parijaro[4].
Elle découvre, au début de l'été 1987, avec Michel Saens, Diego De Almenara et neuf indiens ashaninka[5], ce qu’elle considère alors comme « le plus grand pont naturel du monde », une arche rocheuse de 300 mètres de long[5] surplombant le rio Cutivireni, nommée « l'Arche d'Or des Incas » (« el puente de oro » en espagnol), appelée aussi Pavirontsi (« pont », en langue ashaninka)[2]. C'est par ce pont rocheux qu'aurait été évacué le trésor de l'empereur inca Atahualpa pour le soustraire au conquistador Pizarro[5].
La même année elle reçoit le prix Victor de l'Aventure. Elle vient également plaider à Paris le projet d'un parc national destiné à protéger les Ashaninkas et à stopper la déforestation[3].
Elle raconte alors cette expérience dans son premier livre sorti en 1988, Chaveta, surnom que lui ont donné les indiens, qui signifie « papillon » et symbolise la connaissance[2].
En 1989, elle est la première occidentale à traverser la cordillère de Vilcabamba, un repli de montagnes d'une altitude de 4 000 m et de jungle au cœur de l'Amazonie péruvienne[6].
En 1990, alors qu'elle est en France, l’attaque du Sentier Lumineux fait 7 000 morts chez les Indiens Ashkaninkas et laisse de nombreux orphelins et mutilés[6]. Le village de Parijaro est attaqué et brûlé[3].
Son engagement vis-à-vis de la nature lui vaut d'être élue « l'Homme de l'Année » au sein de la Jeune Chambre économique française pour « son action bénévole et philanthropique, pour sa passion constructive et son respectueux amour de la nature ». De plus en plus sollicitée par les médias pour ses démarches et sa détermination, elle est désignée « marraine des arbres » par TF1, en 1991, pour le plan de reboisement du sud de la France, et reçoit l'appui de WWF dans ces projets pour lesquels elle a le grade d'ambassadrice. C'est au cours d'un colloque à la Sorbonne qu'elle lance un appel pour la sauvegarde « des richesses de notre planète ». Celui-ci retentit comme un véritable signal d'alarme. En contact régulier avec les Indiens ashaninkas, elle crée en 2004, l'association Chaveta, du nom de son premier livre, pour soutenir ce peuple menacé de disparition. Elle est également élue membre de la Société des explorateurs français[7].
En 2010, elle crée l'Institut pour la diversité biologique (Indibio), une association loi de 1901 destinée à la préservation de la biodiversité. Elle agit « ici » en France, et « là-bas », en Amazonie et dans le monde, pour la préservation de la forêt, de l'environnement, et des peuples autochtones.
Œuvres
Chaveta, éd. Filippacchi, 1988
Selva sauvage, éd. Filippacchi, 1989
Les Contes de la Grande Forêt, éd. Filippacchi, 1990
Silène, éd. Fixot, 1991
Ashaninkas, éd. Fixot, 1993
Ouragan, éd. Fixot, 1996
Taanoki, La rencontre, éd. Casterman, 1998, une bande dessinée en collaboration avec le dessinateur François Plisson
Taanoki, Le fils du jaguar, éd. Casterman, 2001, une bande dessinée en collaboration avec le dessinateur François Plisson
L’enfant qui rêvait le monde, éd. Robert Laffont, 2003
Vingt Ans au cœur de l'Amazonie, éd. Arthaud, 2004
Shelena, éd. Casterman, 2005, une bande dessinée en collaboration avec le dessinateur René Follet
Et sur les rives de ma vie..., éd. Arthaud, 2006
Comptoir des océans, éd. Arthaud, 2009
La vie est un chemin qui a du cœur, livre d'entretiens, Éditions de l'Aube, 2011
Femmes-Oiseaux, éd. Belfond, 2012
Télévision
Biotiful Planète, saison 3 (2009) : Mozambique, Bassin du Congo, Madagascar. Diffusion sur Planète les 9, 10 et , puis sur France 5 tout l'été. Production Gedeon programmes/WWF/AFD/Canal Overseas Productions
Biotiful Planète, saison 2 (2008) : La Polynésie (), Saint-Pierre-et-Miquelon () et les Antilles (). Diffusion sur France 5 et Planète. Production Gedeon Programmes/WWF/Prodom
Qui est-tu Ashaninka ?, Documentaire, 2006. Production Gedeon Programmes
Vie privée
Sous la pression de sa famille, elle se marie en 1977 mais demande le divorce une semaine plus tard[2]. Depuis les années 2000, elle passe sa vie entre la Patagonie[3] à Ushuaïa et le Jura, sur le plateau de Nozeroy[1], berceau de sa famille. Elle a un frère, Fabrice, de 16 mois son cadet[3].